L'économie tunisienne est trop extravertie, démesurément surendettée, extérieurement de surcroît. Et l'atmosphère sociale est viciée. Pis encore, des partis politiques, en partie ceux de la coalition gouvernementale, n'ont de cesse de jeter de l'huile sur le feu. Ils s'étripent volontiers, se scindent de fait, tiennent par moments des discours incendiaires. Que les partis de l'opposition s'y adonnent, passe encore, chacun étant dans son rôle. Mais que les partis gouvernementaux s'y abîment, cela frise le pathétique. Et puis il y a les immanquables syndromes de janvier. Il a toujours été socialement et politiquement chaud chez nous. On s'y prépare même et certains l'attendent de pied ferme. Le niveau social est dans un état de délabrement tel dans les banlieues de nos villes et dans les régions intérieures qu'il sécrète des levées de boucliers sporadiques et appuyées. La crise, qui n'en finit pas de s'étirer en Tunisie, a deux causes majeures : la politique politicienne et l'économie en panne. À la veille de l'année 2018, les espoirs et souhaits les plus raisonnablement, et modérément, escomptés peuvent ne pas se concrétiser sous le choc des pesanteurs et des conflits. En fait, il est désormais largement admis que la crise politique plombe tout sous nos cieux. Système politique hybride, classe politique sclérosée, institutions étatiques et gouvernementales infiltrées, voire submergées, par les partis, clans et coteries, corruption institutionnalisée sur fond de partitocratie endémique...Tout concourt pour faire du surinvestissement politique un obstacle majeur au développement économique et social. Il en résulte un récurrent renvoi des urgences économiques aux calendes grecques. Les projets de loi en souffrance du fait des lubies et extravagances des élus partisans sont légion. À défaut d'un consensus motivé, clair et dûment assumé, l'année 2018 pourrait s'apparenter à un parcours du combattant, sinon un véritable chemin de croix. Pour l'instant, plusieurs éléments du décor sont déjà plantés. Les centrales syndicale et patronale bougonnent en raison notamment de la loi de finances, de l'acharnement fiscal, du vertigineux renchérissement des prix et du glissement du Dinar. Les partis de la majorité du gouvernement dit d'union nationale s'étripent, exhibent leur linge sale sur les plateaux audiovisuels. Les coups bas fusent partout et de partout. Certes, un léger frémissement économique est en cours. Il autorise les perspectives d'un bilan un tantinet au-dessus de la moyenne. Le retour progressif de la sécurité, la bonne pluviométrie et les promesses de bonnes saisons touristique et agricole semblent être autant d'indices en faveur d'une remise en branle d'un cercle vertueux et porteur. Ajoutons-y la reprise de la production phosphatière et le retour des investissements directs étrangers, notamment en matière d'industries manufacturières et de transformation. Dès lors, l'espoir de la reprise serait permis. Celle-ci se traduirait par des créations d'emplois, l'intensification des investissements et la relance des exportations. Ce qui pourrait soulager un tant soit peu les déficits faramineux des balances commerciale, alimentaire et des paiements. Mais cela demeure somme toute hypothétique. L'économie tunisienne est trop extravertie, démesurément surendettée, extérieurement de surcroît. Et l'atmosphère sociale est viciée. Pis encore, des partis politiques, en partie ceux de la coalition gouvernementale, n'ont de cesse de jeter de l'huile sur le feu. Ils s'étripent volontiers, se scindent de fait, tiennent par moments des discours incendiaires. Que les partis de l'opposition s'y adonnent, passe encore, chacun étant dans son rôle. Mais que les partis gouvernementaux s'y abîment, cela frise le pathétique. Et puis il y a les immanquables syndromes de janvier. Il a toujours été socialement et politiquement chaud chez nous. On s'y prépare même et certains l'attendent de pied ferme. Le niveau social est dans un état de délabrement tel dans les banlieues de nos villes et dans les régions intérieures qu'il sécrète des levées de boucliers sporadiques et appuyées. De là à ce que certains s'avisent d'attiser les conflits et de surfer sur les engrenages sociaux crispés, il n'y a que des tentations. Cela n'en absout pas pour autant l'action gouvernementale en mal de projets économiques et sociaux structurants ayant l'efficience et la visibilité requises. Jusque-là, en effet, les grands projets demeurent de simples déclarations de bonnes intentions. Mais si généreuses soient-elles, ces dernières peinent à rentrer dans le vécu et la conscience du commun des citoyens. N'oublions guère par ailleurs les deux années électorales qui se profilent. D'abord, les élections municipales prévues le 6 mai 2018, ensuite les élections législatives et présidentielle de la fin 2019. Soit, toutes étapes et échéances électorales confondues, près d'une année d'élections. Autant dire une aubaine pour ceux dont les préférences penchent du côté de la politique politicienne. Des manœuvres et approches alambiquées et tendancieuses aussi. Et il serait bien fâcheux, et socialement coûteux, que les considérations électoralistes effrénées relèguent les urgences en matière de réformes économiques et sociales. Parce que, ici et maintenant, ça passe ou ça casse ! «Faites-moi de bonnes politiques, je vous ferai de bonnes finances», avait répliqué le baron Louis à Louis-Philippe en Conseil des ministres, en France, au début du 19e siècle. Les pays changent, les époques aussi, mais on en est toujours là.