L'Etat français a été condamné lundi par le tribunal administratif de Paris à verser 1.500 euros à un Tunisien de 25 ans que les autorités voulaient expulser alors qu'il disposait de papiers en règle pour séjourner en France, a indiqué mardi son avocate. Le tribunal a également annulé l'arrêté de reconduite à la frontière visant le jeune homme, qui était arrivé en février sur l'île italienne de Lampedusa, et ordonné à la préfecture de police de lui accorder un titre de séjour provisoire français, selon l'avocate, Me Samia Maktouf. A son arrivée en Italie, le Tunisien avait obtenu un titre de séjour "humanitaire", "valable pendant six mois dans l'espace Schengen", avant de se rendre en France, a expliqué Me Maktouf. Mais là, il avait été placé en garde à vue après un contrôle, et la préfecture de police de Paris, estimant que le document n'était pas suffisant pour lui permettre de demeurer en France, lui avait notifié un arrêté de reconduite à la frontière. Au final, le tribunal a estimé que "ce n'était pas quelqu'un qui était en situation irrégulière, il était titulaire des documents nécessaires", a souligné Me Maktouf. De plus, "mon client était parfaitement capable de justifier d'un hébergement et de moyens financiers de vie en France", autre condition exigée par la loi française mais sur laquelle les policiers avaient oublié de l'interroger pendant sa garde à vue, a ajouté l'avocate. "Je suis satisfaite car ce n'est que justice rendue à ce jeune migrant", a-t-elle déclaré, soulignant qu'il "s'est caché dans la terreur" jusqu'à la décision administrative, pour éviter l'expulsion. Plus de 20.000 Tunisiens ont afflué sur l'île italienne de Lampedusa à la suite de la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier. Plusieurs milliers d'entre eux ont ensuite gagné la France, provoquant une crise entre Rome et Paris sur la libre circulation aux frontières européennes. La France, ancienne puissance tutélaire, a adopté une politique de fermeté à l'égard de ces migrants tunisiens: plus de 3.600 ont été renvoyés vers l'Italie ou la Tunisie. Plusieurs centaines vivent à Paris, dans une situation précaire, une partie d'entre eux dormant dans des parcs de la capitale.