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Carthage, laboratoire d'une nouvelle thérapeutique
Relations Tunisie-Union européenne dans un contexte régional en mutation
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 05 - 2013

Que peut-on dire de l'après «Printemps arabe» dans les relations Tunisie-Union européenne (UE) ? Dix-sept ans après l'accord d'association entre la Tunisie et l'UE, de quelle nature seront les recompositions diplomatiques suite aux soulèvements tunisien et libyen ? Faut-il toujours se contenter des partenaires classiques déjà en crise économique pour retrouver le chemin de la prospérité politique, économique et sociale ? Et quel sera l'avenir des relations Tunisie-UE dans un monde où les enjeux géostratégiques s'avèrent en perpétuelle mutation ? Autour de ces questions, se sont articulés les travaux d'un colloque organisé, hier, à Tunis, par l'Association des études internationales, en partenariat avec la Fondation Friedrich-Hebert.
Tentant d'esquisser le profil géopolitique de la Tunisie post-révolution, Mehdi Taje, géopoliticien spécialiste du Maghreb et du Sahel, a fait remarquer que l'ordre postcolonial dont la Tunisie a hérité semble être fini, ayant atteint ses limites. D'où la nécessité de réinventer un nouvel ordre. Comme il l'entend, l'environnement géopolitique en profonde reconfiguration est chargé de menaces et pèse lourdement sur l'issue de la transition démocratique tunisienne et sur la substance de ses relations avec l'Union européenne. Vu par le même géopoliticien, le tableau est noir. Une conclusion qu'il tire en se référant à l'attaque délibérée de l'ambassade américaine le 14 septembre dernier ainsi qu'à une violence politique franchissant le cap de l'assassinat. Ces facteurs nourrissent, selon lui, la confusion et altèrent l'élan de confiance des partenaires extérieurs du pays. Tout au plus, l'aggravation des déséquilibres au Maghreb, la percée de l'islamisme radical et du jihadisme dans toute la région, l'éclatement d'un foyer d'instabilité au Sahel menaçant la stabilité et la sécurité des pays du Maghreb sur le long terme, le gel du Grand Maghreb synonyme d'un non-sens géopolitique, l'entrée de la zone Euro en récession et la restructuration en cours de la scène moyen-orientale( cela concerne la Syrie et l'Iran) sur fond de tensions croissantes constituent, selon le même intervenant, autant de défis cruciaux pour la Tunisie en transition démocratique.
Des pays non acteurs
Dans la même optique, le conférencier note que le Maghreb fragmenté et se posant en non-acteur dans sa propre région nourrit la conviction que ces pays se perçoivent comme la périphérie d'un centre qui se situe hors d'eux-mêmes et dont ils attendent la stratégie organisatrice. Autrement dit, ces pays ne sont pas des acteurs, plutôt ils subissent. En effet, chaque pays joue son propre jeu et les trajectoires stratégiques au lieu de se compléter, se croisent, voire se neutralisent. De là, la menace serait la dilapidation du Maghreb dans son essence géopolitique et cela pèse, selon Taje, sur les relations de la Tunisie avec l'Union européenne. C'est que le pays est confronté à court terme à un ordre régional fragmenté, déphasé et marqué par des inégalités relatives aux étapes du processus démocratique et susceptible de contribuer à une reconfiguration de la carte régionale. De ce fait, la Tunisie en transition démocratique semble osciller, comme le confirme l'exposant, entre un progrès démocratique et laïque et une régression obscurantiste et dogmatique. Ce faisant, les lendemains paraissent incertains, tant la lutte est vive entre ces deux visions. L'on entend par cela des fractures qui font du bassin méditerranéen une zone d'incertitudes et de complexité. Car l'intérêt européen, comme évoqué par le géopoliticien, est d'abord dans la stabilité géopolitique et la modernisation économique et juridique de l'ensemble des pays concernés.
Profonde contradiction
Analysée par le conférencier, la politique européenne semble néanmoins souffrir d'une profonde contradiction. C'est que les combattants islamistes ne sont pas plus démocrates en Syrie qu'au Mali. Dans ce cas de figure, pourquoi leur apporter un soutien décisif en Libye, puis en Syrie aujourd'hui, tout en justifiant la guerre au Mali au nom de la lutte contre le terrorisme ? Y a-t-il de bons et de mauvais islamistes et jihadistes ? Le jihadisme est-il soluble dans la démocratie selon les contingences territoriales ? La solidarité apparente de ces puissances avec le peuple syrien ira-t-elle jusqu'à la restitution du Golan ? s'interroge-t-il. La reconfiguration en cours poursuit en réalité plusieurs objectifs géopolitiques non avoués : contrôler les ressources gazières et pétrolières en Méditerranée orientale, neutraliser l'axe chiite réfractaire et la puissance iranienne pivotable, imposer un fait accompli tranchant le drame palestinien en faveur d'Israël, tenir en échec la renaissance militaire russe et contrôler la dépendance énergétique des puissances rivales, dont la Chine. De ce point de vue, la Tunisie figure dans la région du Maghreb, comme un laboratoire d'une nouvelle thérapeutique. A la question de savoir si des relations privilégiées avec l'Union européenne suffisent aujourd'hui pour retrouver le chemin de la prospérité économique et sociale en Tunisie, le géopoliticien a précisé que l'UE traverse par les temps qui courent une grave crise économique. «Ici même, la haute représentante de l'Union européenne l'a bien confirmé. Cela se répercute d'ailleurs sur le volume financier de l'aide que pourrait accorder l'UE à la Tunisie. Ensuite, elle a bien mentionné que cette aide-là, à sa grande surprise, n'était pas contestée par les Européens eux-mêmes. Cela signifie qu'elle pourrait l'être à un moment ou à un autre. La conditionnalité était donc soulignée par cette ambassadrise. Je pense qu'elle s'adressait au gouvernement de la Troïka : des garanties d'ordre politique doivent être octroyées à la transition démocratique du pays».
Le panéliste a insisté sur la nécessité pour le pays aujourd'hui d'aller chercher et d'explorer de nouvelles voies, tout en préservant des relations privilégiées avec les partenaires traditionnels, afin de diversifier le spectre des relations commerciales, économiques et stratégiques du pays. Ici, l'on pense aux Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ainsi qu'au monde arabo-islamique, notamment les pays du Golfe.
Le décollage économique, un parent pauvre
Amiral Jean Dufourcq, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, a présenté une intervention intitulée «La triple charnière tunisienne». Abordant le premier axe de son analyse, il a indiqué que la charnière sociétale concerne les exigences de rétablir la dignité, de recouvrer les libertés qui étaient saccagées et de partager la prospérité. En Tunisie, comme dans le reste du monde arabo-musulman, il y a une très mauvaise relation entre les trois pôles qui maintiennent l'équilibre des sociétés : le politique, le religieux et le social. «Je crois que ces trois pôles ne fonctionnaient pas bien. La politique ne s'occupant pas du social, c'est le religieux qui en a pris la charge et le religieux en prenant la charge est opposé politiquement au pouvoir et à sa légitimité. D'où toutes les difficultés». Il a, ensuite, parlé d'une importante renaissance politique qui est déjà en cours, mais qu'il faut mieux gérer. Le troisième facteur semble être, comme il le pense, le plus délicat. Il est question de la réintégration religieuse dans la société.
L'intervenant a, par la suite, fait observer que le décollage économique est le parent pauvre de la situation, étant donné que la victime collatérale de la Tunisie nouvelle est le tourisme, qui fait vivre 20% de la population. Clôturant son intervention, il a affirmé que la Tunisie est exposée à divers pièges, dont l'impatience d'une part de sa population défavorisée, la confusion entre la crise systémique que connaît l'économie mondiale et la crise que connaissent les sociétés arabo-musulmanes. Il a également appelé à se servir de la facilité géostratégique dont dispose la Tunisie en tant que pivot de la région maghrébine et méditerranéenne pour se doter d'une autre facilité qui soit politiquement restructurée.
Renforcement du dialogue
Prenant la parole, Mme Laura Baeza, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne en Tunisie, a affirmé que l'Union européenne a été interpellée par les révolutions survenues dans certains pays arabes et a œuvré à renforcer le dialogue avec ces pays. «Le dialogue politique renforcé avec les partenaires vise la réforme politique et économique, le renforcement du rôle de la société civile et une plus grande liberté d'expression et de réunion».
L'intervenante a en outre noté que l'UE était consciente du risque de fragilisation qu'encourent les pays du Printemps arabe, en raison de la crise économique globale et des difficultés dues à l'instabilité politique et sécuritaire régionale. C'est pourquoi elle a mobilisé un soutien financier significatif afin de stimuler la croissance et promouvoir un climat favorable aux investissements et à l'emploi.
Mme Elisabeth Braune, représentante-résidente de la Fondation Friedrich-Ebert, a, quant à elle, insisté sur le soutien inconditionnel de la Fondation au sein de laquelle elle évolue à la Tunisie dans sa transition démocratique. Elle s'est, au demeurant, félicitée du soutien apporté aux associations tunisiennes, dans l'objectif de créer de nouvelles opportunités d'emploi. Comme elle le pense, le régime fédéral allemand basé sur la décentralisation peut en quelque partie inspirer les décideurs politiques tunisiens.


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