Le «Pacte national contre la violence et le terrorisme» paraphé hier à Tunis par les partis et associations participants à la Conférence nationale éponyme édicte un certain nombre de principes généraux en faveur de la diffusion de la culture des droits de l'Homme mais contre le terrorisme et toute incitation à la haine et au fanatisme. Il comporte également des principes se rapportant aux partis politiques, aux organisations de la société civile et au secteur de la presse et de la communication. S'agissant des partis, les parties prenantes politiques signataires s'engagent à respecter les opinions politiques dans leur diversité, dans le cadre de la préservation de l'indépendance du pays, de la coexistence pacifique, de la compétition loyale et surtout dans le respect des règles d'alternance pacifique au pouvoir, sans qu'aucune opinion ne soit jamais confisquée pour peu qu'elle soit exprimée dans le cadre de la loi, des principes de la République et de la paix civile. Le texte dont l'agence TAP a reçu une copie criminalise en outre tout acte tendant à désigner les adversaires à la vindicte en les déclarant apostats, ou encore à les intimider, à porter atteinte à leur honneur, à flétrir leur réputation, à les exclure, à empêcher leurs activités ou à leur faire violence moralement ou matériellement. De leur côté, les organisations de la société civile s'engagent à respecter la loi sur les associations et à éviter tout propos ou actes de nature à inciter à la violence et la haine, ainsi qu'à œuvrer à criminaliser l'exploitation matérielle, physique ou morale des enfants et autres jeunes, tout en se tenant éloignés des frictions politiques et idéologiques et des luttes violentes. Pour ce qui est des principes relatifs à l'information et à la communication, le Pacte national contre la violence et le terrorisme prescrit de respecter la déontologie de la profession et les principes des droits de l'Homme dans toutes les productions à caractère médiatique, de même que la nécessité de garantir l'objectivité du travail journalistique et de ne pas se laisser entraîner dans les tiraillements politiques ni d'en faire l'apologie. Le Pacte fait en outre mention de la nécessaire protection de la liberté de la presse tout en enjoignant aux professionnels d'assumer leur responsabilité dans l'accomplissement de la mission journalistique en tant que noble tâche humaniste en faveur de la révélation de la vérité mais sans jamais porter atteinte à l'honneur des gens ni tomber dans l'incitation à la haine et à la violence. Soutien à la justice transitionnelle Dans son chapitre consacré aux principes généraux, le Pacte prône l'adoption du corpus universel des droits de l'Homme, conformément aux conventions internationales afférentes et au «Pacte de Tunisie pour les droits et libertés». Il appelle, en outre, à combattre le terrorisme, à se garder de le justifier par des actes ou des propos et à promulguer des législations contre l'impunité dans les crimes de terrorisme commis par des personnes, des organisations ou des organes dépendants de l'Etat. Le document recommande, par ailleurs, de développer l'arsenal législatif et juridique de manière à enrayer les phénomènes de violence matérielle ou verbale, notamment sur les réseaux sociaux d'Internet, ainsi que de s'abstenir d'inciter à la haine, au fanatisme et à toutes les formes de discrimination. Il comporte aussi un appel à garantir «la neutralité de l'administration et de toutes les institutions de la République», y compris celles sécuritaires, militaires et éducatives ou encore les lieux de culte qui doivent être tenus «à l'abri de toute instrumentalisation politique et des frictions partisanes», l'identité devant être considérée comme un attribut commun non susceptible ni de propagande, ni de mise en doute ni de surenchère de la part de quiconque. Le soutien aux efforts en faveur de la mise en place du système de justice transitionnelle, fondée sur la révélation de la vérité, la reddition de comptes et la réconciliation, de manière à valoriser le rôle de la société civile et à barrer la route aux tentations revanchardes et à l'impunité, a constitué l'un des volets des principes généraux du Pacte qui prône également l'application de la loi contre quiconque pratique la violence ou y incite, appelant, en outre, à une refonte des législations susceptibles d'être mises à profit pour bénéficier de l'impunité. Le document recommande la diffusion de la culture des droits humains, de la liberté d'expression et de la protestation pacifique, sans jamais attenter à l'intégrité physique et morale des personnes ni faire courir au service public de même qu'aux biens privés et publics les risques d'incendie, de dévastation ou de sabotage. Les signataires appellent aussi à la diffusion de la culture du vivre-ensemble, de l'acceptation de l'autre, de l'application de règles démocratiques en toutes circonstances et au règlement des litiges par les moyens pacifiques. Tout en souscrivant au présent Pacte, indique-t-on, le parti Al-Amen n'en a pas moins annoncé s'en tenir à sa prise de position initiale exprimée dans la déclaration des partis qui s'étaient retirés mardi de la conférence au motif que, arguent-ils, cette conférence est «dominée par une tendance à l'exclusion».