Par Taoufik CHARRADI Le terrorisme est considéré comme une hydre qui gangrène sournoisement les sociétés démocratiques et risque de faire exploser le système de l'Etat de droit. Ce risque s'impose sur la scène sécuritaire mondiale comme problème prioritaire qu'il convient de traquer. Or, la lutte contre ce fléau ne devra pas modifier les règles et les principes de la démocratie. On l'a vu se produire contre les politiciens, contre les soldats, contre les policiers, contre les citoyens... Ces cruautés inouïes commises sans l'ombre d'une raison ni d'un prétexte sont non justifiables et inqualifiables et soulèvent une réprobation universelle et un cri d'indignation et alarme tout le monde. Quels que soient les sources, les formes et le sens du terrorisme, rien ne justifie les attaques aveugles perpétrées à l'encontre des innocents qui trouvent à peine dans leurs maisons un asile contre les assauts de l'extérieur. L'effet cliquet de mesures sécuritaires sur lesquelles on ne pourra revenir ne va aboutir qu'à augmenter l'insatiable demande de sécurité. En effet, des budgets alloués au secteur de la sécurité sont destinés à des programmes sociaux et à l'aide au développement. Comment peut-on dans ces conditions séparer le bon grain de l'ivraie dans cette équation sans tomber dans un piège tendu à la démocratie ? La lutte contre ce fléau, certes légitime, ne doit pas entraîner une dégradation des standards reconnus en matière de respect des droits de l'Homme. Les mesures prises par les Etats pour combattre le terrorisme ont souvent soulevé des problèmes pour les droits de l'Homme et la primauté du droit pour faire taire les défenseurs des droits de l'Homme, des journalistes et des communautés culturelles. Il ne faut pas saisir le prétexte de la nécessité de défendre la société et les citoyens pour limiter abusivement les droits et les libertés auxquels ceux-ci peuvent légitimement prétendre. Le terrorisme existe au nord comme au sud depuis des siècles. Ce n'est pas un phénomène nouveau nécessitant de décréter l'état d'urgence, de fabriquer de nouveaux concepts. Si les démocraties acceptent d'utiliser la peur et les mensonges, alors que restera-t-il pour les différencier des systèmes politiques qu'elles entendent dépasser ? La responsabilité morale de ces démocraties dans la propagation du terrorisme est réelle quand elles ne mettent pas fin à des injustices sociales, à l'exclusion politique et la marginalisation socioéconomique. Par ailleurs, il reste à deviner quel impact aura cette question dans le futur. Seul le temps pourrait nous renseigner sur les conséquences.