Le soulèvement et la révolte des régions intérieures ont été déterminants pour que la révolution tunisienne parvienne à détrôner un dictateur qui détenait le pouvoir depuis plus de deux décennies et qui se préparait déjà à le confisquer à vie et à le garder dans les mains de sa petite famille En se retrouvant enfin libre le peuple tunisien est appelé comme tous les peuples du monde qui l'ont devancé dans la conquête de leurs libertés et leur souveraineté à édifier son projet d'Etat de droit et de société démocratique et juste. Néanmoins un tel projet post-révolutionnaire ne sera pas une infime affaire en dépit du souffle d'air libre qui nous motive et qui nous mobilise tous. En effet et après des longues années de luttes pour les libertés et qui n'ont touché que les cercles des militants déjà engagés les acteurs du mouvement démocratique dans la société tunisienne sont désormais confrontés à de multiples défis pour parvenir à bâtir notre deuxième République qu'on veut certainement démocratique juste et prospère et à laquelle tous les Tunisiennes et les Tunisiens sont attachés. En revanche et devant les divergences voire les juxtapositions d'avis et de projets déjà affichés et connus et à une face d'une éventuelle bipolarisation entre une droite conservatrice et rétrograde et une gauche idéologique anachronique, la réinvention d'un centre politique devient de plus en plus un besoin sociétal et politique . Toute la difficulté préliminaire consiste à définir tout d'abord le centre : est –il un rassemblement purement pragmatique et qui vacillera à droite ou à gauche selon les circonstances ou les intérêts, ou plutôt une famille politique qui partage des valeurs et qui défendra un projet de société ? C'est-à-dire un mouvement politique qui se bat pour un idéal. Contrairement à ceux qui pensent que le courant centriste sera une composante dépourvue de toute authenticité il est plus que nécessaire à nos yeux de montrer que le parti qui assumera la responsabilité de représenter massivement le centre dans la Tunisie post – révolutionnaire a réellement des principes, des valeurs, et une raison d'être. Fondements Ainsi les fondements philosophiques de la pensée centriste tunisienne devraient être la liberté, la tolérance, le progrès, la justice. Ce sont ces principes qui s'opposent au fanatisme religieux, au conservatisme bloquant qui menace nos libertés individuelles. Cette même pensée est appelé à se distinguer, de la démagogie gauchiste qui prétend résoudre les problèmes d'aujourd'hui par des recettes d'antan qui surfent sur les tendances de l'opinion publique en lui proposant des discours chauds, des vœux pieux, de la phraséologie comme disait Lénine lui-même mais pas des programmes réels dans le monde du tangible. En plus il sera de plus en plus authentique ce centre s'il développe une vision stratégique et s'il évite l'hésitation quand il s'agit des questions qui touchent le projet de société à envisager et pour il s'engage comme courant politique et force sociale Appelé à gouverner si le peuple le désigne et s'opposer si ce dernier ne lui accorde pas sa confiance le centre est impérativement condamné à demeurer fidèle à ses principes s'il veut continuer à exister et à se développer et à servir le pays. Les leaders du centre ainsi que ses militants ont aujourd'hui la responsabilité de prouver que l'émergence d'un grand parti du centre est indispensable à l'accomplissement de la tâche historique présente et corollaire inévitable au développement politique de la Tunisie Ce n'est pas avec un discours populiste, creux et généraliste que la pensée politique centriste tunisienne peut naître et trouver son chemin mais plutôt en considérant que la politique doit être faite dans la réalité contingente non dans celle du monde sublunaire Pour bien avancer, un véritable débat d'idées doit avoir lieu au sein des différentes composantes de ce courant sans exclusion et sans préjugés sur les différentes questions de développement économique et social et sur le rôle de l'entreprise, de l'Etat, de la société civile mais aussi sur les thématiques de la citoyenneté, des droits de l'homme, de la culture et de la justice sociale. Le Parti Démocrate Progressiste de part son histoire, son parcours et de part sa disposition actuelle se veut un acteur engagé dans ce débat. Selon notre conception du centre celui-ci ne doit pas se limiter à une orientation électoraliste mais plutôt développer une vision stratégique et assumée, la nôtre se résume dans notre profonde conviction aux droits humains fondamentaux et dans la définition Gandhienne de la démocratie : c'est d'assurer aux plus faibles les mêmes opportunités que celles assurées aux plus forts Et nous demeurons certains que la Tunisie centriste recèle énormément de potentiels qu'il s'agit de libérer sans tarder. Maher Hanin