Rappelons pour l'histoire que le 3 novembre 2009, la secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Hillary Clinton, avait annoncé la création d'un corps d'ambassadeurs spéciaux pour la promotion des liens scientifiques et technologiques avec le monde musulman suite au discours du président Obama au Caire. Aussitôt dit, aussitôt fait, on ne peut bien évidemment pas reprocher aux Américains leur réactivité. Elias Zerhouni*, d'origine algérienne a été nommé par le président Obama, au poste d'envoyé spécial des Etats-Unis pour la Science et la Technologie pour la région MENA. Elias Zerhouni, récemment en visite officielle en Tunisie, a appelé à développer les relations tuniso-américaines autour de six thèmes touchant à la sécurité alimentaire, aux ressources hydrauliques, à l'énergie sous toutes ses formes classiques et nouvelles, au changement climatique, à la santé publique et à la science et technologies. L'envoyé spécial du président américain a également appelé les pays maghrébins à renforcer la place de la langue anglaise dans les cursus scolaires et universitaires estimant que c'est aujourd'hui la langue des sciences et qu'à ce titre elle représente la porte d'accès pour les universitaires, les chercheurs et les entrepreneurs à toutes les sources d'information possibles et est susceptibles de leur faciliter l'accès au savoir. M. Zerhouni aurait assuré lors de son entretien avec Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères, que l'administration Obama souhaite inaugurer de nouveaux rapports avec le monde musulman pour une coopération scientifique et technologique conçue en tant que moyen de progrès social. Les Américains veulent booster leurs relations avec les pays maghrébins, des discussions ont d'ailleurs été lancées, il y a 2 ans à New York pour négocier avec eux un accord global de libre-échange. Les Maghrébins approuveraient pour leur part des rapports dont les dimensions économiques et commerciales seraient plus prononcées. Très pratiques, les Américains ont d'ores et déjà mis en place un programme de visite de délégations au Maghreb, en témoigne la mission commerciale américaine qui a fait, au mois de février, une tournée dans les pays nord-africains pour y étudier des opportunités d'affaires; les opérateurs US étaient issus des secteurs des technologies de l'information, des télécoms, de la défense, des nouvelles énergies, de l'architecture et du bâtiment. Ce n'est pas loin des thématiques traitées par Elias Zerhouni avec les officiels tunisiens. Les Américains ont de la suite dans les idées M. Zerhouni a rencontré lors de son séjour tunisien les hauts responsables des ministères des Affaires étrangères, l'Education, l'Enseignement supérieur, l'Institut Pasteur, l'Institut Supérieur des recherches agronomiques ainsi que des représentants de la société civile. Il a profité de son passage à Tunis pour inviter des entrepreneurs et chercheurs tunisiens à participer à un Forum scientifique international qui se tient aux USA le mois prochain. Les USA soutiendraient un modèle économique de développement durable dans le Maghreb, leur objectif étant de consolider leurs liens avec les trois pays du Maghreb central en matière de commerce et d'investissement, pour favoriser davantage les échanges commerciaux entre eux et pousser un plus grand nombre d'entreprises américaines à y investir. La Tunisie a, pour sa part et pendant longtemps, été considérée par les Américains comme un exemple de succès grâce à ses réformes de libre marché, sa laïcité, son code du Statut personnel et de sa politique démographique. Toutefois, l'achèvement d'un accord de libre-échange entre les deux pays peine à se concrétiser. Pour les Américains, un tel accord permettrait de développer encore plus les réformes économiques et d'accélérer la cadence de la croissance dans le pays. Pour les Tunisiens qui, de prime abord, n'ont rien contre un tel accord, il faut que tous les détails du processus d'ouverture sur le marché américain soient bien étudiés pour qu'il n'y ait pas d'incidences négatives sur des secteurs tels les services ou l'agriculture. Il n'empêche, les deux pays ont récemment procédé à la signature d'un accord appelé Small Business Administration (SBA) où les Etats-Unis se disent prêts à soutenir les jeunes promoteurs tunisiens tant au niveau de la formation qu'au niveau des financements, le but étant de renforcer les compétences et les capacités des entrepreneurs tunisiens dans un environnement économique mondial globalisé. A première vue, et après la visite d'Elisa Zerhouni, il y aura une succession d'autres visites d'opérateurs américains dans notre pays. D'ailleurs, dans une semaine, une délégation d'universitaires, étudiants et hommes d'affaires de l'Université de Denver se déplacera à Tunis pour étudier les opportunités d'affaires dans le secteur de l'immobilier.