L'éclatement du scandale de conflit d'intérêts frappant actuellement le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh n'est pas fortuit. Plusieurs savaient et disaient qu'Ennahdha a été derrière l'éclatement du scandale quand le chef du gouvernement a refusé l'élargissement de son équipe à des membres de Qalb Tounes et quand il a refusé de recruter, dans son cabinet, des membres du majlis Choura. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'Ennahdha était au courant du scandale avant même la nomination d'Elyes Fakhfakh. Le parti islamiste s'est gardé de dire quoi que ce soit, à ce sujet, au président de la République, laissant cette information sous le coude pour l'utiliser quand cela lui sied. En juin, et après le refus net d'Elyes Fakhfakh de céder au chantage d'Ennahdha, le parti islamiste a sorti sa carte et a fourni au député Yassine Ayari les documents prouvant son conflit d'intérêts. Il est, rappelons le, actionnaire et gérant dans des entreprises ayant des marchés avec l'Etat, ce qui est strictement illégal. Pire encore, Ennahdha a laissé Fakhfakh s'embourber encore davantage dans son affaire, puisqu'il n'a pas cédé ses actions au lendemain de sa nomination et que le marché a été officiellement signé au mois d'avril, bien après sa nomination. Elyes Fakhfakh a été désigné au poste le 20 janvier 2020 par le président de la République et a prêté serment le 27 février. Entre les deux dates, les tractations étaient au summum entre le désigné de la Kasbah et les partis. Et pour mieux peser sur ces tractations, Ennahdha a fait savoir (à sa manière) qu'il en sait des choses sur Elyes Fakhfakh et qu'il est au courant de son marché, non encore conclu, avec le ministère de l'Environnement. Comment cela ?
Le 17 février 2020, Noureddine Bhiri était invité sur le plateau TV de Hannibal TV et a critiqué la scission du ministère de l'Environnement et des Affaires locales en deux départements. Dans cette même interview, il a parlé de conflit d'intérêts, de marchés en cours et de nominations suspectes à la tête de l'Environnement. La journaliste lui a demandé de qui s'agit-il, mais Noureddine Bhiri a botté en touche se suffisant de dire « hommes d'Etat » et qu'il en dira davantage le moment venu. Le moment est venu quelques mois plus tard quand il a fallu appuyer sur le bouton pour éjecter Elyes Fakhfakh qui a refusé de satisfaire leurs volontés.
Il y a enquête pour conflit d'intérêts touchant Elyes Fakhfakh. Avec cette vidéo, y aura-t-il enquête pour complicité (par le silence) et pour délit d'initié frappant Ennahdha ?