La motion de retrait de confiance au Parlement, Rached Ghannouchi s'est soldée par un échec. Le vote a eu lieu lors d'une plénière du 30 juillet 2020 et Ghannouchi a été maintenu à la tête de l'assemblée. 97 voix pour, 16 contre et 18 bulletins annulées, tel fût le résultat qui a suscité la polémique, notamment, en ce qui concerne les fameux 18 bulletins annulés. A la suite de l'opération de vote, une grande polémique s'est déclenchée à propos des 18 bulletins annulés. Les initiateurs de la motion de retrait de confiance ont considéré qu'il s'agit des 18 traitres ayant fait échoué la motion. D'ailleurs tous les regards se sont dirigés vers les députés de Qalb Tounes ayant participé au vote.
Un député ayant préféré garder l'anonymat a révélé à Business News, que chaque bulletin annulé était marqué par un signe particulier, un trou, un symbole, une brûlure sur le côté. « C'était un message codé. Chaque marque était spécifique au député ayant voté. C'était l'accord entre un dirigeant Ennahdha et les députés en question. Un moyen de prouver qu'il a accompli sa mission en faveur du Cheikh de Monplaisir. Les 18 députés en question avaient des affaires suspectes, ils étaient sous pression », ajoutant que les députés en question n'étaient pas uniquement de Qalb Tounes, mais aussi d'Attayar.
Les députés Qalb Tounes avaient la liberté de vote, selon la consigne de Nabil Karoui, président du parti. La majorité des députés Qalb Tounes n'étaient pas présents à l'opération de vote. Parmi les présents, certains ont assuré en public avoir voté pour la destitution de Ghannouchi.
Ainsi, et pour avoir plusieurs détails à propos de ces révélations, le député Attayar, Nabil Hajji a été contacté par Business News. Dans ce contexte, il a révélé que les marques déposées au niveau des bulletins ne peuvent être confirmées que par les membres de la commission de tri qui étaient proches de l'opération de dépouillement.
D'autre part, il a assuré, catégoriquement, que les 22 députés d'Attayar ont voté pour la motion. « La traitrise n'est pas dans nos habitudes. Pourquoi signerons-nous une motion, si nous n'allons pas la voter? C'est absurde ! ». Il a enchaîné en assurant qu'il est tout à fait normal que les députés Qalb Tounes essayent de se défiler après le scandale qui a eu lieu et les insultes qu'ils ont dû encaisser par l'opinion publique. « Attayar ne peut s'impliquer dans ces combines de vente et d'achat de voix. Nous aurions pu accepter la participation de Qalb Tounes au gouvernement. D'ailleurs, ils ne nous ont rien proposé parce qu'ils savent d'avance que nous ne sommes pas pour ce genre de pratiques », poursuit-il.
Il est clair que les affaires parlementaires sont plus compliquées qu'on puisse l'imaginer. La dispersion des blocs et les différences idéologiques entre les différents partis ne font qu'approfondir la crise. Manœuvres, manigances et calculs étroits sont les maitres-mots ayant caractérisé le paysage parlementaire actuel. L'image renvoyée par le Parlement élu par les Tunisiens est loin d'être nette, cela dit, elle reste le miroir d'une société divisée.