La ministre italienne de l'Intérieur, Luciana Lamorgese, sera en visite en Tunisie, lundi 17 août 2020, indiquent des médias italiens. « Le lundi 17 août, je me rendrai en Tunisie avec le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio et les commissaires européens Oliver Varhelyi et Ylva Johansson pour aborder le problème des petites embarcations qui transportent des migrants », a déclaré la ministre au journal La Repubblica, rappelant que les rapatriements ont repris et que 80 clandestins tunisiens sont rapatriés en Tunisie chaque semaine.
Sur les arrivées de migrants, elle a précisé que les chiffres ne sont pas très élevés bien que supérieurs à ceux de l'an dernier. « Il faut contextualiser, la Tunisie traverse une grave crise, on a vu des familles entières partir pour accoster sur le territoire italien, de très nombreux débarquements autonomes des petits bateaux, des canots pneumatiques par exemple », a souligné Lamorgese.
Et d'ajouter : « Avec la Tunisie, nous avons obtenu un résultat important : commencer les rapatriements au rythme d'avant Covid-19, soit 80 rapatriements par semaine. Nous avons eu l'occasion d'en parler avec le président de la République Kaïs Saïed et avec le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, avec qui j'avais également d'excellentes relations lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Le président Saïed s'est rendu personnellement à l'endroit d'où partent les bateaux, à Sfax, et a déclaré avoir pris les dispositions nécessaires pour lutter contre les criminels qui organisent ces voyages » a enfin déclaré la ministre italienne.
Le président de la République, Kaïs Saïed, s'était rendu à Sfax le 2 août 2020. Il avait souligné, à cette occasion, le rôle important assigné à la Garde maritime pour lutter contre le phénomène de l'émigration clandestine, et a dénoncé « les trafiquants d'êtres humains » en référence aux organisateurs de ces voyages irréguliers, décrivant ce qu'ils font d'acte criminel que l'Etat ne peut tolérer.
Kaïs Saïed a aussi réaffirmé son attachement à la nécessité de continuer à protéger les côtes tunisiennes avec la même détermination, rappelant toutefois que les véritables raisons de la propagation de ce phénomène doivent être sérieusement abordées. Il a également mentionné l'importance de la coopération entre les différents pays concernés afin de penser à de nouvelles solutions pour lutter contre la l'émmigration irrégulière grâce à un effort conjoint visant à fournir des conditions permettant à ces migrants de rester dans leur pays d'origine.
Sans perspectives, rongés par le chômage et ses répercussions, plusieurs jeunes Tunisiens voient en l'émigration clandestine leur unique chance d'avoir une vie descente et un avenir meilleur. Avec la dégradation de la situation économique et sociale en Tunisie et la concentration des efforts sécuritaires dans la lutte contre le terrorisme et la protection des frontières, l'émigration clandestine a pu proliférer davantage. Ce ne sont pas les chiffres enregistrés qui diront le contraire ou encore les multiples tentatives d'émigration déjouées par les autorités tunisiennes. Le chargé de communication auprès du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux, Romdhane Ben Amor avait affirmé que 4077 migrants clandestins tunisiens ont rejoint les côtes italiennes seulement en juillet 2020. Un chiffre jamais enregistré depuis 2011.
D'ailleurs, la ministre italienne de l'Intérieur, principal pays touché par les flux migratoires, Luciana Lamorgese, avait déjà rencontré le président de la République Kaïs Saïed pour lui exprimer l'inquiétude de l'Italie face à ce constat.
Les actions de l'Italie qui se sont accélérées ont été rapidement appuyées par l'Union européenne. Le Commissaire européen au voisinage et à l'élargissement de l'Union européenne, Oliver Varhelyi, a posté un tweet affirmant qu'il s'était entretenu avec le ministre italien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Luigi di Maio concernant la gestion de la question de la migration avec les pays voisins du Sud dont la Tunisie, soulignant que l'Union européenne allait soutenir l'Italie et s'inspirer de ce pays dans la mise en place d'une liste de pays tiers sûrs. « Les flux illégaux doivent cesser et nous comptons sur la coopération des autorités tunisiennes, y compris pour les retours » avait-il souligné.