Le ministre des Finances, Ali Kooli, a été l'invité de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso de mardi 3 novembre 2020 sur les ondes d'Express FM. Il est revenu sur la polémique de la couverture d'une partie du déficit budgétaire de l'Etat par la Banque centrale de Tunisie (BCT) ainsi que le risque de faillite que certains experts économiques ne cessent de brandir. Fin octobre, la BCT a signifié, par voie de communiqué, qu'elle était dans l'incapacité de combler la totalité du déficit budgétaire de l'Etat, lequel s'élève à plus de dix milliards de dinars, selon les chiffres avancés par le ministère des Finances. La BCT a expliqué que “cela aurait des répercussions négatives sur les équilibres économiques. En outre, la participation du secteur bancaire à cet effort de mobilisation des ressources en souscrivant à des émissions du trésor exercerait une pression accrue sur la liquidité et donc recourrait davantage au refinancement de la banque centrale”. Ali Kooli a signalé, dans ce sens, que le gouvernement n'avait jamais demandé à la Banque centrale d'avancer la totalité du montant expliquant que sur les dix milliards de déficit, l'Etat a trois milliards de dinars collectés sur les marchés internationaux et dont il peut disposer quand il en aura besoin. Sur ces dix milliards, le gouvernement a également, quatre milliards à rembourser aux banques tunisiennes auprès desquelles il s'est endetté. Il ne reste donc que 3.5 milliards, soit l'équivalent de ce que la BCT serait en mesure d'accorder au gouvernement, selon le ministre des Finances. “Nous sommes en train de créer un faux problème”, a-t-il assuré faisant référence au communiqué de la BCT. Il a précisé, dans ce même contexte, que le gouvernement n'était pas tenu d'obtenir une autorisation de la Banque centrale pour présenter son projet de loi de Finances. “Cela n'a jamais été le cas. Certes il y a toujours eu des concertations, mais seul le gouvernement est apte à élaborer, examiner et approuver le projet de loi de Finances lors d'un conseil ministériel pour ensuite le soumettre à l'autorité du Parlement”, a-t-il affirmé. Interrogé sur la pertinence des analyses économiques qui – sur la base du projet de la loi de Finances 2021 – assurent que l'Etat court directement vers la faillite, Ali Kooli a jugé “irresponsable” le fait d'évoquer la banqueroute. “Le spread de la Tunisie change en fonction de la conjoncture. En mai il était de 120 points puis est passé à 80 points. Les marchés financiers ne tolèrent pas l'incertitude”, a-t-il souligné avant d'ajouter : “Il faut se fier à d'autres indicateurs, notamment les prêts que nous avons contractés auprès de la Banque africaine de développement ou encore la Banque européenne”. D'après M. Kooli, la situation financière du pays est extrêmement difficile mais on est encore loin d'être en faillite. “Et pour preuve, les salaires des fonctionnaires de l'Etat ont bien été versés sans aucun retard, et en plus, le gouvernement s'est engagé à payer ses factures. Un Etat en faillite ne peut pas honorer ses engagements financiers”. Le ministre des Finances a fait savoir que le gouvernement continuait à œuvrer afin d'améliorer les choses en optimisant, notamment, ses dépenses en carburant, en électricité… en ajournant certains recrutements et en contractant des prêts à des taux d'intérêts préférentiels.