L'expert-comptable, Walid Ben Salah, a été l'invité de la Radio nationale jeudi 17 décembre 2020 pour s'exprimer sur le bilan économique de la Tunisie dix ans après la révolution. Walid Ben Salah a pointé l'absence de réformes au niveau des services publics (santé, transport, l'infrastructure), ce qui explique, à son sens, « la frustration » des citoyens. « Dix ans après la révolution, nous ne pouvons pas changer la situation en adoptant la loi de Finances 2021. Pour changer réellement les choses, il faudra adopter une nouvelle vision économique nationale globale (à long terme) et en ressortir des plans quinquennaux au niveau économique, financier et budgétaire… Mais Tout cela est malheureusement absent à l'heure actuelle », martèle l'expert-comptable. Et d'ajouter : « Nous pouvons par la suite élaborer le budget économique annuel et la loi de Finances. Mais, nous ne sommes pas en train de respecter cette hiérarchie. Et faute de ne pas suivre la bonne méthodologie, les projets s'attardent sur tous les niveaux ! ». Walid Ben Salah déplore également l'absence d'une politique sectorielle, régionale, d'investissement et d'emploi. « Nous avons perdu plusieurs contrats et marchés extérieurs. Le marché parallèle accapare l'économie tunisienne au détriment du marché formel. Le Tourisme, sinistré à cause de la crise sanitaire, était déjà en difficulté », a-t-il précisé en fustigeant : « Tout cela est accompagné par des tiraillements politiques qui ne servent pas les intérêts des citoyens ». Revenant sur la loi de Finances 2021, adoptée le 10 décembre 2020 par le Parlement, l'expert a mis en garde contre l'augmentation inédite du taux de pression fiscale. A lire également A télécharger – La version adoptée de la Loi de finances 2021 « Le problème est que la répartition de la fiscalité n'est pas équitable : certaines personnes payent 40% d'impôts et d'autres sont des évadés fiscaux. Ceci crée une frustration et encourage de plus en plus l'évasion fiscale ! Ainsi, face à l'augmentation du taux de pression fiscale, il n'y a pas d'amélioration des services fournis aux citoyens », a-t-il expliqué. M. Ben Salah note que les experts appellent chaque année à la réforme fiscale indiquant : « Nous avons même élaboré en 2014 un document détaillant un dispositif complet de la fiscalité (la diminution de la pression fiscale, la numérisation, la modernisation des ressources humaines, la simplification des procédures) ». L'expert a conclu que certaines procédures fiscales n'étaient pas appliquées et d'autres non susceptibles d'être appliquées. « Certaines procédures ont été mises en place sans mener une étude d'impact (sur l'Etat et le pouvoir d'achat des citoyens). Au lieu de permettre d'avoir des financements, celles-ci servent à tuer plus d'entreprises ou faire pression sur le pouvoir d'achat des Tunisiens », dit-il.