Le leader de Qalb Tounes, patron de Nessma et ancien candidat à la présidentielle en 2019, Nabil Karoui, a été convoqué, jeudi 24 décembre 2020 par le juge d'instruction du pôle judiciaire économique et financier. Entendu dans le cadre d'une affaire de suspicion de corruption et blanchiment d'argent, qui date de 2016, il a été placé sous mandat de dépôt et il demeure, à l'heure actuelle, en détention préventive. Une mission d'expertise avait été ordonnée par le juge d'instruction et le rapport des experts a fait ressortir la somme de 143 millions de dinars « d'origine non justifiée », selon des sources judiciaires citées par Mosaïque Fm.
Son avocat, et membre de son comité de défense, Nazih Souii, a expliqué la veille sur la chaîne Nessma Tv, que l'affaire était encore au stade de l'instruction. Il a réfuté les accusations d'« évasion fiscale », affirmant que « aucun millime n'avait transité vers l'étranger et aucun millime n'est resté non justifié », ajoutant que « les chiffres faramineux véhiculés par certains sont totalement erronés ». Dans une déclaration à Shems Fm, ce matin, l'avocat a expliqué que les biens de son client n'ont pas été confisqués, contrairement à ce qui se dit, ajoutant que les avoirs de Nabil Karoui avaient été gelés et qu'il faisait l'objet d'une interdiction de voyage. A lire également Vérités et mensonges sur Nessma et Nabil Karoui
Il s'agit de la deuxième arrestation de Nabil Karoui depuis 2019. En août dernier, alors qu'il était en pleine campagne pour le deuxième tour de la présidentielle face à Kaïs Saïed [ndlr qui finira par remporter le scrutin], Nabil Karoui a été arrêté dans le cadre de la même affaire. Il fut libéré à peine quatre jours avant le jour du vote et participe au débat télévisé de l'entre-deux-tours face à Kaïs Saïed.
A lire également Nabil Karoui à I Watch : On n'a pas que ça à faire ! L'affaire a été initiée en 2016 par l'ONG I Watch qui a déposé une plainte l'accusant de blanchiment d'argent et d'évasion fiscale. Antenne tunisienne de Transparency International, l'organisation avait accusé les frères Karoui dans un rapport daté du 10 juillet 2016. La plainte en question accuse Nabil Karoui de « blanchiment d'argent » mais aussi d'avoir « profité des facilités permises par sa fonction ». Il est aussi accusé d'avoir « intentionnellement préparé des faux comptes et de faux documents comptables dans le but de fausser ses impôts et de profiter d'avantages fiscaux ». Le document présenté par I Watch accuse également le patron de Nessma d'avoir « effectué des opérations de transfert de biens à autrui dans le but d'éviter, totalement ou partiellement, le remboursement de dettes fiscales », ainsi que des opérations « de fraude et complicité de fraude ».
En réaction, le groupe Karoui avait déposé 21 plaintes contre l'ONG l'accusant de diffamation.
R.B.H A lire également Nabil Karoui convoqué par le pôle judiciaire financier Affaire Nabil Karoui - Oussama Khelifi : Yebta Chwaya !