L'ancienne porte-parole de la présidence de la République – sous le mandant de feu Béji Caïd Essebsi –, Saïda Garrach a réagi, samedi 6 février 2021, à la fermeture des accès à l'avenue Habib Bourguiba tôt le matin en prévision des manifestations qui devaient se tenir à l'occasion de la commémoration du 8e commémoration de l'assassinat du leader de la gauche Chokri Belaïd. Saïda Garrach a dénoncé, dans une publication sur Facebook, le dispositif sécuritaire déployé par le ministère de l'Intérieur soulignant que cela rappelle les pratiques de Ben Ali et les évènements du 9 avril 2012 alors que la Troïka était au pouvoir. Elle a, dans ce sens, mis en garde contre un retour à la répression. « Prenez garde ! Le peuple s'est révolté et a fait chuter Ben Ali. Il s'est révolté et a fait chuter la Troïka ». « Défendre les droits et les libertés et une question fondamentale qui n'a aucun lien avec le fait d'être au pouvoir ou en dehors. La répression est un indicateur de faiblesse (…) Le pays passe par une phase délicate. Il faut donc éviter d'aggraver la situation davantage en empêchant les gens de commémorer le martyr Chokri Belaïd qui a été assassiné pour ses idées et son patriotisme par les mêmes terroristes, ceux qui ont tué citoyens et soldats », a-t-elle ajouté. « Il faut éviter de saper la réconciliation entre les citoyens et les forces de sûreté en poussant ceux-ci à faire face au peuple au lieu de se concentrer sur la lutte contre le terrorisme. La Tunisie a changé et la répression s'achève, souvent, par l'éviction de ses instigateurs », a-t-elle soutenu.
La Tunisie commémore en ce 6 février 2021 le 8e anniversaire de l'assassinat de Chokri Belaïd. A l'occasion le ministre de l'Intérieur par intérim, Hichem Mechichi – lui-même chef du gouvernement en place – a déployé les forces de sûreté à des kilomètres à la ronde bloquant l'accès à l'avenue Habib Bourguiba depuis les petites artères latérales. Des barrages ont été installés et les citoyens qui souhaitaient accéder à cette grande avenue du centre-ville ont dû subir interrogatoire et fouille. A lire également Manifestations au centre-ville – Des avocats agressés par la police !
Cela n'a, cependant, pas empêché les manifestants de se rassembler pour revendiquer la vérité et réclamer la sanction des responsables et auteurs de l'assassinat de Chokri Belaïd. Des centaines de citoyens, politiciens, syndicalistes et militants ont investi les rues environnantes dans le centre-ville en hommage et à la mémoire de Chokri Belaïd. N.J. A lire également La photo de la honte : Abdennaceur Aouini assailli par la police