La présidence de la République a reçu des Emirats Arabes Unis un don de mille doses de vaccin (Soit 500 vaccins, chaque vaccin comprenant deux doses) contre le Covid. A cette heure, on ne sait pas qui a profité de ce don. Il aura fallu des fuites sur Facebook, relayées par des députés puis par des médias pour que le nouveau scandale des vaccins éclate au grand jour. Les Emirats Arabes Unis ont envoyé à la présidence de la République un don de mille doses de vaccin contre le Covid et cette dernière a préféré taire l'histoire et n'en parler à personne. Ni au public, à travers un communiqué ou une déclaration médiatique, ni au gouvernement. Du coup, ce sont les surenchères sur les réseaux sociaux où l'on dit et répète que les trois présidences ont profité, avec leurs proches, du don émirati. C'est ce qui arrive, tout le temps, quand on ne communique pas, comme l'exige le b.a.ba de toute démocratie.
D'après un communiqué publié ce matin du lundi 1er mars 2021, la présidence du gouvernement affirme ne pas être au courant du don émirati. En clair, elle a appris le scandale, comme tout le monde, sur les réseaux sociaux. Elle demande d'ouvrir une enquête pour jeter toute la lumière sur les circonstances de l'arrivée de ces vaccins. A lire également Don de vaccins - La présidence du gouvernement ouvre une enquête La présidence du Parlement a réagi d'une manière indirecte via le post Facebook de l'un des conseillers de Rached Ghannouchi qui a déclaré que le président du parlement n'a reçu aucun vaccin. Puis, l'ARP a enchaîné avec un communiqué officiel reprenant les mêmes informations. A lire également Wassim Khadraoui : Rached Ghannouchi n'a reçu aucun vaccin ! Reste la présidence de la République par qui le scandale était arrivé. Cette dernière affirme que le département présidentiel a bel et bien reçu le don en question, mais parle de cinq cents doses seulement et non de mille. Ces vaccins ont été transmis tout de suite à la direction générale de la santé militaire, affirme la présidence de la République qui souligne qu'aucun membre de la présidence n'a été vacciné. A lire également Présidence de la République : Oui, nous avons bien reçu 500 vaccins !
Il y a là quatre soucis. La crédibilité de la présidence de la République est entachée et cette histoire des vaccins vient en rajouter une couche. Depuis la vraie fausse affaire de la tentative d'empoisonnement du président de la République et de l'évanouissement de sa cheffe de cabinet, on ne prend plus pour de l'argent comptant ce que dit la présidence de la République. Le deuxième souci est que la présidence n'a pas communiqué de son propre chef sur le don émirati. Elle a attendu que le scandale éclate sur les réseaux sociaux pour publier un communiqué expéditif de quelques lignes. Pourquoi la présidence n'a rien dit sur ce don, alors qu'elle s'empressait de communiquer, par le passé, sur des banalités ? Pourquoi n'a-t-elle rien dit au gouvernement, qui ne peut pas ne pas être informé. On sait que Carthage est en conflit avec la Kasbah, mais ceci ne justifie nullement que l'on joue avec les institutions de l'Etat ! Le troisième souci est dans le fond du communiqué expéditif lui-même. Ce communiqué s'est suffi de répondre à la polémique sur les réseaux sociaux et n'a pas donné des détails importants. Quelle est la marque de ces vaccins, comment ont-ils été transmis, quand est-ce qu'ils ont été transmis, leur stockage est-il conforme aux normes sanitaires draconiennes exigées ? Le quatrième souci, et il est le plus grave, c'est que les vaccins n'ont pas dû être envoyés au département de la santé militaire qui n'a rien à voir avec le sujet, mais plutôt à la commission de lutte contre le Covid. Cette commission, dépendante du ministère de la Santé (et donc du gouvernement) est la seule apte à gérer les vaccins. En envoyant les vaccins offerts par les Emiratis aux militaires, la présidence de la République affirme attendre que leur efficacité soit prouvée. Ceci est également faux, car c'est à la commission anti-Covid d'opérer ce genre de vérifications et non aux militaires. En tout état de cause, c'est au département de la Santé d'accorder la fameuse AMM (autorisation de mise sur le marché) et non au département militaire.
Ces derniers mois, dans plusieurs pays au monde, il y a eu des démissions de plusieurs ministres qui ont joué des passe-droits pour se faire vacciner avant leur population. En Tunisie, la présidence de la République affirme ne pas avoir usé de passe-droit et que personne n'a été vacciné. Une affirmation difficile à croire, après l'affaire de l'enveloppe empoisonnée, et quand on voit le président de la République multiplier un peu partout les bains de foule, comme s'il était immunisé contre le Covid. Quoi qu'il en soit, la présidence de la République va chercher à étouffer ce nouveau scandale comme cela est arrivé avec l'histoire de l'enveloppe empoisonnée montée de toutes pièces.
R.B.H A lire également Don de vaccins - Ayachi Zammel : Je démissionnerai si aucune enquête n'est ouverte !