L'universitaire et ancien ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Hafedh Laamouri, est revenu, lors de son intervention à la Radio Nationale, mardi 1er juillet 2025, sur la question de l'intégration des agents de sous-traitance dans la fonction publique. Un chantier social majeur, selon lui, mais qui nécessite un encadrement rigoureux pour garantir son efficacité et sa pérennité. Hafedh Laamouri a rappelé les conditions précaires dans lesquelles travaillaient, jusqu'ici, les agents recrutés via des sociétés de sous-traitance dans les institutions publiques. « Ces agents n'avaient aucun sentiment d'appartenance à leur lieu de travail. Ils craignaient en permanence d'être licenciés ou sanctionnés, et ce climat d'instabilité pesait lourdement sur leur moral et leur rendement. » Avec l'intégration décidée par le président de la République, un pas important est franchi vers la reconnaissance de leur rôle. Mais cette régularisation, selon Hafedh Laamouri, ne doit pas être vue comme une fin en soi : « Elle doit inciter les agents à s'impliquer davantage, à défendre l'intérêt de leur institution et à améliorer les services rendus aux citoyens. » Fort de son expérience à la tête de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) entre 2011 et 2014, Hafedh Laamouri met toutefois en garde contre les effets pervers de cette titularisation s'il n'y a pas un suivi adéquat. « J'ai constaté que certains agents devenaient moins productifs une fois intégrés. Ils perdaient leur rigueur, prenaient davantage de congés maladie et se sentaient intouchables. » Pour lui, cette régularisation devrait au contraire renforcer leur motivation : « Aujourd'hui, vous êtes des agents permanents, vous êtes 'de la maison'. Vous devez défendre votre institution car son avenir est aussi le vôtre. » L'ancien ministre appelle les syndicats à faire preuve de responsabilité : « Qu'ils défendent ceux qui ont réellement droit à une protection. Pas ceux qui enfreignent les règles ou abusent du système. » Il souligne également que la titularisation ne signifie pas l'impunité : « Le licenciement demeure possible dans le cadre légal. Il ne faut pas croire qu'un poste est définitivement acquis. » Interrogé sur les salaires de juin encore calculés selon l'ancien statut, Hafedh Laamouri a apporté des précisions juridiques. Le décret d'intégration est entré en vigueur cinq jours après sa publication le 17 juin. Les procédures administratives étant encore en cours, la régularisation salariale se fera rétroactivement à travers un rappel. « Il faut faire preuve de patience. Les agents concernés seront payés comme tous les autres agents des établissements publics, sans distinction », conclut l'ancien ministre.