Le gendre de Rached Ghannouchi et dirigeant d'Ennahdha, Rafik Abdessalem, a estimé que le président de la République Kaïs Saïed n'accepte pas les résultats des élections et veut créer un paysage politique à sa convenance, en écartant les partis élus pour offrir la gouvernance à des partis minoritaires. Au micro du Mohamed Yousfi dans l'émission Houna Tounes sur Diwan FM, M. Abdessalem a repris pratiquement les mêmes idées exposées la veille par le président du conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, Abdelkarim Harouni.
Ainsi, dirigeant nahdhaoui a expliqué que le dernier discours du chef de l'Etat n'a pas dérangé que Ennahdha mais d'autres parties prenantes et ce qui est dérangeant est le fait que le président s'octroy le rôle de juge et partie. Kaïs Saïed a aussi entravé les traditions politiques en voulant mettre sous son joug les forces de sureté qui sont normalement du ressort du chef du gouvernement, a-t-il affirmé, en soutenant que l'objectif de ce dernier est d'élargir ses prérogatives pour imposer un régime présidentiel. Pour Rafik Abdessalem, le chef de l'Etat a un problème avec le système politique, la Constitution, le Parlement et qu'on ne peut pas le laisser expliquer la Constitution à sa convenance car la Tunisie est un Etat de loi et d'institutions.
Réagissant aux déclarations de certains sur une campagne d'arrestation orchestrée par le président Saïed et visant des élus et des politiciens, dont lui-même, le gendre de Rached Ghannouchi a mis en garde le chef de l'Etat contre une tentative d'utiliser la justice pour se débarrasser de ses opposants politiques. Et de marteler que toutes les dictatures ont préventu combattre la corruption pour parvenir à leurs fins, en impliquant leurs opposants dans des dossiers fabriqués de toutes pièces.
S'agissant de la virulence de ses attaques sur les réseaux sociaux contre le président de la République, le dirigeant nahdhaoui a assuré qu'il n'avait pas de conflit personnel avec lui, mais qu'il s'exprimait en tant que citoyen tunisien. Et d'expliquer qu'il est resté silencieux pendant plus d'un an mais que face aux graves atteintes commises par le chef de l'Etat et les menaces envers les acquis des dix dernières années, il ne pouvait plus se taire. Il a précisé, dans ce cadre, que le plus grand problème du président est sa vision et son projet politique populiste qui refuse le système politique et veut instaurer un régime présidentiel. Ainsi, le président n'accepte pas les résultats des élections et veut créer un paysage politique à sa convenance, en écartant les partis élus pour offrir la gouvernance à des partis minoritaires : il a ses soutiens politiques et veut choisir le chef du gouvernement et les ministres régaliens, le tout sous le couvert de la Constitution.