#SayHerName, #HerNameIsRefka… C'est ainsi que les internautes tunisiens ont dénoncé le meurtre conjugal commis sur la personne de Refka Cherni par son mari, un agent de la Garde nationale. Le drame a eu lieu dimanche 9 mai 2021 dans une localité du gouvernorat du Kef deux jours après que la jeune femme a retiré une plainte déposée contre son époux pour violence conjugale.
A peine la nouvelle diffusée dans les médias, les internautes tunisiens se sont rués sur leurs claviers pour condamner cet acte odieux pointant du doigt la responsabilité des autorités judiciaires et sécuritaires.
Selon les témoignages des proches de la victime, celle-ci s'était plainte à plusieurs reprises de la violence de son époux mais – étant un agent de la Garde nationale – ses collègues ont toujours su le protéger contre la loi.
« Un flic violent ... une épouse qui se plaint ... une justice qui l'ignore ... la gifle devient un coup de feu ... mort s'en suit ... TRAGIQUE .... ». En ces mots s'est exprimé l'homme de média, Mehdi Kattou, mettant en évidence la négligence du système judiciaire face à cette affaire ou l'évolution de la violence physique dans la sphère familiale a conduit à ce crime odieux.
La militante et avocate, Bochra Belhadj Hamida a, elle, communiqué un chiffre glaçant. « Plus que 80 pour cent des femmes qui ont été assassinées par leurs partenaires ou ex partenaires s'avèrent avoir déjà porté plainte ou signalé des violences », a-t-elle écrit sur Facebook.
L'écrivaine et universitaire Olfa Youssef a, de son côté, souligné qu'il ne faudrait jamais accorder de seconde chance à un homme violent. « Ne réfléchissez point, ne discutez point, n'essayez pas de trouver des excuses, ne vous dites pas qu'il pourrait changer… dès la première manifestation de violence, éloignez-vous, partez… », a-t-elle lancé à l'adresse de ses étudiantes.
Une autre internaute a fait porter le chapeau à notre culture, éducation, et aux enseignements coraniques. « Refka Cherni a été tuée par balles. Mais, tous sommes impliqués dans son meurtre. Nous avons tous normalisé avec la violence », a écrit Anah, citant des dictons populaires du type « celle qui patiente verra son foyer prospérer ».
Cette même internaute n'a pas manqué de rappeler l'incidence des violences quotidiennes entre les députés et dont le citoyen est témoin et celle des séries télévisées qui sont – à son sens – vecteur indéniable de la violence.