Le doyen de l'Ordre des ingénieurs tunisiens, Kamel Sahnoun, est revenu, mercredi 26 mai 2021, sur la grève ouverte des ingénieurs du secteur public. Cet acte de protestation contre les tergiversations du gouvernement quant à l'application des accords signés le 16 février et portant sur les augmentations salariales se poursuit depuis deux mois. Invité de Hatem Ben Amara dans la matinale de la Radio nationale, le responsable a assuré que certaines parties du gouvernement Mechichi estimaient n'avoir aucun besoin des ingénieurs. « A leurs yeux, nous n'avons pas de poids dans l'économie nationale. Faites ce que vous entendez, nous a-t-on dit », a-t-il ajouté précisant que la grève des ingénieurs se poursuivra jusqu'à ce que les accords signés le 16 février soient mis en application.
Il a expliqué, dans ce sens, que seules 93 sur les 250 des entreprises concernées par les accords signés avaient bénéficié des augmentations conclues.
Admettant qu'une grève de deux mois était excessive, Kamel Sahnoun a, toutefois, assuré qu'en aucun cas les ingénieurs ne prendraient en otage les citoyens. « Nous nous devons, cependant, d'utiliser les moyens de pression dont nous disposons pour que le gouvernement applique sur quoi il s'est engagé », a-t-il indiqué.
Le doyen de l'Ordre des ingénieurs tunisiens a signalé que ce gouvernement « bureaucrate » n'était pas conscient de la problématique rappelant que le gouvernement avait réagi à la grève des ingénieurs en coupant leurs salaires du mois de mai, ce qui, à son sens, était illégal. « Nous n'avons rien contre le fait de couper nos salaires, mais il y a tout de même des règles d'application », a soutenu Kamel Sahnoun notant que plusieurs autres employés d'autres secteurs d'activité étaient aussi en grève – sans préavis – et leurs salaires n'avaient, pourtant, pas été touchés.
« Le secrétaire général du gouvernement a harcelé les directeurs généraux des entreprises publiques et a fait pression pour que les salaires des ingénieurs grévistes soient coupés à 100% », a-t-il fait savoir.
Interpellé sur la réaction des ingénieurs à la retenue de salaires, Kamel Sahoun a affirmé qu'un sit-in de protestation à la Kasbah serait organisé et que des plaintes seraient déposées contre les directeurs généraux des entreprises.
L'Ordre des Ingénieurs tunisiens a, rappelons-le, organisé, le 18 mars 2021, une journée de colère à la place de la Kasbah, pour dénoncer l'inaction du gouvernement face à leurs revendications. Les protestataires revendiquent une augmentation salariale qui varie entre 450 et 750 dinars et la mise en œuvre de l'accord sur une subvention spéciale.