Le membre du bureau exécutif d'Ennahdha, Ajmi Lourimi, s'est interrogé sur l'absence de Rached Ghannouchi des médias alors que le pays passe par une crise multidimensionnelle. Dans un statut publié sur Facebook lundi 21 juin 2021, le politicien a exprimé son souhait de voir le leader du parti donner « un discours franc et porteur d'espoir ». Selon ses dires, plusieurs – de l'intérieur mais aussi de l'extérieur d'Ennahdha – s'attendent depuis une longue période à une apparition médiatique de Rached Ghannouchi pour rassurer le pays.
« Nous aimerions avoir un discours franc et porteur d'espoir sur les pouvoirs, les institutions autour du gouvernement et leur devenir, sur la crise et les solutions pour en sortir, sur la réconciliation nationale et ceux qui la bloquent, sur la justice transitionnelle et son intérêt pour la stabilité du pays, sur le développement, les réformes, la reprise économique, la Constitution, la loi électorale, et la finalisation de l'installation des instances constitutionnelles ; la Cour constitutionnelle en premier, sur la relation entre le cheikh et Kaïs Saïed, les récents développements dans la région et leur impact sur notre pays, les phénomènes de populisme, d'exclusion et de consens entre la mouvance islamiste et la mouvance nationale, sur les jeunes et leur participation à la vie politique, les partis, les élites, les médias et leur rôle (…) », a-t-il écrit.
« Chaque apparition médiatique du professeur Rached apporte du nouveau et ouvre les horizons face à la montée des craintes de scenarii terrifiants (Grèce, Liban, Yémen…) (…) L'homme des défis, des réformes, des réconciliations se doit aujourd'hui de se montrer fidèle à son projet et ses promesses, d'être plus grand que ses adversaires et ses opposants et plus disposé à trouver le commun national. Nous n'attendons pas de lui qu'il cède, mais une initiative courageuse, une position claire vis-à-vis d'un gouvernement qui n'a pas su convaincre, de l'initiative de l'UGTT, et une volonté de commencer une nouvelle page avec le Président, de lutter contre la corruption, et d'exprimer ses attentes du prochain Congrès du parti. La lucidité et la franchise de Ghanouchi – figure centrale de l'équation de la gouvernance et de la construction – sont demandées en ces circonstances tant en interne qu'à l'échelle régionale. Peu importe que nous soyons d'accord ou pas avec lui, mais il nous faut connaitre son approche face à la situation du pays et des préoccupations des Tunisiens », a-t-il ajouté.
Les apparitions de Rached Ghannouchi se font rares. Sa dernière déclaration au sujet du dialogue national remonte à mars 2021. Bien qu'il s'est dit en faveur du dialogue, le président du Parlement et leader d'Ennahdha n'a fait preuve d'aucune initiative pour débloquer la situation et pousser vers l'engagement des discussions dans l'absence de communication entre le Bardo et Carthage.