Le député, membre du bureau exécutif et président du comité de gestion de la crise politique du mouvement Ennahdha, Mohamed Goumani, a déclaré : « Nous comprenons les raisons derrière l'annonce des mesures exceptionnelles, mais, nous demandons plus de clarté quant à la période à venir. Nous voulons apporter notre aide au président de la République ». Invité par la radio Mosaique FM, Mohamed Goumani a déclaré que le mouvement Ennahdha a besoin de se reconstruire parce qu'il ne doit plus penser à défendre une identité et les libertés. « Ennahdha doit se focaliser sur la croissance économique, l'emploi et le chômage. Le slogan ''l'islam est la solution'' n'est plus à l'ordre du jour. Le parti doit se repositionner sur le plan social, culturel et politique », a-t-il estimé.
Mohamed Goumani a, aussi, affirmé que la position du mouvement Ennahdha, concernant les mesures exceptionnelles, a évolué et non pas changé. Il a, ainsi, affirmé que le mouvement Ennahdha considère toujours que le président de la République n'a pas respecté les dispositions de la Constitution. « Il s'agit d'une question de principe et nous avons réaffirmé ceci dans le communiqué du mouvement du 12 août 2021 et j'ai accepté de présider le comité de gestion de la crise afin de trouver une issue à la crise politique », a-t-il ajouté.
Concernant la crise actuelle en Tunisie, Mohamed Goumani a considéré que la colère du peuple est justifiée mais qu'elle ne doit pas porter atteinte aux acquis de la révolution. « Les acquis de la démocratie avaient gagné du terrain au détriment de ceux des domaines économiques et sociaux, selon le leader du mouvement Ennahdha », a-t-il estimé. Par la suite, Mohamed Goumani a expliqué que tous les acteurs politiques en Tunisie, y compris le mouvement Ennahdha, ont leurs parts de responsabilité dans la crise que traverse la Tunisie… « De plus, Ennahdha a été ciblée par des campagnes médiatiques. Des chaînes arabes se sont mobilisées pour soutenir des partis politiques tels que le Parti Destourien Libre… Je ne pense pas que les contrats de lobbying aux Etats-Unis auraient influencé les élections tunisiennes », a-t-il insisté. « Ennahdha était consciente de la gravité de la crise et de la situation de blocage. C'est pour cela que nous avions proposé la formation d'un gouvernement politique. Nous aurions dû agir rapidement afin de garantir une stabilité politique… Par la suite, le président de la République a pris les devants en annonçant des mesures exceptionnelles. Nous voulons interagir positivement avec la situation tout en préservant le processus démocratique en Tunisie… Le comité de gestion de la crise a pour rôle de gérer la relation avec la présidence de la République, de créer des accords et d'engager les négociations afin de trouver des ententes », a-t-il poursuivi.
Mohamed Goumani a, aussi, rappelé que le mouvement Ennahdha exige la formation rapide d'un nouveau gouvernement à condition que ce dernier soit approuvé par l'Assemblée des Représentants du Peuple. « Nous sommes, également, prêts à réviser les prérogatives et le fonctionnement du parlement afin d'améliorer son rendement et à participer à la tenue d'élections anticipées concernant un changement du régime politique », a-t-il ajouté en faisant référence au même communiqué du 12 août 2021. « Nous soutenons le président de la République dans la lutte contre la corruption et l'amélioration du quotidien des Tunisiens », a-t-il continué. « La seule façon de faire évoluer les choses est de respecter la démocratie… Les défaillances du système électoral et du régime politique nous ont forcés à forger les alliances précédentes… Nous avons été sanctionnés, lors des élections de 2019, à cause de l'entente avec Nidaa Tounes et autres partis politiques… Par la suite, d'autres conflits entres les partis ont continué à amplifier la crise tel que Qalb Tounes qui a refusé de collaborer avec Attayar et d'autres acteurs proches du président qui ont refusé de dialoguer», a-t-il considéré. Pour ce qui est de la présidence du parti, Mohamed Goumani a révélé que le congrès prochain du mouvement Ennahdha sera décisif. « Il apportera un changement important au sein du mouvement », a-t-il assuré.