L'ancien président de la République, Moncef Marzouki, a appelé au limogeage du chef de l'Etat Kaïs Saïed, estimant qu'il est devenu un danger pour le pays, avec l'annonce des dispositions transitoires qu'il considére comme une abrogation de la Constitution.
Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, le politicien a voulu revenir sur un point crucial qui aurait pu échapper aux Tunisiens et qui concerne les dispositions transitoires qui seront mises en place. « Il faut être conscient de la gravité de ce concept. Jusqu'à cette heure, le chef de l'Etat est en train de mentir et de masquer la vérité au peuple tunisien, en prétendant agir toujours dans le cadre de la Constitution. (…) Ce passage aux dispositions transitoires signifie qu'il a gelé la Constitution et qu'il passe à une nouvelle étape de l'abrogation de la Constitution », a-t-il affirmé. Et d'expliquer que « mettre en place des dispositions transitoires revient à promulguer des lois selon la convenance du président de la République en mettant de côté la constitution du pays ». Pour lui, dès que ces dispositions seront promulguées, la constitution sera caduque, et de ce fait Kaïs Saïed aura achevé son coup d'Etat et sa légitimé sera finie. A ce moment se posera le dossier de la destitution et du jugement du chef de l'Etat et de tous ses complices.
Moncef Marzouki a appelé les citoyens, qui ont manifesté contre Saïed samedi dernier, à continuer leur œuvre, comme l'a fait le peuple algérien poussant Bouteflika à la démission. Et d'appeler les sympathisants de Kaïs Saïed parmi le peuple à arrêter de le soutenir. « Je comprends votre colère contre l'ancien système et je la partage. Mais le remède est pire que la maladie et si on le laisse, cet homme va nous conduire à notre perte (le chef de l'Etat, ndlr) », a-t-il soutenu. Il a aussi appelé « les institutions sécuritaires, militaires, judiciaires et médiatiques à se mobiliser pour mettre fin à cette farce ». Et de marteler : « Les députés, qui nous ont mis dans cette situation, doivent reprendre leurs postes et assumer leurs responsabilités. Le président du parlement doit présenter sa démission et être remplacé, suivi d'une période transitoire. Après la destitution du président, le nouveau président du parlement assumera les fonctions du président de la République, selon les dispositions de la constitution, ce qui permettra de faire des élections législatives et présidentielle anticipées et de mettre en place un gouvernement pour cinq ans ainsi qu'un président raisonnable qui œuvrera à unir les Tunisiens. Suite à quoi, il faudra démarrer les chantiers de réformes de la justice, des médias, de l'économie, pour remettre le train sur les rails ».
L'ancien président de la République a estimé que Kaïs Saïed représente « une menace » : « Il faut l'arrêter ! Nous devons tous assumer nos responsabilités, notre rôle est de sauver le pays de cette catastrophe qui s'abat sur nous tous », a-t-il souligné.
Pour rappel, le président de la République avaient annoncé, lors de son discours lundi 20 septembre 2021 à Sidi Bouzid, que « les mesures exceptionnelles vont se poursuivre, des mesures transitoires ont été mises en place, un chef de gouvernement va être désigné et un nouveau Code électoral sera mis en place. Le monde entier doit savoir que les droits et les libertés seront respectés et que la souveraineté est au peuple ».