Le juge et président de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmaidi a affirmé qu'il n'y a pas eu de grande réforme au niveau de la justice tunisienne. « Plusieurs mécanismes n'ont pas été activés ou instaurés. C'est le cas de l'Inspection générale du ministère de la Justice… L'inspecteur général du ministère de la Justice dissimule des dossiers », a-t-il déclaré. Invité jeudi 7 octobre 2021 par la radio Mosaïque FM, Anas Hmaidi a considéré que la création d'un gouvernement était indispensable pour entamer une réforme et une lutte contre la corruption au sein de la justice tunisienne. « Nous devons, également, avoir un ministère de la Justice audacieux, courageux et maîtrisant son département », a-t-il insisté. La réforme doit être institutionnelle, selon lui. « Nous devons améliorer le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et le conserver. Il s'agit de l'un des acquis de la démocratie… Néanmoins, ces réformes doivent être inclusives et non-pas parachutées de façon verticale… Les politiciens essaient de réformer la justice en gardant des brèches leur permettant de la contrôler », a-t-il précisé. La situation exceptionnelle actuelle, selon lui, permettra à la Tunisie de passer vers la réforme. « Le CSM doit procéder à la lutte contre la corruption au sein de la justice tunisienne… Il nous faut réviser les critères d'éligibilité au CSM puisque ceux-ci n'avaient pas pris en considération l'honnêteté et l'intégrité des juges… Un lobby, soutenu par des partis, des politiciens et des hommes d'affaires, essaie de contrôler la justice et a réussi à s'imposer au sein du CSM », a-t-il dit. Anas Hmaidi a déploré la présence de juges corrompus au sein du CSM. Il a appelé à transmettre les dossiers de ces juges au conseil de la justice judiciaire afin de se prononcer. Anas Hmaidi a, également, souligné l'importance de dresser un bilan au niveau des pôles judiciaires. « Nous devons étudier leur fonctionnement et l'attitude des juges d'instruction au sein de ces structures », a-t-il expliqué. « Nous ne voulons pas d'une justice influencée par la situation politique. Nous cherchons à instaurer une justice qui appliquera la loi de la même façon quelle que soit la situation », a-t-il insisté. « Nous aurions aimé entendre la réponse du président du CSM face aux accusations du président de la République… Si Kaïs Saïed est en possession de dossiers de corruption concernant des juges, nous l'appelons à les transmettre à la justice afin d'ouvrir une enquête », a-t-il réagi à l'allocution du président de la République lors de son entretien du 4 octobre 2021 avec le président du CSM, Youssef Bouzakher.
Par la suite, Anas Hmaidi a appelé le président de la République à entamer le dialogue avec les juges, ainsi que l'ensemble des acteurs intervenant dans la justice tunisienne. Anas Hmaidi a critiqué la lenteur dans la publication du mouvement annuel des magistrats par la présidence de la République. « Nous voulons que le président le fasse afin d'entamer une révision », a-t-il expliqué.