L'Observatoire national de la migration (ONM), l'Institut national de la statistique (INS) et le Centre international du développement des politiques migratoires (ICMPD) ont révélé les résultats de l'Enquête nationale sur la migration internationale 2020 en Tunisie : Tunisia Hims 2020. L'enquête, financée par le Fonds fiduciaire d'urgence (FFU) de l'Union européenne (UE) en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique, a été menée dans un contexte particulier, celui de l'instabilité politique et de la crise économique profonde accentuée par la crise sanitaire du Covid-19.
Selon l'enquête Tunisia Hims 2020, 20% des non migrants, c'est-à-dire des Tunisiens qui résident en Tunisie et qui n'ont pas résidé plus de trois mois à l'étranger, ont l'intention d'émigrer. Cette proportion est constituée de 50,4% d'hommes âgés entre 15 et 24 ans et de 34% de femmes de la même tranche d'âge. 18,5% des non migrants souhaitant émigrer sont professionnellement occupés, 35,8% d'entre eux sont au chômage et 36,6% sont célibataires. 14,3% des migrants potentiels, soit 3% des non migrants, ont déjà entamé les démarches pour réaliser leur projet. 78,4% souhaitent émigrer pour rechercher de l'emploi et de meilleures conditions de vie et 66,3% choisissent l'Europe comme destination potentielle. Chiffre aussi édifiant, 5,5% des non migrants disent être prêts à l'émigration irrégulière si la démarche légale n'aboutit pas. Ils sont à 9,1% des hommes et 2,2% de femmes. Pour ce qui est des migrants actuels, soit 566 mille individus de plus de quinze ans qui ont vécu en Tunisie et qui sont aujourd'hui installés à l'étranger depuis plus de trois mois, 50% d'entre eux ont émigré depuis 2010. Entre 2015 et 2020, 39.000 ingénieurs et 3.300 médecins ont quitté la Tunisie pour des pays étrangers, le plus souvent pour l'Europe. Un tiers des migrants actuels ont un niveau d'études supérieur.