L'avocat et vice-président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (LTDH), Bassem Trifi, est revenu, mardi 4 janvier 2022, sur l'arrestation du dirigeant islamiste et ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, dans le cadre d'une affaire d'octroi illégal de passeports et certificats de nationalité. Noureddine Bhiri a été arrêté vendredi 31 décembre 2021 et assigné à résidence dans un lieu inconnu sur instruction du ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine. Il a ensuite été transféré à l'hôpital Habib Bougatfa dans le gouvernorat de Bizerte après un malaise. Il aurait été admis au service de cardiologie dans la nuit de dimanche à lundi 3 janvier 2022.
Invité de la Matinale de Myriam Belkadhi sur Shems FM, Bassem Trifi a critiqué le déroulement de l'arrestation de Noureddine Bhiri notant que l'assignation à résidence était une mesure inconstitutionnelle bien que légale en vertu du décret de 1978. Il a avancé que l'arrestation de l'ancien ministre de la Justice aurait pu se dérouler dans le respect total des droits de l'Homme si on avait eu recours aux dispositions du code des procédures pénales. Cela aurait pu éviter tout le tohu-bohu qu'il a y eu autour de cette affaire, selon le vice-président de la LTDH. Il a expliqué, dans ce sens, que le respect des procédures permettrait, avant tout, de protéger les victimes et surtout éviter que des affaires dangereuses soient classées pour vice de procédures. Le vendredi 31 décembre dans la foulée de l'arrestation de Noureddine Bhiri, des membres d'Ennahdha et des avocats adhérents de la section de Tunis de l'Ordre national des avocats (Onat) ont crié au scandale qualifiant l'opération de kidnapping. Des accusations tous azimuts ont, d'ailleurs, fusé sur les réseaux sociaux et les plateaux des médias tunisiens.
Interpellé sur le point de presse organisé par le ministère de l'Intérieur au sujet de l'arrestation du dirigeant nahdhaoui, Bassem Trifi a salué la transparence dont a fait preuve Taoufik Charfeddine notant, toutefois, qu'il aurait dû communiquer les détails de l'affaire plus tôt afin d'éclairer l'opinion publique d'un côté et permettre aux organisations nationales de construire des positions sur la base d'éléments concrets.
Taoufik Charfeddine s'est adressé, dans la soirée de lundi, aux médias et citoyens tunisiens pour expliquer l'affaire. Il a affirmé que les assignations à résidence avaient été décidées sur la base de procès verbaux dans une affaire d'octroi illégal de certificats de nationalité expliquant que certains avaient été accordés à une date antérieure à l'obtention d'un extrait de naissance. Des personnes de parents de nationalités étrangères ont, également, eu de la même façon, la nationalité tunisienne. « Ce sont des crimes très graves qui peuvent porter atteinte à la sécurité de l'Etat », a souligné Bassem Trifi avant de soulever des interrogations sur la vraie nationalité des djihadistes en Syrie présumés tunisiens et ceux qui ont commis des attentats ailleurs dans le monde alors qu'ils détenaient un passeport tunisien. Le vice-président de la LTDH a, par ailleurs, avancé que cette affaire expliquerait, entre autres, l'acharnement du mouvement islamiste pour obtenir et garder les portefeuilles de l'Intérieur et de la Justice depuis son arrivée au pouvoir en 2011 notant qu'Ennahdha devrait répondre de ces actes notamment dans les dossiers des assassinats politiques et de l'appareil secret.