La présidente du parti destourien libre (PDL) Abir Moussi a attaqué, jeudi soir 27 janvier 2022, frontalement le président de la République Kaïs Saïed suite à un communiqué qu'elle jugé insultant à la mémoire de l'ancien président Habib Bourguiba, de son œuvre et des destouriens. Le chef de l'Etat s'était entretenu dans un appel téléphonique avec le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) Noureddine Taboubi, pour commémorer le 44ème anniversaire de la grève générale de 1978. A l'issue de cet entretien, un communiqué a été publié dans lequel on affirme : « Certains sont encore nostalgiques des jours sombres, les jugent brillants bien que des centaines de martyrs soient tombés et qu'il y a eu un grand nombre de blessés outre le musellement des voix ainsi que la déformation des faits et de l'histoire ». Des propos qui ont fait sortir Abir Moussi de ses gonds : « Bourguiba est une ligne rouge ! Il est le père de tous les Tunisiens, mais il ne nous a jamais mis dans cette situation sombre qu'on vit aujourd'hui ! ». Et de marteler que personne ne peut se comparer à lui. « Bourguiba a œuvré avec ses camarades pour que le drapeau tunisien flotte haut et pour que la voix de la Tunisie pèse. Il a eu des positions fortes devant les plus grands pays du monde et nous a rendus fiers. Aujourd'hui, nous sommes devenus un peuple affamé, un Etat en faillite, et on parle de nous comme un pays des plus pauvres du monde et des plus ignares », a-t-elle ajouté.
Dans une vidéo diffusée en direct sur sa page Facebook, la présidente du PDL a assuré : « Vous ne pourrez pas nous faire oublier les jours sombres qu'on est en train de vivre ». Et de soutenir : « Aujourd'hui nous sommes dépassés, nous ne trouvons pas les vaccins, les médicaments et les produits de base comme le sucre, l'huile, le pain et la farine. Vous avez démoli tout ce que Bourguiba a mis en place et vous voulez porter atteinte à Bourguiba et au mouvement national ainsi qu'à la relation entre le PDL et l'UGTT. Tous les jours vous prouvez que votre problème est avec les dostouriens et non pas avec les islamistes, que votre problème est avec le "zaïm" Bourguiba et que vous avez l'espoir d'entrer dans l'histoire comme lui ».
Pour elle, le chef de l'Etat ne parviendra pas à faire oublier cette période aux Tunisiens. « Informez ce souverain qui nous a privés de nos droits les plus élémentaires de déposer des recours contre ses décisions illégales, que les fils et petits-fils du "zaïm" ne permettront pas que la République tunisienne se transforme en modèle iranien ou en califat », a-t-elle affirmé, en mettant au défi le chef de l'Etat d'interrompre la réunion virtuelle prévue jeudi 27 janvier 2022 par Rached Ghannouchi.