Le chef de l'Etat, Kaïs Saïed a présidé ce jeudi 24 février 2022, le conseil des ministres pour revenir sur plusieurs points, notamment, les alliances actuelles sur la scène politique, mais aussi sur la spéculation, la hausse des prix, le financement étranger des associations… Dans un premier temps, le président de la République a indiqué que l'évolution de la situation en Tunisie avait permis de trier les personnes sincères de celles qui n'aspiraient à des postes et à tirer un profit matériel. « Le jour de l'annonce des mesures du 25 juillet, ils ont applaudi et ils sont sortis danser dans les rues, maintenant, ils rejettent ces mesures ! Qu'ils revoient leurs déclarations et révisent leurs positions. C'est un tri historique qu'on observe ces derniers temps. Ces derniers temps, ils se sont alliés avec l'ancien système dans tous les domaines, notamment, la spéculation et la hausse des prix. Nous allons prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à cette spéculation. Des dizaines ou des centaines d'entrepôts regorgent de produits. L'objectif étant de nuire au peuple. Celui qui s'allie avec ces criminels, ne peut être que leur complice. Ils ont mené le pays à la faillite durant des décennies et dernières années, ils ont vidé ses caisses ». Le président de la République a pointé les réunions à distance effectuées ces derniers temps par les députés, soulignant que certaines constitutions considèrent les réunions tenues en dehors du Parlement comme nulles. Par ailleurs, il a appelé la justice à trancher rapidement sur les délits électoraux recensés dans le dernier rapport de la Cour des Comptes, affirmant que toutes les données sont disponibles et qu'il est nécessaire de rendre un jugement concernant les fraudeurs. «Cela dit, il faut mettre un terme au financement étranger des associations qui sert de couverture pour le financement des partis politique. Personne n'a le droit de s'ingérer dans notre politique et nos choix. Nous allons organiser ce cadre pour les ONG, mais il n'est plus question de laisser les associations servir d'intermédiaires. Que cela soit clair, nous n'accepterons pas le retour en arrière parce que le peuple a rejeté [ces gens-là]». Et d'ajouter : « Nous n'accepterons aucune atteinte aux droits et aux libertés qui sont garanties par la Constitution et nous tenons au respect des conventions et des traités. Toutefois, nous n'accepterons pas, non plus, l'atteinte aux classes démunies. D'ailleurs, j'ai discuté avec la cheffe du gouvernement à propos des négociations avec le FMI. Il y a des lignes rouges et nous ne permettrons pas l'appauvrissement des citoyens ».
Sur un autre plan, Kaïs Saïed a insisté sur son refus de s'ingérer dans la justice. « Encore une fois, le pouvoir est au peuple et tous les autres pouvoirs émanent du peuple. Il s'agit de fonctions indépendantes certes, mais qui ne peuvent se transformer en un pouvoir absolu. Certains magistrats, malheureusement, parlent d'un conseil légitime et d'un autre qui ne l'est pas. Il n'y a un seul conseil. La justice est une fonction, et le juge ne peut être législateur ».
D'autre part, il est revenu sur sa visite à Bruxelles assurant qu'il avait clarifié plusieurs points, malgré les campagnes de diffamations qui se poursuivent jusqu'à maintenant, épinglant la réunion à distance prévue entre les députés tunisiens et les députés européens.
D'autres points ont été évoqués par le chef de l'Etat lors de ce conseil, notamment, la participation insuffisante à la consultation électronique, la nécessité de mettre en place le conseil supérieur de l'enseignement, mais aussi le blackout médiatique autour de la sélection de la Tunisie à la fabrication des vaccins contre le Covid-19. Par ailleurs, il a indiqué que le projet de la réconciliation pénale est quasiment prêt et ne requiert que quelques ajustements. S.H