Aïda Hamdi, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères chargée de la Coopération internationale est introuvable. Ceci n'est pas une blague, personne ne sait vraiment où elle se trouve. Business News a appelé hier le ministère des Affaires étrangères et la réponse, très officielle, a été : « Son bureau est à la Kasbah, pas chez nous. Et puis on est occupés par la cellule de crise de l'Ukraine ». Pourtant, si l'on se réfère à son titre officiel, son bureau devrait être au Nord-Hilton au siège du ministère. Nous avons appelé la Kasbah, devenue une véritable citadelle d'où rien ne filtre depuis l'arrivée de Najla Bouden, et on nous dit que son bureau est fermé depuis dix jours.
Qu'en est-il réellement ? D'après les informations obtenues par Business News, Mme Hamdi est revenue à Paris où elle enseigne à l'université Dauphine. Elle a présenté sa démission il y a un mois et, faute de réponse dans les délais raisonnables, elle est partie. Que s'est-il passé ? Contrairement à d'habitude, les rumeurs ne sont pas nombreuses à ce sujet. Un diplomate tunisien nous dit que la dame était indésirable dès le début. Son ministre, Othman Jerandi, ne voulait pas d'elle depuis le début et il le lui a signifié clairement en l'invitant à aller trouver un bureau ailleurs qu'à son ministère. La raison ? « Elle lui fait de l'ombre, il ne veut pas de quelqu'un mieux calé que lui », nous affirme le diplomate. Quand on compare la biographie de Mme Hamdi à celle de M. Jarandi, on comprend la crainte de ce dernier. Secrétaire générale de la House of Finance, déléguée générale de la chaire Unesco Femmes et science à l'Université Paris Dauphine-PSL, Aïda Hamdi est également experte auprès de la Banque mondiale et de Sigma/OCDE. Elle est diplômée de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) de France et de Tunisie, spécialisée dans la gestion et le pilotage de projets dans le secteur public. Elle a développé une expertise dans le domaine de la réforme de l'administration publique et de l'enseignement supérieur et de la recherche. Elle est diplômée du master management, stratégie et conseil de l'IHEC Carthage ainsi que d'un master coaching et accompagnement de la transformation des organisations de l'université Paris Dauphine-PSL.
La biographie de Othman Jerandi est nettement plus maigre que celle de sa « subordonnée ». Il est juste diplômé en communication… Après une carrière de diplomate en dents de scie, avec des postes d'ambassadeur dans de petites représentations, il a été ministre des Affaires étrangères dans l'un des pires gouvernements de l'Histoire de la Tunisie, celui de l'islamiste Ali Laârayedh en 2013. Qu'il craigne la concurrence de plus compétent que lui est une théorie plausible.
Le fait est que Aïda Hamdi a été « interdite » de bureau au siège du ministère des Affaires étrangères, bien qu'elle ait été nommée dans le gouvernement. Face à ce refus, et cherchant à éviter tout tracas, Najla Bouden l'a accueillie à la Kasbah. Sauf qu'elle n'avait aucune prérogative et elle n'était consultée sur rien. En clair, elle était ministre avec portefeuille, mais sans fonction précise. Elle a bien cherché à attirer l'attention de sa cheffe du gouvernement, mais sans résultat. Après près de cinq mois de « glandage » et de salaire fictif, elle a jeté l'éponge. Elle a préféré partir sur la pointe des pieds, sans faire de vagues.