Le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi a réaffirmé le soutien de la centrale syndicale au processus entamé depuis le 25 juillet et son refus d'un retour en avant. Néanmoins, Noureddine Taboubi a expliqué que l'UGTT ne soutenait pas la prise de décision de façon unilatérale. Invité le 29 mars 2022 par Elyes Gharbi sur les ondes de la radio Mosaïque FM, Noureddine Taboubi a affirmé que personne ne pouvait prendre unilatéralement des décisions relatives au futur du pays. « L'Etat n'appartient à personne ! Il y a un peuple et des organisations ayant contribué à l'écriture de l'histoire de la Tunisie ! », s'est-il exclamé. Il a expliqué que l'UGTT était contre la tenue d'une plénière de l'Assemblée des représentants du peuple. Il a, également, estimé que l'ARP était dissoute et qu'il ne restait au président de la République, Kaïs Saïed, qu'à l'annoncer. Noureddine Taboubi a souligné l'importance de l'élaboration de stratégie et de plans de réformes afin d'améliorer la situation au lieu de se limiter à des slogans et à jouer des sentiments du peuple. « Il y a une crise de confiance… Tout individu doit être responsable de ses choix… Il y a des différences entre les discours et les décisions… Nous devons apprendre de nos erreurs… Nous avons contribué à l'écriture d'une Constitution qui s'est révélée défaillante… Tout individu critiquant la situation d'après le 25 juillet est accusé d'hérésies et de soutenir l'Islam politique… Je ne suis ni avec le système d'avant le 25 juillet ni avec le système actuel… Nous devons nous rallier autour de choix patriotiques servant l'intérêt du pays », a-t-il poursuivi. Le secrétaire général a expliqué que l'UGTT n'envisageait pas la conduite d'un dialogue national sans la participation de la présidence de la République, car ceci n'aura aucun impact. Il a rappelé la proposition de la centrale syndicale avant le 25 juillet de tenir un dialogue sous l'égide du chef de l'Etat. Kaïs Saïed aurait, selon lui, accepté au début cette proposition puis s'est montré réticent par rapport à la chose. Noureddine Taboubi a affirmé que la dissolution du parlement était la seule issue restante face à la situation de blocage actuel. « Nous ne craignons personne ! Nous ne soutenons ni le système d'avant le 25 juillet ni le système actuel… J'avais signalé à Ali Kooli alors qu'il était encore à la tête du ministère des Finances que la Tunisie ne bénéficierait pas du soutien du Fonds monétaire international en raison de la dégradation de la situation. Les institutions financières étaient conscientes de cela… On aurait pu dépasser cette crise et éviter une baisse de la note de souveraineté… L'orgueil et l'ego ont aggravé la Crise… La sagesse et la bonne volonté auraient pu éviter cela ! Il y a eu un conflit entre des personnes au détriment de l'Etat ! Nous ne pouvons pas exclure le président de la République », a-t-il poursuivi. Noureddine Taboubi a souligné l'importance de réviser la législation applicable au parti politique ainsi qu'en matière de droit électoral. Il a réaffirmé son attachement à la dissolution du parlement et à la tenue d'élections législatives anticipées. « Le gouvernement est libre de proposer ce que bon lui semble. De notre côté, nous avons notre propre vision des choses. Il y a un écart entre l'approche du gouvernement et la nôtre. Le ministre des Affaires sociales m'a affirmé que le président de la République était contre la vente des entreprises publiques et la levée des compensations. Néanmoins, le gouvernement est en faveur d'une autre approche », a-t-il déploré. Noureddien Taboubi a affirmé que la crise engendrée par la propagation du Coronavirus a conduit à la perte de plus de 600 mille emplois dans le secteur privé. Le taux de pauvreté a atteint 22% en 2021, selon lui. Il a ajouté que le pouvoir d'achat a enregistré, depuis 2020, une baisse de 12%. « Ce qui coûtait cent dinars en 2015 coûte 227 dinars actuellement… Il n'y a pas eu de croissance ou de création de richesse. Il n'y a pas eu de stabilité politique… L'UGTT est souvent accusée d'être derrière la crise… Prenons l'exemple des entreprises étatiques importantes à l'échelle nationale : compagnie des phosphates de Gafsa et le Groupe chimique tunisien. Depuis la révolution, aucune grève n'a eu lieu au niveau de la première entreprise et un seul préavis de grève a été envoyé par les employées du groupe chimique… J'appelle le président à nous communiquer sa position quant à la situation des entreprises publiques », a-t-il dit. Noureddine Taboubi a estimé que les difficultés subies par les entreprises publiques résultaient de l'absence de volonté et non pas de l'existence de mesures. Il a expliqué que la dégradation de la qualité des services de ces entreprises résultait de la faiblesse des salaires. « Le meilleur exemple à ce sujet est la désignation de PDG à la tête des banques publiques en fixant des objectifs à atteindre… Les banques publiques ont honoré une grande partie de leurs dettes auprès des créanciers… La Banque centrale doit absorber une partie de la dette des entreprises publiques… Il y a, aussi, la dette de l'Etat auprès de ces entreprises… Nous pouvons trouver un accord avec le gouvernement, mais pas à n'importe quel prix », a-t-il ajouté.