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N.TABOUBI : L'homme fort du moment
Publié dans L'expert le 29 - 04 - 2021

L'UGTT n'a jamais failli à ses responsabilités, et n'a jamais raté les rendez-vous nationaux. L'histoire du pays l'a confirmé et le confirme aujourd'hui. La Tunisie est aujourd'hui aux croisés des chemins et c'est tout le processus démocratique qui risque de basculer dans le chaos si rien n'est fait, et si un processus de réconciliation nationale n'est pas entamé. On peut parfois être en désaccord avec les positions de la centrale syndicale, l'accuser d'être la cause du chaos économique, lui faire payer les dérives de certaines branches syndicales, mais quand il le faut l'UGTT répond « présent », et ses sages assument leurs responsabilités envers le pays. A chaque étape il y a toujours une équipe forte : A la lutte pour l'indépendance il y avait Hached, en 2013 et lors de la crise du pouvoir on a retrouvé Houcine Abassi, l'ex dirigeant de l'UGTT, qui a dirigé les négociations qui ont abouti aux élections de 2014 et l'obtention du prix Nobel pour la paix, et aujourd'hui on retrouve un autre soldat, Noureddine Taboubi qui se présente comme l'homme fort du moment et une charnière centrale dans le processus de sauvetage du mode de gouvernance de la Tunisie. Mais le terrain est très glissant et la mission est plus difficile qu'avant.

La posture d'un soldat :
Un visage ferme et serein, des déclarations pointues et sans dérapages, des positions claires sur les questions économiques et sociales, et une force inépuisable de travail, c'est ce qui qualifie Noureddine Taboubi depuis des mois. Vacillant entre l'attaque et la défense, cet employé originaire de Béjà et qui vient de prendre sa retraite de la société Ellouhoum, joue aujourd'hui dans un nouveau poste celui du milieu, avec comme mission principale : la réconciliation nationale.
Les dernières semaines ont été trop chargées pour le patron de l'UGTT qui s'est comporté en véritable homme d'Etat et a occupé la scène qui est malheureusement vide face à la démission des trois têtes du pouvoir au pays.
En costume de soldat sauveur, Taboubi avait appelé depuis des mois, au nom de la centrale syndicale à un dialogue national. Cette proposition a été soumise au président de la République, qui n'a pas donné aucun signe, malgré les multiples relances. Le président de la République avait aussi défiguré le dialogue national proposé par l'UGTT en intégrant d'autres éléments et surtout la participation des jeunes. Malgré cette situation, Taboubi n'a pas perdu espoir, assumant pleinement le rôle national de l'UGTT. Il a affirmé il y a deux semaines que l'UGTT et face à la non prise au sérieux par la présidence de la République de l'initiative proposée par la centrale syndicale en faveur de l'organisation d'un dialogue national pour faire sortir le pays de la crise possède un plan alternatif.
Une position qui part d'un principe très important en politique : on n'entre pas dans une guerre sans un plan B. Taboubi avait mis l'accent sur le fait que l'UGTT ne jouera pas le rôle de spectateur face à la grave situation qui menace le pays en raison des clivages entre les politiciens qui n'ont pas la notion d'Etat ni la responsabilité de ses hommes.
Taboubi ne mache pas ses mots et prend une position critique face aux hommes politiques actuels. Il les qualifie de personnes non sérieuses, n'ayant pas la notion de l'Etat, et qu'ils ont trahi ceux qui leur ont donné leurs voix.
Avec humilité, Taboubi avait déclaré lors d'une rencontre tenue au mois de Mars avec Mechichi, Majoul, le gouverneur de la Banque Centrale et des hommes d'affaires : « Nous ne prétendons pas être parfaits. Mais l'UGTT a des solutions qui peuvent être mises en œuvre, tout en demeurant d'un autre côté ouvert à la discussion à leur sujet afin de s'inspirer d'opinions divergentes ». Outre l'humilité cette déclaration témoigne d'une volonté d'ouverture. En effet, on a constamment critiqué les positions rigides de l'UGTT.

Sauver le soldat Mechichi :
Depuis des semaines nous assistons à l'équivalent d'une lune de miel entre Taboubi et Mechichi. Une entente cordiale rare, qui témoigne d'une volonté d'apaisement et de soutien au Chef du Gouvernement qui semble lâché même par les composantes de « sa ceinture politique » au parlement, après être « lynché » par le Président de la République qui l'a choisi pour ce poste.
Cette entente cordiale avait déjà commencé depuis le début du mois de Février avec la signature avec le gouvernement, et dans le cadre de la commission 5+5, un accord portant sur les conventions sectorielles relatives au secteur public et de la fonction publique. A la suite de cette rencontre Taboubi a déclaré que « la concession est une qualité de grandeur est n'est pas une faiblesse ». Un message d'apaisement mais surtout adressé à ses bases syndicales.
Dans une initiative fort louable, Taboubi a tendu une bonne perche pour Mechichi et a signé avec lui un plan d'études de réformes relatif au système de compensation et de la fiscalité ainsi que les réformes relatives aux établissements publics. Sept établissements publics seront soumis à l'étude des réformes à commencer par Tunisair, El Fouledh, l'Office des terres domaniales, la Stam, la Pharmacie centrale, la Siphate et la Steg. Un plan qui n'a pas de force juridique mais ouvre la voie pour des négociations sérieuses autour de ces questions. Cette signature sera certainement importante lors des rencontres du printemps à Washington avec les bailleurs de fonds. Le gouvernement tunisien aura au moins quelque chose à présenter dans le dossier « réformes ». Avec cette démarche, Taboubi fait sortir Mechchi de l'isolement politique dans lequel il s'est trouvé. Comme pour rendre l'ascenseur à l'UGTT, Mechchi avait déclaré il y 3 semaines : « En discutant avec la direction de l'UGTT, nous avons trouvé un terrain d'entente lorsque nous avons exposé nos approches mutuelles. Ce processus participatif ne peut que nous renforcer ».
En fin acrobate, Taboubi a toujours essayé de ne pas se ranger aux côtés de n'importe quel parti politique, que ce soit de l'opposition ou ceux soutenant le gouvernement. Un exercice difficile puisque la querelle est principalement politique et que ses conséquences sont sociales et économiques. La seule position ferme et frontale prise par l'UGTT est adressée à l'encontre au bloc « El Karama » et leur chef Sefeddine Makhlouf, qui a constamment critiqué l'UGTT fortement et dans des mots indécents.

Un interlocuteur privilégié des partenaires de la Tunisie :
Face à la situation de blocage politique à laquelle se trouve le pays, les partenaires de la Tunisie, que ce soient bailleurs de fonds ou pays frères et amis, considèrent que le seul interlocuteur sérieux et qui a un caractère rassembleur, est sans doute l'UGTT. Plusieurs demandes d'entretiens et rencontres sont adressés à Taboubi, qui ne semble pas vouloir se substituer aux institutions gouvernementales. Certes la centrale syndicale n'est pas contente de la tournure des évènements, mais ne veut pas jouer un rôle qui lui est plus grand. Taboubi avait affirmé à maintes reprises sont respect pour toutes les institutions et a appelé les trois têtes du pouvoir à assumer pleinement leurs responsabilités envers les tunisiens. Un vrai sens de la notion de l'Etat et les rôles de chacun.
Taboubi est devenu, au fil des jours, une pièce maîtresse dans les négociations avec les bailleurs de fonds. En effet, il a été constamment sollicité pour des rencontres en visioconférence avec les responsables du FMI, qui ont exigé sa participation pour savoir directement et de sa bouche, la position de la centrale sur les augmentations salariales, les entreprises publiques, la caisse de compensation et l'investissement.
Il y a 3 semaines Taboubi avait rencontré à deux reprises, en compagnie de Samir Majoul patron des patrons, Farid Belhaj, Vice-président du groupe de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. A la suite de ces rencontres, Farid Belhaj n'a pas manqué de louanges à l'encontre de Taboubi affirmant qu'il a trouvé en lui un interlocuteur sérieux, patriote et ayant des idées respectables.
La semaine dernière, Taboubi avait aussi rencontré les ambassadeurs de l'union européenne en Tunisie. Lors de cette rencontre Taboubi s'est comporté en véritable responsable national et interlocuteur sérieux auprès des pays de l'Union Européenne. Il a surtout assuré son soutien à tout investissement qui respecte les droits des travailleurs et crée des emplois décents. Taboubi a profité de sa présence pour demander à l'ambassadeur italien d'accélérer le processus de refoulement des déchets italiens. Un dossier qui stagne depuis des mois avec un silence suspect de la part du gouvernement.

La jeu de l'équilibriste :
En devenant l'homme fort du pays actuellement Taboubi sait qu'il mise grand. En effet, un échec des initiatives de réconciliation plongera le pays dans un tunnel sans fin et ternira à jamais l'image de la centrale syndicale.
De l'autre côté et en faisant des concessions au gouvernement, Taboubi risque de fâcher ses bases syndicales, qui semblent souffrir d'un pouvoir d'achat en constante détérioration, d'un chômage en pleine expansion et d'une non application des principales conventions signées. Tout en sachant que cette année on assistera aux élections aux sein de l'UGTT et que les protagonistes au poste sont nombreux.
Jusqu'à présent Taboubi, en homme fort, semble tenir ses bases et maîtrise bien les conflits internes.
C'est un jeu d'équilibriste auquel doit faire face Taboubi qui semble prioriser les dossiers économiques et sociaux. Or la crise est principalement politique. De l'autre côté, et si Taboubi avait trouvé à Béji Caid Essebsi, un président compréhensif, il a face à lui aujourd'hui un président de la République qui considère que l'UGTT doit jouer seulement son rôle syndical et n'a pas le droit de s'immiscer dans les questions politiques. Une donnée capitale que Taboubi ne semble pas ignorer et évite constamment de se trouver en confrontation directe avec le président de la République.
De son côté Taboubi, semble bien maîtriser les règles du jeu. Il croit fermement que les syndicalistes sont comme l'armée, qui a une responsabilité de protéger le pays certes, mais à un certain moment doit regagner ces casernes.


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