Ahmed Souab, avocat et membre du comité de défense du politicien et homme d'affaires, Mehdi Ben Gharbia, a accusé le président de la République, Kaïs Saïed, d'avoir instrumentalisé la justice. Me. Souab s'exprimait, vendredi 29 avril 2022, sur les ondes d'Express FM au sujet de l'affaire Mehdi Ben Gharbia. Rappelant que l'état de santé de son client s'est gravement dégradé à cause de la grève de la faim qu'il avait entamée, Me Souab a annoncé le dépôt de plusieurs plaintes contre des magistrats des tribunaux de Sousse.
Accusé de blanchiment d'argent, Mehdi Ben Gharbia a, rappelons-le, été arrêté et mis sous les verrous. Le juge d'instruction n'ayant rien trouvé pour l'inculper, il a décidé de le libérer. Le ministère Public a, ensuite, déposé un recours et l'affaire a été renvoyée devant le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Sousse 1, pour procéder à des enquêtes complémentaires. Par manque de preuves, le juge en charge de l'affaire a ordonné, de nouveau, la libération de Mehdi Ben Gharbia, mais le parquet a interjeté de nouveau appel. En réaction, l'ancien ministre a entamé une nouvelle grève de la faim sauvage la semaine dernière. Pour le soutenir, ses amis et proches ont, eux, organisé un sit-in de protestation mardi revendiquant sa libération.
Revenant sur le déroulement de cette affaire, Ahmed Souab a signalé que plusieurs autres affaires avaient été montées de toute pièce, les affaires Samir Taieb et Moncef Marzouki, notamment. « (Kaïs Saïed) ordonne et la ministre de la Justice mobilise le Parquet. Ainsi est faite la justice aujourd'hui », a déclaré l'avocat, assurant que l'instrumentalisation de la justice s'est amplifiée davantage à cause de la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature.
L'avocat a signalé que le dossier de son client était vide et qu'il ne contenait aucune preuve d'une quelconque culpabilité dans l'affaire dont il est accusé. Il a estimé que son client était devenu un simple « sacrifice » dans la soi-disant guerre du président de la République contre la corruption. Notant que la détention de son client est illégale, Ahmed Souab a avancé que la détention préventive devenait un instrument de tyrannie en l'absence de motifs légaux et a accusé certains juges au tribunal en charge de l'affaire – sans les citer – d'avoir comme ambition la magistrature suprême.