Kamel Akrout, l'amiral à la retraite et ancien conseiller à la sécurité nationale du président de la République défunt, Béji Caïd Essebsi, est revenu, vendredi 20 mai 2022, sur l'évolution de la situation politique en Tunisie. Invité de Studio Shems sur les ondes de Shems FM, il a estimé que le président de la République, Kaïs Saïed, avait accusé beaucoup de retard dans l'exécution du processus du 25-Juillet. Il a indiqué qu'à l'heure qu'il est, les réformes constitutionnelles et électorales auraient dû être finalisées et la cour constitutionnelle et le Parlement instaurés.
Il a signalé que la situation du pays risquait d'empirer compte tenu du contexte régional et mondial difficile en référence à la course à l'armement entre l'Algérie et le Maroc et le conflit russo-ukrainien. « Aucun politicien n'est capable de dire la vérité au peuple », a-t-il lancé avant d'ajouter : « Nous sommes en train de perdre du temps (…) Nous avons les ressources nécessaires mais nous ne faisons qu'observer (ce qu'il se passe) et emprunter de l'argent ».
Commentant l'annonce de la Banque centrale de Tunisie sur l'augmentation du taux directeur, l'amiral Akrout a avancé que cette décision aurait dû faire l'objet de consultation entre la BCT et le gouvernement en dépit de l'indépendance décisionnelle de l'institution financière.
Il a taclé, dans ce même contexte, le président de la République sur ses décisions unilatérales notant que même les bonnes décisions peuvent être rejetées du moment que la prise de décision n'est pas participative. « Nous sommes condamnés à vivre ensemble et il nous faut quelqu'un pour fédérer tout le monde (…) Seule la justice est apte à juger celui qui est corrompu et celui qui ne l'est pas », a-t-il avancé en référence aux discours du chef de l'Etat.
Interpellé sur les tentatives itératives d'impliquer l'institution militaire, il a appelé à laisser de côté cette institution assurant que l'histoire a prouvé que les militaires ne quittent jamais le pouvoir une fois qu'ils y accèdent. « Aujourd'hui nous avons besoin de dirigeants qui ont le sens de l'Etat », a-t-il affirmé.