La militante et ancienne porte-parole de la présidence de la République, Saïda Garrache, a commenté, dans un post partagé ce mardi 31 mai 2022, sur les réseaux sociaux, les déclarations du président de la République concernant la commission de Venise. Saïda Garrache a souligné que la position de Kaïs Saïd n'est pas digne d'un chef d'Etat, indiquant que ses déclarations doivent être travaillées et diplomatiques rappelant que les chefs d'Etat doivent s'adresser à leurs homologues et non aux instances et aux organisations, d'autant plus que la Tunisie est dans une situation économique peu enviable et est à la recherche de financements extérieurs.
« La Tunisie a un accord de coopération avec l'Europe. Les échanges commerciaux les plus importants elle les a avec l'Europe et dans les deux sens, c'est-à-dire l'exportation et l'importation. La Tunisie compte le plus grand nombre d'immigrants en Europe. La Tunisie supplie les institutions internationales, dont le Fonds monétaire international, de l'aider en lui octroyant des prêts pour sauver les finances publiques et financer le budget. Les pays européens sont membres de ces institutions et influencent leurs décisions. L'avis de ce comité est consultatif et peut ne pas être écouté, cela s'est déjà d'ailleurs produit par rapport à la constitution de 2014, mais la société civile et l'opposition progressiste se sont alors chargées de l'affaire » a écrit l'avocate.
Saïda Garrache a enfin indiqué que Kaïs Saïed n'avait pas à répondre à l'avis d'une commission étrangère dont il est membre, dont il vient de recevoir la présidente surtout que le ministère des Affaires étrangères s'était déjà chargé de le faire.
Kaïs Saïed qui recevait hier le ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, pour revenir sur les derniers développements des relations étrangères de la Tunisie, s'est attaqué à la commission de Venise et son dernier rapport. « La commission de Venise est persona non grata en Tunisie ! », a-t-il déclaré. « Pour qui se prennent-ils ? Sont-ils nostalgiques de l'ère de Jules Ferry ? Ils disent vouloir nous apprendre… Ils n'ont rien à nous apprendre. S'ils veulent s'immiscer dans nos affaires qu'ils restent chez eux, nous n'avons pas besoin de leur accompagnement et de leur aide. Si un membre de cette commission se trouve en Tunisie, qu'il quitte immédiatement ! » a poursuivi le chef de l'Etat.
La commission de Venise avait précisé, dans son avis datant du 27 mai 2022, que le décret-loi n°2022-22 portant modification de la composition de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) n'était compatible ni avec la Constitution ni avec le décret présidentiel n°2021-117 ni avec les standards internationaux, appelant à l'abrogation du décret. La commission a mis l'accent sur l'annonce officielle d'une date pour procéder à un référendum sans publication du projet de la nouvelle constitution. Elle a considéré qu'il n'était pas réaliste d'organiser un référendum en l'absence de règles claires et établies à l'avance.