Le président de la République, Kaïs Saïed, s'est entretenu, jeudi 26 août 2022, avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, pour débattre d'un ensemble de sujets d'actualité dont la pénurie observée au niveau de quelques marchandises et la hausse des prix. Le chef de l'Etat a appelé à poursuivre en justice toute personne impliquée dans la provocation de crises par la dissimulation de marchandises, des actes de spéculations ou pour avoir opéré des hausses des prix. La déclaration de la présidence de la République vient répondre aux nombreux ras-le-bol et cris d'indignation lancés par les citoyens en raison des pénuries observées au niveau d'une grande partie des produits alimentaires de base et de premières nécessités. En effet, depuis plusieurs semaines, les Tunisiens n'arrivent plus à s'approvisionner en sucre, en café, en farine, en riz et en carburant. Le président semble déterminé à faire la guerre à ceux qui contrôlent ce secteur. Seul hic, il devra se faire la guerre à lui-même. Ces produits font l'objet d'un monopole de la part de l'Etat. C'est le gouvernement en place qui se charge d'importer les quantités nécessaires. Grâce à notre bonne et vieille bureaucratie, l'Etat garde le contrôle sur le marché puisqu'il s'occupe du stockage des réserves nationales mais aussi de la distribution. L'absence de réformes économiques profondes a renforcé le système en place faisant de lui un ensemble de mécanismes presque opaque et impénétrable.
Pour lutter contre la spéculation et les hausses des prix, Kaïs Saïed devra faire la guerre à l'Office du commerce rattaché au ministère du Commerce et le poursuivre en justice, car c'est cette entité qui contrôle absolument et jusqu'au moindre détail les importations de riz, de sucre et du café. Pour ce qui est des prix, il n'y a vraiment pas de surprise quant à la hausse ou à la baisse. Aucun acteur économique tunisien ne peut influencer la chose. Les prix de vente sont fixés par l'Etat et c'est ce dernier qui décide des augmentations chaque année. Encore une fois, Kaïs Saïed devra poursuivre en justice le gouvernement Bouden pour avoir procédé à ces augmentations. Son gouvernement n'aurait qu'à lui rappeler que les prix d'achat sont soumis au principe de l'offre et de la demande. Par ailleurs, ils devront, également, lui rappeler que certains produits font l'objet d'une pénurie mondiale. C'est le cas du café, qui en raison des météorologiques extrêmes, a vu sa récolte considérablement régresser.
Pour ce qui est des carburants, il ne faut pas être un génie pour savoir qu'il s'agit encore une fois d'un secteur faisant l'objet d'un monopole de l'Etat. Le gouvernement contrôle absolument tout le processus, de l'importation à la livraison dans les stations-service. L'opération est réalisée sous la tutelle et le suivi de plusieurs entités étatiques dont le ministère de l'Industrie, des Mines et de l'Energie ou encore l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières. Cette entreprise étatique a été créée en 1974 principalement dans le but de gérer la commercialisation du pétrole brut et des produits pétroliers pour le compte de l'Etat. L'importation des produits pétroliers est, quant à elle, exclusivement opérée par la Société tunisienne des Industries de raffinage depuis 2015. Concernant les prix, ils sont fixés par le gouvernement et les augmentations sont, aussi, effectuées par ce dernier dans le cadre d'un mécanisme d'autorégulation mis en place par les différentes lois de Finances successives, notamment, celle promulguée par le chef de l'Etat en 2021. Une petite recherche Google permet à n'importe quelle personne possédant un téléphone portable et une connexion internet de comprendre la chose. Encore une fois, Kaïs Saïed devra porter plainte contre le gouvernement et Najla Bouden pour avoir introduit des augmentations sur les prix des carburants et pour ne pas avoir fourni les quantités de carburant nécessaires aux Tunisiens...