L'ancien ministre de la Justice et figure du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri, a appelé, lors de son intervention, lundi 5 septembre 2022, sur IFM, le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, à présenter à l'opinion publique les preuves sur les accusations qu'il a proférées à son encontre. « Je le défie de montrer la moindre preuve de ce qu'il affirme. Sept mois après m'avoir séquestré, rien, il n'y a rien contre moi. Il parle de passeports, que j'aurais fourni illégalement des passeports, à ma conaissance c'est le ministère de l'Intérieur qui octroie les passeports et non le ministère de la Justice et je n'étais pas le ministre de l'Intérieur ! », a-t-il poursuivi.
Le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine avait, en effet, expliqué l'assignation à résidence de Noureddine Bhiri, en ces termes : "L'affaire concerne l'octroi de passeports et de certificats de nationalité de manière illégale pour des personnes que je ne qualifierai pas. Je laisserai les enquêtes judiciaires révéler leurs identités et leurs relations familiales, et j'assure qu'il y aura beaucoup de surprises". Taoufik Charfeddine avait aussi assuré que des certificats de nationalité ont été accordés de manière illégale, soit à une date précédant l'obtention d'un extrait de naissance. "L'extrait de naissance avait été attribué un an plus tard à la suite d'une décision de justice. Un autre certificat de nationalité avait été attribué de manière illégale, à une fille de parents de nationalité syrienne. Selon l'officier de la police judiciaire, le dossier revêt un caractère terroriste. Ainsi, tenant compte des dispositions de la loi antiterroriste et des différents mouvements de protestations, et par peur d'une réaction, nous avons décidé d'agir d'une manière préventive, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme" avait souligné le ministre.
Noureddine Bhiri a affirmé qu'il a déposé de nombreuses plaintes contre le ministre de l'Intérieur et les parties qui ont donné l'ordre ou participé à sa séquestration, déplorant des interventions qui bloquent et entravent le cours normal de la justice et l'avancement des enquêtes dans ses dossiers. « J'appelle aussi le ministre à dévoiler l'endroit où j'ai été séquestré, que l'opinion publique sache dans quelles conditions j'ai été détenu en pleine forêt sans la moindre possibilité de joindre ma famille, ni mon médecin et sans accès à mes médicaments. Il a mobilisé de gros bolides qui coûtent des centaines de milliers de dinars pour me kidnapper, au lieu d'investir et d'aider les nécessiteux. On peut bien se servir des mensonges contre ses adversaires politiques mais cela ne dure jamais longtemps car les gens découvrent vite la vérité ! », a-t-il ajouté.