La présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi a tenu l'ensemble de la classe politique participant au processus entamé par le chef de l'Etat à travers l'organisation d'un simulacre d'élections législatives responsable de la dégradation de la situation du pays et de la destruction de ses institutions. « Nous avons déjà communiqué notre position au sujet des prochaines élections... Nous considérons qu'il ne s'agit même pas d'une opération électorale... Actuellement, il y a seulement une personne prenant des décisions selon ses envies personnelles et imposant ses choix... L'instance chargée des élections est à sa botte... Il s'agit d'un crime d'Etat ! Il s'agit d'une agression contre le peuple tunisien et d'une atteinte à l'ensemble des lois préservant la souveraineté du peuple Tunisien et sa liberté de disposer de lui-même et les droits humains... Kaïs Saïed cherche à détruire l'Etat bourguibien ! », a-t-elle ajouté. Invitée le 21 septembre 2022 par Wassim Ben Larbi sur les ondes de la radio Express FM, Abir Moussi a considéré qu'il était préférable d'opter pour la politique des chaises vides au sein du parlement que de participer à cette mascarade. La présidente du PDL a affirmé que Saïed n'avait pas le droit de procéder à une révision de la loi électorale. Elle a préféré avoir des sièges auprès du peuple tunisien, dans les rues. Moussi a considéré que la prochaine assemblée sera un simple conseil des délégations. La présidente du PDL a insisté sur l'absence d'approche démocratique et de transparence dans le processus entamé par le chef de l'Etat. Elle a évoqué la non-publication du rapport d'audit des dons et prêts obtenus par la Tunisie depuis 2010 et les accusations de trahison lancées à tort et à travers. Elle a, aussi, critiqué l'attitude des médias envers les manifestations tenues en simultané par le PDL contre la hausse des prix.
« Kaïs Saïed a forcé la main au peuple Tunisien... Le peuple avait appelé à la dissolution du parlement en raison du comportement des Frères musulmans et non-pas de leurs victimes au sein de l'hémicycle... Le peuple entier cherche à traverser coûte que coûte les frontières vers l'Europe... La constitution du Califat est plus démocratique que celle de Kaïs Saïed... Le peuple n'a plus le droit de s'exprimer librement, de participer à des élections libres et transparentes ou de choisir le parti politique qu'il préfère... J'ai la possibilité de remporter les élections quel que soit le mode de scrutin... A quoi sert un décret organisant les partis politiques en temps de scrutin uninominal ? Nous devons revenir au projet de constitution de Sadok Belaïd... Nous devons l'étudier dans le cadre du dialogue... Il n'y a de souverain que Kaïs Saïed, unique et sans associé », a-t-il ajouté. Abir Moussi s'est interrogée sur le programme de réformes soumis par le gouvernement au Fonds monétaire international (FMI) afin de bénéficier d'un financement. Elle a critiqué l'absence de transparence à ce sujet et être allée jusqu'à adresser une demande officielle par huissier de justice afin de consulter le document en question. Elle est, également, revenue sur la nécessité de passer par le FMI. La présidente du PDL a déploré l'absence d'audit et d'études portant sur la gouvernance des entreprises publiques. Elle a estimé que certaines entreprises devaient faire l'objet d'une cession de parts afin de créer un partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Elle a, par la suite, évoqué les divergences entre le gouvernement et les partenaires sociaux, notamment au niveau des programmes de réformes. Elle a assuré que Kaïs Saïed n'était pas conscient de la situation et ne comprenait rien à l'économie et à la mise en place de réformes. Elle a affirmé être capable de procéder à des réformes le jour même de son élection à la tête du pays.
Evoquant la réforme du système des compensations, Abir Moussi s'est interrogée sur les données en possession de l'Etat. « On parle de lever des compensations ! Or, le gouvernement détient-il des données permettant d'identifier les familles nécessiteuses et les catégories marginalisées ? Les prochains députés auront un programme électoral régional et non-pas national. De plus, il (Kaïs Saïed) s'est octroyé l'autorité de définir la politique générale du pays... Kaïs Saïed a perdu sa légitimité... Nous devons organiser des élections présidentielles anticipées... Le parlement doit réviser la nouvelle constitution... Je souhaite que les Tunisiens ne participent pas aux élections... Le projet de Kaïs Saïed est inapplicable... Nous ne sortirons pas de la crise... Même en obtenant des fonds auprès du monde entier, ce programme détruira la Tunisie... Le peuple va subir les conséquences de cette politique désastreuse ! Je tiens les acteurs de la scène politique participants à cette mascarade et prêts à jouer le rôle d'éléments de décor résponsables de la dégradation de la situation du pays », s'est-elle exclamé.