L'avocat Ibrahim Belghith a été la cible de plusieurs attaques depuis l'annonce de la décision de la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples (CADHP) sur son recours contre l'Etat tunisien. Il a été largement critiqué et accusé de trahison. En réaction, l'avocat s'est défendu en revenant sur les détails de l'affaire mardi 27 septembre 2022, lors d'une intervention dans l'émission 90 minutes sur IFM. Précisant que sa plainte ne vise personne et qu'elle a été déposée contre l'Etat tunisien, Me Belghith a affirmé que cela ne pourrait être qualifié de trahison car la Cour africaine n'interfère point dans le fonctionnement de la justice tunisienne. En réponse à la requête introductive d'instance dirigée contre la République tunisienne, pour violation de leurs droits garantis aux articles 13(1), et 20(1) de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, et 1(1), 25(a) et 14 du Pacte international relatifs aux droits civils et politiques (PIDCP) et ce suite à la promulgation de décrets présidentiels numéros 117, 69, 80, 109, 137 et 138 de 2021, la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples a appelé l'Etat tunisien à rétablir la démocratie constitutionnelle dans un délai de deux ans.
L'avocat a rappelé, dans ce sens, que la Tunisie – signataire de la Charte africaine des droits de l'Homme – se devait de se conformer aux décisions de la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples. Il a ajouté, par ailleurs, qu'il était très fier de ce que la Tunisie avait pu accomplir en matière de droits de l'Homme notant qu'en 2017 – sous Béji Caïd Essebsi – l'Etat tunisien a signé la déclaration autorisant les individus et les ONG à saisir directement la CADHP. Revenant sur les motivations du recours qu'il avait déposé, Me Belghith a fait savoir que le décret 117 publié en septembre 2021 par le président de la République après le gel du Parlement et le limogeage du chef du gouvernement et son équipe le 25 juillet, était une violation de ses droits et des droits du peuple tunisien.
Outre l'ultimatum de deux ans, la CADHP a exhorté l'Etat tunisien à abroger les décrets présidentiels n° 117 du 22 septembre 2021, et les décrets y visés n°69, 80, 109 du 26, 29 juillet et 24 août 2021 et les décrets n°137 et 138 du 11 octobre 2021. Dans son jugement paru le 22 septembre 2022, elle ordonne, aussi, à l'Etat tunisien de faire rapport à la Cour dans un délai de six mois sur la mise en œuvre des mesures ordonnées et par la suite, tous les six mois jusqu'à ce que la Cour considère toutes ses décisions entièrement exécutées.