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Cherche-t-on à achever Tunisair ?
Publié dans Business News le 04 - 10 - 2022

Alors qu'elle commençait à reprendre des couleurs, un nouveau coup de massue vient s'abattre sur Tunisair. Les divers plans de sauvetage de la société ont été tous mis au placard et aujourd'hui ce sont carrément ses employés qui sont en train de lui nuire. C'est à se demander qui a intérêt à ce que la compagnie aérienne nationale ne se relève pas ? Le point.

Des employés et anciens employés de Tunisair, en litige avec la société, ont provoqué des saisies conservatoires sur les comptes bancaires de la société, poussant la direction générale à publier une note interne évoquant une éventuelle incapacité à payer les salaires et les primes du mois d'octobre, mais aussi des mois suivants.
Vu la polémique qui a suivi, notamment sur les réseaux sociaux, la société a dû clarifier la situation dans un communiqué : les comptes bancaires de la compagnie permettent d'assurer les obligations auprès de ses fournisseurs et clients dans les délais convenus. Ils lui permettent également de régler les salaires à temps. Toutefois, les saisies conservatoires pourraient empêcher les services de la compagnie d'accéder à ses comptes temporairement, notamment durant la période de versement des salaires, à cause de la lenteur des procédures judiciaires pour lever les saisies.
Lors de l'assemblée générale ordinaire de la compagnie aérienne nationale pour l'exercice 2018 tenue le 6 mai 2022, la directrice juridique de Tunisair, Mme Bartagi, avait indiqué que le contentieux a connu un boom depuis 2011, avec 2.600 affaires aux prud'hommes, des employés de la compagnie ayant déposé une plainte pour bénéficier à effet rétroactif d'un avantage d'une loi de 1996 que la tutelle avait décrété inapplicable sur Tunisair. Et de préciser que si la justice venait à statuer en faveur des employés, cela coûterait à la société entre 60 à 80 MD.

Il faut dire que même le syndicat de base de la société ne comprend pas le timing de cette saisie conservatoire, car les affaires qui sont devant les tribunaux sont encore en première instance et la compagnie a fait appel des jugements prononcés. Donc, la procédure est en cours et risque de durer dans le temps.
Najm Mzoughi, secrétaire général du syndicat de base, a ainsi indiqué dans un post Facebook le 30 septembre dernier : « Ce qu'ont commis nos collègues, n'a été commis par personne d'autre. (…) L'histoire retiendra que la faillite de Tunisair se fera par ses enfants (ses employés, ndlr), les châteaux forts étant souvent pris de l'intérieur ».


Dans une interview accordée, lundi 3 octobre 2022, à l'émission Rendez-vous 9 sur la chaîne Attessia, le syndicaliste a estimé que la décision de saisie conservatoire était précipitée et hâtive surtout que les verdicts ne sont pas définitifs. Chose inadmissible, Tunisair étant un établissement public, c'est comme si cette saisie avait été opérée sur l'Etat ou sur la Tunisie, a-t-il considéré.
Pire, pour lui, le timing de cette procédure est suspect et beaucoup d'interrogations demeurent sans réponse. Car, la relance de la société a bel et bien été entamée, malgré la pandémie et les diverses autres problématiques, grâce aux efforts des employés et grâce au PDG, un ancien cadre de la boîte qui connaît ses rouages.
Et de rappeler que depuis 2011, les tentatives de vente de la société se sont multipliées, chose qui a été carrément avouée au sein même du parlement.
S'adressant à la cheffe du gouvernement et au ministre du Transport et de la logistique, M. Mzoughi a affirmé que si le gouvernement veut vraiment restructurer la société, le bureau exécutif de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), et à sa tête le secrétaire général de la centrale syndicale sont prêts à signer tout accord qui est dans l'intérêt de la société afin qu'elle retrouve son ancien rayonnement.


Cette action coïncide avec des protestations plus discrètes mais bien plus préjudiciables des pilotes de ligne de la compagnie. Ces derniers sont en grève cachée et portent directement atteinte à la compagnie. Des sources concordantes ont affirmé à Business News que ces derniers simulaient des pannes et des problèmes techniques et faisaient exprès d'éteindre leur téléphone pour entraver le travail.
Ainsi, la semaine dernière de multiples incidents ont été enregistrés, poussant la société à recourir plusieurs fois à l'affrètement d'appareils pour le rapatriement de ses passagers. Sans compter les coûts additionnels entre dédommagement ainsi que frais de logements et de restauration des passagers bloqués, frais de stationnement des avions, frais d'intervention des équipes techniques, … . Il est même arrivé que certains pilotes disparaissent quelques heures avant leurs vols en ne donnant plus aucune nouvelle. L'objectif derrière cela est, évidemment, de voir leurs salaires augmentés pour atteindre les niveaux de leurs collèges dans les grandes compagnies étrangères.

Tout cela a soulevé diverses interrogations sur le timing de ces mouvements et sur les parties bénéficiaires, surtout que la société est en train d'enregistrer de bons résultats commerciaux.
Selon les chiffres provisoires à fin juin 2021 publiés par la compagnie aérienne, les revenus du transport se sont envolés de 176,47% au premier semestre 2022, passant de 185,32 millions de dinars fin juin 2021 à 512,36 millions de dinars (MD) fin juin 2022.
Idem pour le nombre de passagers transportés (toutes activités confondues) qui a, lui aussi, connu un envol de 176,36% évoluant de 339.258 passagers à 937.574 passagers. Outre le coefficient de remplissage qui a nettement augmenté passant de 66,3% à 73,8% (+7,5 points) alors le taux de régularité la ponctualité flotte (départs dans les 15 minutes par rapport à l'horaire programmé) s'est situé à 47% au premier semestre 2022.
Des indicateurs qui prouvent que la société est sur un trend positif et sur la bonne voie, sachant que certains ont carrément refusé de prendre les rênes de la société vu ses énormes problèmes ou qui ont empiré les choses à cause de leurs incompétences.

L'actuel PDG Khaled Chelly est un ancien cadre de la société et a œuvré pour la mise en place d'un plan de restructuration qui tient la route et qui peut se concrétiser. Mais, malheureusement et comme les précédents, ce plan se trouve toujours dans les placards de la présidence du gouvernement, dans l'attente d'une validation qui tarde. Un plan qui avait été discuté et présenté il ya plus d'un an. Par son inertie, l'Etat et le ministère donne l'impression de vouloir achever Tunisair et précipiter sa chute. L'autorité de tutelle empêche Tunisair de se réformer et de se sortir de ses difficultés.
Lors de l'AGO du 6 mai 2022, le PDG avait précisé que le plan de restructuration avait été préparé au mois d'octobre 2021, il avait été soumis au Conseil d'administration, puis au ministre du Transport et par la suite à une commission interministérielle. Et d'ajouter qu'un conseil ministériel était prévu la semaine d'avant, mais ayant eu un malaise et ayant dû être hospitalisé, le conseil aurait été reporté. Depuis, rien de nouveau, alors qu'un an est déjà passé.
De l'autre côté, tous ceux qui ont été dans la confidence et ont consulté ce plan affirment qu'il est bien ficelé et adapté aux besoins de la compagnie. Il comprendrait quatre piliers : une nouvelle stratégie commerciale, une restructuration financière et sociale et une refonte du mode de gouvernance.

La nouvelle stratégie commerciale a été basée sur les réalisations de 2019. Ainsi, la compagnie a révisé ses lignes et dessertes : un classement de rentabilité de la période 2011-2019 a été établi et seules les lignes qui couvrent le coût d'exploitation ont été préservées, celles déficitaires ou potentiellement déficitaires ont été déprogrammées.
Le management a décidé, par la suite, le redimensionnement de la flotte, selon les nouveaux besoins : 15 avions en 2022 qui seront portés à 17 avions en 2023 puis à 19 appareils en 2028. « L'objectif étant de travailler plus avec moins de moyens », toujours selon le PDG.
En outre, le management a opté pour une homogénéisation de la flotte avec deux A330 et le reste des A320 néo : ainsi les Boeing 737-600 vont être cédés. L'objectif étant d'atteindre une moyenne de 12 heures de vol par jour avec un gain de kérosène et effectuer des vols vers l'Afrique, toujours selon le PDG, qui avait spécifié : « Nous allons nous concentrer sur l'augmentation de fréquence et l'ouverture de nouvelles lignes générant des profits. Nous allons aussi nous focaliser sur la qualité de service. Le retour du catering entre dans ce cadre. Idem pour le taux de régularité qui est passé de 50% en 2019 à 75% en 2022 et nous ambitionnons les 85% ».
Au menu aussi un programme de digitalisation et de refonte totale du système dont une grande partie sera destinée aux passagers comme le Web check-in avec sélection des sièges & boarding pass : tout un projet en cours. La compagnie va aussi se focaliser sur le développement du fret, avec la création d'une société dédiée au fret d'ici 2024.

Le plan de sauvetage comprend aussi une restructuration financière qui a notamment concerné le rééchelonnement des créances : 75% des crédits bancaires ont été rééchelonnés, à part certaines banques privées qui n'ont pas accepté. La SNDP, la CNSS et certains fournisseurs ont aussi accepté le rééchelonnement de leur dette.
Plusieurs représentations de Tunisair à l'étranger ont fermé et la compagnie a baissé les charges afférentes. A titre d'exemple, le PDG a indiqué que la compagnie louait en France un local près des Champs-Elysées qui lui coûtait 500.000 euros par an. Aujourd'hui, la location de nouveau local à Orly ne lui coûte que 50.000 euros par an. Une stratégie qui a été suivie dans les autres représentations afin de baisser les coûts inhérents.

La société compte aussi opérer une augmentation de capital, après l'adoption du plan de restructuration par un conseil ministériel et consultation du conseil d'administration. Cette augmentation se fera en deux phases : La première phase sera une augmentation de capital par l'Etat avant de faire appel aux épargnants et actionnaires de la société dans une deuxième phase. Cette augmentation de capital devrait être opérée en 2022.
Autre point important, la compagnie est à la recherche d'un partenaire stratégique, toujours selon les dires M. Chelly.
S'agissant de l'assainissement social, Khaled Chelly avait rappelé qu'en 2012, la compagnie disposait de trente appareils et le groupe Tunisair employait 8.400 personnes. Il avait rappelé qu'il y a un référentiel qui indique que les compagnies lowcost devraient avoir entre 80 à 100 employés par avion et que les compagnies normales devraient avoir de 120 à 180 employés par avion. En 2013, on avait décidé un plan social concernant 1.700 employés, l'Etat avait accepté de donner un certain montant mais le litige concernait la prise en charge par l'Etat des cotisations CNSS, chose qu'a refusée la caisse sociale.
Aujourd'hui, le groupe Tunisair compte 6.950 employés (1.450 employés étant partis à la retraite, ndlr), la société Tunisair-S.A compte 3.200 employés et dispose de quinze avions. « Nous voulons parvenir, in fine, à un ratio de 120 employés par avion », avait affirmé le PDG.
N'ayant pas voulu avancer de chiffre, le dirigeant avait indiqué que plusieurs employés dont l'âge dépasse les 55 ans veulent partir et que la société veut le départ de plus de 500 employés de la tranche d'âge entre 45 à 55 ans.
Ceci dit, il avait souligné que la société va poursuivre le développement de son capital humain avec des ingénieurs et avec des cadres hautement qualifiés et de noter que certains métiers vont disparaître.

Le plan comprend aussi une refonte du mode de gouvernance. M. Chelly avait rappelé, dans ce cadre, que Tunisair est la seule entreprise publique qui fait face à une concurrence nationale et internationale, la majorité des autres étant carrément des monopoles.
Et d'expliquer que la société doit avoir un mode de gouvernance adapté à son activité. L'Etat a ainsi donné son aval pour la simplification des procédures d'achat, le tout sous la supervision du conseil d'administration et son contrôle.
Il y aura aussi une séparation entre les postes de président du Conseil d'administration et de directeur général outre un projet de nomination d'administrateur sur la base des compétences et par voie d'appel d'offres.

Autre volet important et qui concerne la cession des actifs et toujours selon le PDG, la compagnie a identifié les actifs qu'elle n'utilise pas et qu'elle n'a pas l'intention d'utiliser, et en particulier les terrains. Ils seront présentés au gouvernement parmi les propositions de cession. Le management estime que la cession des actifs permettra à la compagnie d'engranger 100 MD alors que la cession des quinze anciens avions rapportera entre 80 et 100 MD.
La compagnie a également entamé la réévaluation de son patrimoine. M. Chelly estime que ceci va réévaluer les immobilisations de la société de 80 à 120 MD supplémentaires, ce qui allégera la situation nette de la société dès l'exercice 2022.

En outre, Khaled Chelly a indiqué que le management œuvre à l'assainissement de toutes les filiales du groupe. La compagnie est ainsi à la recherche d'un partenaire stratégique pour Tunisair Technics, afin qu'il devienne un centre de compétences et de ramener de nouveaux marchés. La compagnie est également en train de chercher des partenaires stratégiques pour Tunisair Express et pour Tunisair Handling.

Ainsi, il s'avère que la compagnie a bien un plan de sauvetage mais que ce plan est entravé par l'inaction du gouvernement. Pire, alors que la société commençait à amorcer sa relance, elle est attaquée de l'intérieur par ses propres employés, sachant que la procédure judiciaire est en cours et que rien n'est définitif ni ne justifie cette action de saisie conservatoire. Un enchaînement d'évènements qui pousse à s'interroger : Qui a intérêt à ce que Tunisair ne se relève pas ?


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