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AGO 2018 : Optimiste pour l'avenir de Tunisair, Khaled Chelly présente le plan de restructuration
Publié dans Business News le 09 - 05 - 2022

Après quatre ans de retard sur les délais ordinaires, Tunisair a tenu son assemblée générale ordinaire pour l'exercice 2018, vendredi 6 mai 2022 à son siège à la Charguia, sous la présidence de son PDG Khaled Chelly. Une assemblée marquée par le mécontentement des actionnaires face aux performances de la société. Mais M. Chelly a su convaincre l'assistance par la nouvelle stratégie ainsi que par le plan de sauvetage et de restructuration, avec pour preuve les résultats probants de 2022, gagnant la confiance des actionnaires. Compte rendu.

Tunisair a passé plusieurs années ne sachant pas sur quel pied danser. Il faut dire que le secteur a été sévèrement impacté depuis la révolution par l'instabilité politique en plus des attentats. En 2018, la compagnie aérienne nationale a enregistré des records, sur le plan commercial, en termes de trafic en transportant 3,8 millions de passagers (+9% par rapport à 2017), un coefficient de remplissage de 74,5% et un produit d'exploitation de 1,72 milliards de dinars.
Mais malgré ces bonnes performances, la société a clôturé son exercice 2018 avec un résultat net déficitaire de -213,2 millions de dinars (MD) (atteignant -234,38 MD contre après modification comptable) contre -206,6 MD fin 2017. Elle a dégagé un déficit d'exploitation de -130,2 MD fin 2018 à cause d'une évolution plus importante des charges d'exploitation, due à l'augmentation des dépense de carburant de 154 MD, des redevances aéronautiques et assistances fournies aux avions de 148 MD et des dépenses de location d'avions de 28 MD outre une perte de change de plus de 70 MD, bien que les dotations aux amortissements et aux provisions ainsi que les frais du personnel ont baissé respectivement de 28 MD et de 3 MD.
Pour leur part, les états financiers du groupe Tunisair font ressortir un résultat déficitaire consolidé de 216,50 MD (+12,84% par rapport à 2017), se répartissant comme suit : Tunisair -221,15 MD, Tunisair Handling 10,07 MD, Tunisair Technics -6,35 MD, Amadeus 13,65 MD, Tunisair Express -14,85 MD, 1,56 Essafa MD et ATCT 0,57 MD.


En 2018, la compagnie a enregistré un record absolu en termes de nombre de passagers mais la stratégie n'était pas payante vu les résultats enregistrés. Khaled Chelly a indiqué qu'il a fallu faire moins mais mieux et être plus efficace.
Ainsi, Tunisair a changé son fusil d'épaule et en 2019, elle a enregistré un record absolu en chiffre d'affaires avec plus de 1,79 milliards de dinars engrangés. Elle a dégagé un résultat d'exploitation probable bénéficiaire de 8,6 MD après plusieurs déficits successifs, limitant la perte probable à 18,9 MD, selon Khaled Chelly. Ce dernier a expliqué : « On a réduit le nombre d'heures de vols (-12,2%), on a réduit le nombre de sièges (-10,4%) et on a optimisé les recettes unitaires, pour un résultat d'exploitation bénéficiaire ».
Et de poursuivre : « Ces chiffres sont importants ». Le PDG a assuré, dans ce cadre : « 2019 a été un exploit : nous avons fait des résultats extraordinaires. Les premiers mois de 2020 ont été dans la continuité, les chiffres étaient élevés (jusqu'à l'arrivée de la pandémie du Covid-19 qui a tout bouleversé, ndlr). Les quatre premiers mois de 2022, nous avons dépassé 2020 et nous avons dépassé 2021. Cette même tendance va continuer cette année, on est déjà presque en saturation en termes de réservation au niveau de la saison 2022 et même l'après-saison s'annonce prometteuse ».

En ce qui concerne 2022, M. Chelly a affirmé : « Pour les quatre premiers mois de 2022, il y a une vraie reprise et une relance de l'activité en Tunisie d'une manière générale et au niveau de Tunisair d'une manière particulière ».
Selon les chiffres présentés, la compagnie a réalisé un trafic de 569.085 passagers en hausse de 170,4% par rapport à 2021 et de 1,2% par rapport à 2020 et en progression de 5,9% comparé aux prévisions de 2022. Le coefficient de remplissage est de 74,8%, en hausse de 6,4 points par rapport à 2021 et en hausse de 2,4 points par rapport à 2020 et moins de 1,1 point par rapport aux prévisions de 2022. Le chiffre d'affaires a atteint 232,5 MD, en évolution de 169,7% par rapport à 2021, de 15,9% par rapport à 2020 et de 4,9% par rapport aux prévisions de 2022.

S'agissant des causes du retard de l'AGO 2018, Khaled Chelly a pointé plusieurs raisons. Tout d'abord, la pandémie du Covid-19 qui a retardé les travaux mais surtout les problématiques liées à l'ERP (le progiciel de gestion intégré acquis en 2010, ndlr), les travaux d'épuration des comptes afin de lever les réserves des commissaires aux comptes et la liquidation de la filiale Aisa et sa sortie du périmètre de consolidation.
Le dirigeant a indiqué que la société a connu énormément de problèmes. Il y a énormément d'écart entre l'ancien système Amine et l'actuel ERP. La société a aussi engagé un travail titanesque de justification des comptes.
Et de souligner : « Je veux rassurer les actionnaires, après un travail très important que nous avons effectué, en interne en collaboration avec nos commissaires aux comptes, nous avons validé tous les modules de l'ERP. Aujourd'hui, l'ERP est fonctionnel à 100%. Les travaux sont finis, il y a deux semaines. (…) Les écarts qui en ont résulté, nous ont demandé un temps fou pour justifier les comptes. Il y a un an nous en avons discuté en réunion du conseil d'administration et nous avons décidé de ne faire l'AGO qu'après justification. Aujourd'hui, un progrès énorme a été accompli ».
Le PDG a ajouté : « Ce retard regrettable nous a permis d'épurer les comptes. Des commissions poursuivent les travaux d'apurement des comptes. Au fur et à mesure, on devra lever toutes les réserves».


Lors du débat, Moncef Ouaghlani a affirmé : « J'étais heureux d'apprendre votre nomination, car vous connaissez les rouages de l'entreprise. J'avais de grandes espérances par rapport à la correction de certaines défaillances ». Mais il s'est dit déçu car le rapport des commissaires, Mourad Fradi (ECC Mazars) et Abdelmajid Douiri (AMI Consulting), avait noté plusieurs réserves concernant pratiquement toutes les rubriques du bilan. Il a aussi demandé au service juridique où en est l'affaire judiciaire de Mauritania Airways.
Pour sa part, l'actionnaire Hached a exprimé son soutien à M. Chelly en estimant qu'il lui a fallu beaucoup de courage à pour accepter ce poste, car Tunisair est une bicyclette sans chaine.
Mustapha Meherzi s'est interrogé sur la ponctualité des avions, sur le sort des agents impliqués dans des affaires de vols de pièces de réacteurs, sur la rationalisation des dessertes, sur la vente des actifs non-utilisés, sur une augmentation de capital, sur le départ anticipé des employés et sur la recharche d'un partenaire stratégique.
Mustapha Chouaïb a, pour sa part, fait remarquer qu'il y a une norme internationale qui concerne le personnel des compagnies aériennes et qui est de 60 à 80 employés par avion. Il s'est interrogé sur ce que compte faire Tunisair à ce sujet. Il a aussi fustigé la baisse importante du prix de l'action qui équivaut aujourd'hui au prix d'une cigarette.
Aziz Ben Youssef a affirmé que les Tunisiens et les actionnaires n'ont plus confiance dans les entreprises publiques, car elles sont toutes dans un état lamentable. Il a rappelé que Tunisair fait partie des sept sociétés que le gouvernement a décidé de sauver et s'est demandé ce qu'il en est, sachant que de nombreux pays sont intervenus de par le monde suite à la pandémie du Covid-19 pour sauver leurs compagnies aériennes. Il s'est interrogé sur la baisse de la part de marché et si la hausse d'affluence va profiter à Tunisair. Et de s'interroger si le syndicat a entravé le plan de restructuration de la compagnie.
Ironique Mustapha Meherzi a rappelé que Olfa Hamdi, l'ancienne PDG, a provoqué une secousse en montant sur une table qui a fait monter le cours de l'action de 50% et a demandé à l'actuel PDG de faire de même. A ceci, M. Chelly rétorqua : « Je vais faire une secousse mais sans monter sur une table ».

A ce flot de questions, Khaled Chelly indiqué qu'après da nomination en mars 2021, il avait deux objectifs. Le premier était de sauver la saison touristique 2021, avec une flotte incomplète et la nécessité de trouver 50 MD pour la maintenance des avions. Le deuxième concerne la mise en place d'un plan de sauvetage et de restructuration de l'entreprise.
A Moncef Ouaghlani, M. Chelly a répondu : « Vous ne pouvez pas être déçu, car la société a connu de grands défis pendant les deux dernières années. La compagnie a perdu en 2020, 67% de son chiffre d'affaires, pour se situer à 625 MD. Les autres pays ont soutenu leurs compagnies aériennes, mais la réalité de la Tunisie est autre (ça n'a pas été le cas de Tunisair, ndlr). La compagnie a poursuivi son activité, dans ces conditions difficiles. Nous ne l'avons pas laissée tomber et un effort exceptionnel a été déployé à cet effet. Nous avons payé les salaires grâce à notre travail et nous ne sommes pas endettés, jusqu'à 2021, où l'Etat nous a soutenus avec 31,5 MD pour la maintenance des appareils ».
Et d'ajouter : « Nous avons finalisé le SLB (sale and leaseback, ndlr) alors que la société passait par une crise financière aigue. Nous avons des engagements avec Airbus et nous avons payé des avances de 97 MD qui auraient été perdues si nous n'avions pas finalisé la transaction. Nous avons aussi payé une avance de 30 MD au motoriste CFM, qui aurait été également perdue si la transaction n'avait pas été finalisée. Au total, 130 MD aurait pu être perdus, mais grâce à un grand effort de la part du conseil d'administration, de l'autorité de tutelle, et de la présidence de la République, la situation a été réglée en quatre mois, un temps record, et on a pu ramener deux avions, A320 neo, et qui ont permis un gain de carburant de 20% outre moins d'émission de CO2, ce qui a évité plusieurs dépenses et taxation en Europe sur la pollution et la nuisance ».
Le PDG a martelé : « Nous travaillons en silence. L'implantation de l'ERP, entravée depuis 2015, a été finalisée et aujourd'hui, on est fiers d'avoir un système d'information qui nous permettra dans le futur plusieurs traitements. La vente par internet a été entravée pendant plus d'un an. Elle a repris en 2021 et 30% des ventes se font aujourd'hui par internet. Beaucoup de choses ont été accomplies dans ce laps de temps très court, grâce à la volonté de la société et du conseil d'administration, malgré les problèmes de gouvernance.
Aujourd'hui, la flotte est composée de 22 avions. Nous avons échelonné nos dettes auprès de certaines banques, de la CNSS et de la SNDP pour soulager le poids des dépenses financières. Des réalisations importantes ont été accomplies et se poursuivent ».



Le responsable a indiqué que le plan de restructuration a été préparé au mois d'octobre 2021, il a été soumis au Conseil d'administration, puis au ministre du Transport et par la suite à une commission interministérielle. Et d'ajouter qu'un conseil ministériel était prévu la semaine dernière, mais M. Chelly a eu un malaise et a dû être hospitalisé, d'où le report de cette réunion importante.
Le plan de restructuration comprend quatre piliers : une nouvelle stratégie commerciale, une restructuration financière et sociale et une refonte du mode de la gouvernance.
La nouvelle stratégie commerciale sera basée sur les réalisations de 2019. Ainsi, la compagnie a révisé ses lignes et dessertes : un classement de rentabilité de la période 2011-2019 a été établi et seules les lignes qui couvrent le coût d'exploitation ont été préservées, celles déficitaires ou potentiellement déficitaires ont été déprogrammées.
Le management a décidé, par la suite, le redimensionnement de la flotte, selon les nouveaux besoins : 15 avions en 2022 qui seront portés à 17 avions en 2023 puis à 19 appareils en 2028. « L'objectif étant de travailler plus avec moins de moyens », a insisté le PDG.
En outre, le management a opté pour une homogénéisation de la flotte avec deux A330 et le reste des A320 néo : ainsi les Boeing 737-600 vont être cédés. L'objectif étant d'atteindre une moyenne de 12 heures de vol par jour avec un gain de kérosène et effectuer des vols vers l'Afrique, toujours selon le PDG.
« Nous allons nous concentrer sur l'augmentation de fréquence et l'ouverture de nouvelles lignes générant des profits. Nous allons aussi nous focaliser sur la qualité de service. Le retour du catering entre dans ce cadre. Idem pour le taux de régularité qui est passé de 50% en 2019 à 75% en 2022 et nous ambitionnons les 85% », a précisé M. Chelly.
Au menu aussi un programme de digitalisation et de refonte totale du système dont une grande partie sera destinée aux passagers comme le Web check-in avec sélection des sièges & boarding pass : tout un projet en cours. La compagnie va aussi se focaliser sur le développement du fret, avec la création d'une société dédiée au fret d'ici 2024.

Le plan de sauvetage comprend aussi une restructuration financière qui a notamment concerné le rééchelonnement des créances : 75% des crédits bancaires ont été rééchelonnés, à part certaines banques privées qui n'ont pas accepté. La SNDP, la CNSS et certains fournisseurs ont aussi accepté le rééchelonnement de leur dette.
Plusieurs représentations de Tunisair à l'étranger ont fermé et la compagnie a baissé les charges afférentes. A titre d'exemple, le PDG a indiqué que la compagnie louait en France un local près des Champs-Elysées qui lui coûtait 500.000 euros par an. Aujourd'hui, la location de nouveau local à Orly ne lui coûte que 50.000 euros par an. Une stratégie qui a été suivie dans les autres représentations afin de baisser les coûts inhérents.
La société compte aussi opérer une augmentation de capital, après l'adoption du plan de restructuration par un conseil ministériel et consultation du conseil d'administration. Cette augmentation se fera en deux phases : La première phase sera une augmentation de capital par l'Etat avant de faire appel aux épargnants et actionnaires de la société dans une deuxième phase. Cette augmentation de capital devrait être opérée en 2022.
Autre point important, la compagnie est à la recherche d'un partenaire stratégique, toujours selon les dires du PDG.

S'agissant de l'assainissement social, Khaled Chelly a rappelé qu'en 2012, la compagnie disposait de trente appareils et le groupe Tunisair employait 8.400 personnes. Il a rappelé qu'il y a un référentiel qui indique que les compagnies lowcost devraient avoir entre 80 à 100 employés par avion et que les compagnies normales devraient avoir de 120 à 180 employés par avion. En 2013, on avait décidé un plan social concernant 1.700 employés, l'Etat avait accepté de donner un certain montant mais le litige concernait la prise en charge par l'Etat des cotisations CNSS, chose qu'a refusé la caisse sociale.
Aujourd'hui, le groupe Tunisair compte 6.950 employés (1.450 employés étant partis à la retraite, ndlr), la société Tunisair-S.A compte 3.200 employés et dispose de quinze avions. Nous voulons parvenir, in fine, à un ratio de 120 employés par avion, a affirmé M. Chelly.
N'ayant pas voulu avancer de chiffre, le PDG a indiqué que plusieurs employés dont l'âge dépasse les 55 ans veulent partir et que la société veut le départ de plus de 500 employés de la tranche d'âge entre 45 à 55 ans.
Ceci dit, il a souligné que la société va poursuivre le développement de son capital humain avec des ingénieurs et avec des cadres hautement qualifiés et de noter que certains métiers vont disparaitre.

Le plan comprend aussi une refonte du mode de gouvernance. M. Chelly a rappelé, dans ce cadre, que Tunisair est la seule entreprise publique qui fait face à une concurrence nationale et internationale, la majorité des autres étant carrément des monopoles.
Il a expliqué que la société doit avoir un mode de gouvernance adapté à son activité. L'Etat a ainsi donné son aval pour la simplification des procédures d'achat, le tout sous la supervision du conseil d'administration et son contrôle.
Il y aura aussi une séparation entre les postes de président du Conseil d'administration et de directeur général outre un projet de nomination d'administrateur sur la base des compétences et par voie d'appel d'offres.



Interrogé sur l'avancement de la date de réception des avions, le PDG a expliqué que la crise des semi-conducteurs touche également le secteur aéronautique. Ainsi, les livraisons se feront respectivement en août 2022, octobre 2022 puis en avril 2023.
S'agissant des agents emprisonnés, le responsable a affirmé que tant que la justice n'a pas statué définitivement, la société ne peut pas s'avancer. Mais dès qu'il y aura un verdict, la compagnie réclamera ses droits en ce qui concerne les pertes qu'elle a subi.
En ce qui concerne les remarques des commissaires aux comptes, M. Chelly a affirmé que des équipes dédiées y travaillent.
« Nous allons désigner un cabinet pour continuer la justification des comptes. (…) Je serai clair, la levée des toutes les réserves prendra du temps car c'est l'héritage de plusieurs années. Ne vous attendez pas à ce que toutes les réserves soient levées lors de la prochaine assemblée », a-t-il noté.
En ce qui concerne la cession des actifs, la compagnie a identifié les actifs qu'elle n'utilise pas et qu'elle n'a pas l'intention d'utiliser, et en particulier les terrains, a-t-il assuré. Ils seront présentés au gouvernement parmi les propositions de cession. Le management estime que la cession des actifs permettra à la compagnie d'engranger 100 MD alors que la cession des quinze anciens avions rapportera entre 80 et 100 MD.
Et de soutenir que la compagnie a également entamé la réévaluation de son patrimoine. Le PDG estime que ceci va réévaluer les immobilisations de la société de 80 à 120 MD supplémentaires, ce qui allégera la situation nette de la société dès l'exercice 2022.
Sur un autre volet, Khaled Chelly a indiqué que le management œuvre à l'assainissement de toutes les filiales du groupe. La compagnie est ainsi à la recherche d'un partenaire stratégique pour Tunisair Technics, afin qu'il devienne un centre de compétences et de ramener de nouveaux marchés. LA compagnie est également en train de chercher des partenaires stratégiques pour Tunisair Express et pour Tunisair Handling.

S'agissant du syndicat et s'il est en train d'entraver le plan d'assainissement, le responsable a affirmé le contraire assurant que le syndicat est en train de pousser l'Etat pour adopter le plan de sauvetage. « Si la société marche depuis un an et deux mois sans entraves, cela prouve bien qu'il y a une entente et un dialogue entre la direction et les syndicats », a-t-il noté.

Concernant Mauritania Airways, la directrice juridique Mme Bartagi a indiqué que la procédure se poursuit depuis 2011. La dernière décision date du 8 mars 2022, et stipule la désignation d'une commission rogatoire internationale, qui va écouter les partie prenantes et va nommer des experts pour auditer les comptes de la société. Pour elle, il s'agit d'un point positif pour Tunisair, car un cabinet étranger avait fait un audit en 2012 à la demande de Tunisair et avait conclu que la compagnie a respecté ses engagements alors que son partenaire mauritanien ne l'avait pas fait.
Sur un autre volet, Mme Bartagi a précisé que le contentieux a connu un boom depuis 2011, avec 2.600 affaires aux prud'hommes, des employés de la compagnie ayant déposé une plainte pour bénéficier à effet rétroactif d'un avantage d'une loi de 1996 que la tutelle avait décrété inapplicable sur Tunisair. Si la justice statue en faveur des employés, cela coûtera à la société entre 60 à 80 MD.

Interrogé sur la date de la tenue du reste des assemblées générales ordinaires en retard, le PDG a indiqué que les états financiers de 2019 sont prêts et qu'il faut jusqu'ils soient audités par les commissaires aux comptes, pour une AGO prévue en septembre ou en octobre 2022. Pour l'exercice 2020, vu la pandémie du Covid-19 et la baisse de l'activité, les états financiers seront faciles à traiter et l'AGO pourrait se tenir en février 2023, alors que celle de l'exercice 2021 en juin 2023 puis celle de l'exercice 2022 en novembre 2023.

Khaled Chelly a tenu à rassurer les actionnaires, en affirmant que la situation de l'entreprise va s'améliorer grâce au plan de restructuration.
« Soyez patients. Comprendre le passé est important, mais ça demeure du passé. Le présent et le futur sont les plus importants. En 2022, malgré la mise en place d'objectifs ambitieux, nous les avons dépassés », a-t-il martelé.

Malgré le retard de l'assemblée générale ordinaire de Tunisair pour l'exercice 2018, Khaled Chelly a pu rassurer les actionnaires et les convaincre par le plan de restructuration présenté. Et c'est plein d'espoir dans l'avenir de la compagnie aérienne qu'ils ont quitté les lieux.


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