Le président de l'Instance supérieure dite indépendante des élections, Farouk Bouasker répète le même scénario qu'en juillet dernier. Après avoir annoncé des résultats préliminaires, à la fermeture des bureaux de vote, il en annonce d'autres, deux jours plus tard avec des chiffres gonflés, bien différents des premiers. Pour les législatives 2022, les premiers résultats relatifs aux taux de participation annoncés par M. Bouasker samedi 17 décembre un peu avant 20 heures, c'est 803.638 électeurs représentant un taux de participation de 8,8%. Lundi 19 novembre, il annonce 1.025.418 électeurs représentant 11,22%. Il ne s'agit pas d'une petite augmentation, mais d'un écart de quelque 27,59%.
Ce n'est pas une première, au référendum organisé le 25 juillet 2022, Farouk Bouasker a également annoncé des taux de participation différents. Le jour du référendum, il a annoncé un taux de 27,54% à la fermeture des bureaux. Le 26 juillet, ce taux a soudainement grimpé à 30,5% sans que personne ne nous explique pourquoi. Il n'y avait pas que la différence des taux qui posait problème, il y avait également des écarts considérables entre les chiffres des instances régionales et le résultat officiel global de l'instance centrale. Résultat, les chiffres de l'Isie étaient impossibles à croire, comme l'a écrit Business News à l'époque.
Pour justifier l'écart de décembre dans les législatives, l'Isie a évoqué plusieurs motifs aussi risibles les uns que les autres. On parle de problèmes de réseaux téléphoniques, de certains bureaux ouverts (à Djerba et Zarzis) jusqu'à 20 heures, alors que le décompte s'est fait à 18 heures… Peut-on, à partir de cela, remettre en doute l'intégrité de l'Isie et soupçonner une fraude de la part de M. Bouasker ? Si c'est ce que dit et/ou suggère l'opposition, la vérité serait plus simple. D'après l'ONG Mourakiboun, l'Isie ne sait pas faire son travail et utilise des méthodes éculées et non professionnelles. L'ONG, reconnue pour son professionnalisme et son sérieux, a estimé le taux de participation d'une manière indépendante et a annoncé, dès samedi, un taux de 11%. En clair, visiblement, l'Isie a sous-estimé samedi le taux de participation et cette sous-estimation serait due à un manque de professionnalisme et non à une manipulation frauduleuse des chiffres. Quoi qu'il en soit, une nouvelle fois, l'Isie de Farouk Bouasker est discréditée devant l'opinion publique, nationale et internationale, et ses chiffres sont impossibles à croire. On est loin, très loin du professionnalisme de ses prédécesseurs Kamel Jendoubi et Chafik Sarsar. En dépit de ses grossières erreurs, Farouk Bouasker se permet de tacler les précédentes élections en affirmant que si le taux de participation était élevé, c'est parce qu'il y avait de l'argent sale qui circulait. Une accusation infâmante à ses prédécesseurs. Pour l'Histoire, les précédents rendez-vous électoraux étaient salués par les observateurs nationaux et internationaux, alors que les législatives 2022 de M. Bouasker étaient fortement critiqués. Les Américains de l'ONG Carter ont carrément dit que le processus ne répondait pas aux normes internationales. Farouk Bouasker est peut-être intègre, comme il le crie sur tous les toits, mais il ne sait vraiment pas faire son travail, comme l'indiquent les rapports des observateurs nationaux et internationaux et ses propres chiffres qui gonflent aussi bien lors des législatives que le référendum de 2022.