Le secrétaire général du Courant populaire (Attayar Chaâbi), Zouheir Hamdi, a commenté la multiplication des initiatives pour résoudre la crise politique et économique en Tunisie. Invité de Malek Khaldi dans la Matinale de Shems FM, il a estimé que le foisonnement des initiatives était signe de crise et « d'un échec de tous » laissant entendre que des initiatives parallèles « à la réalité ne peuvent aboutir ». « Je pense que la meilleure alternative pour passer le cap de cette phase est dans la construction de toutes les initiatives autour de la finalisation du processus électoral et sur la base d'une institution constitutionnelle ; un parlement, pour créer un équilibre sur la scène politique et élaborer une feuille de route de réforme », a-t-il avancé.
Le politicien a soutenu que le problème de la Tunisie résidait dans le rejet de construire sur l'existant, notant qu'à chaque fois que quelqu'un présente une vision ou une initiative il torpille ce qui précède et recommence à zéro.
Plusieurs initiatives politiques ont vu le jour ces dernières semaines dont celle des organisations nationales – regroupant pour le moment l'Union générale tunisienne du travail, l'Ordre des avocats, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme et le Forum tunisien des droits économiques et sociaux – et celle baptisée « 1er janvier » lancée par le parti de l'avocat et ancien ministre des Domaines de l'Etat Mabrouk Korchid, « Arraya Al Wataniya».
Ces initiatives viennent contrer l'entreprise juilletiste du président de la République Kaïs Saïed. Après avoir annoncé le gel du parlement le 25 juillet 2021, le chef de l'Etat s'est lancé dans un projet personnel en s'accaparant d'abord les pleins pouvoirs. Il a ensuite lancé une consultation électronique puis un référendum constitutionnel sur un texte qu'il a élaboré lui-même effaçant ainsi le fruit des trois ans de labeur de l'Assemblée constituante de 2011. Il a, également, promulgué une nouvelle électorale pour ses élections législatives de décembre 2022 avec un mode de scrutin nouveau : le scrutin uninominal. Le second tout de ces législatives anticipées devrait avoir lieu le 29 janvier.
Ce projet – pourtant monté unilatéralement par Kaïs Saïed dans une rupture totale avec les dix ans de gouvernance – pourrait, cependant, constituer un cadre pour les initiatives en cours; celle de l'UGTT, entre autres, selon Zouheir Hamdi.
Le politicien a avancé, également, que le président de la République pourrait être réceptif à certaines réformes notant le manque de « sérieux » des initiatives qui écartent et outrepassent le chef de l'Etat, « seule garantie et unique institution élue et légitime ». Inclure le président de la République et le prochain parlement sera facteur de réussite pour toute initiative qui le ferait, d'après le secrétaire général du Courant populaire.