Le PDG de l'office du commerce de Tunisie (OCT), Elyes Ben Ameur, est intervenu, ce mardi 7 février 2023, au micro de Jihene Miled, sur Mosaïque FM, pour revenir sur la pénurie de café observée dans le pays. Il a affirmé, à cette occasion, que le manque est dû à une conjoncture mondiale avec notamment l'instabilité du prix du café, principalement l'arabica qui constitue 60% de la composition du café vendu en Tunisie.
« Nous avons dépassé le problème au mois de décembre mais nous rencontrons en ce moment des complications liées aux prix, le stock est si bas que nous sommes très vite impactés par les contraintes logistiques et cela a un effet sur les torréfacteurs sur le plan des quantités. L'Office vend toujours aux torréfacteurs à moitié prix, soit 7,5 dinars le café vert, ils réalisent ensuite leur marge et ne subissent aucune perte liée aux prix du marché mondial ou du taux de change » a expliqué le responsable.
Il a souligné que les quantités fournies ont diminué de 20 ou 30% depuis le mois de décembre. « Les stocks des magasins de l'Office ont diminué, nous avons actuellement un stock de dix ou quinze jours, pour ce qui est des chargements ils nous parviendront le 20 février et suffiront à couvrir un mois et demi de consommation. Nous avons aussi d'autres achats qui nous seront livrés pour couvrir le mois de ramadan (…) c'est une situation conjoncturelle qui sera dépassée dans les semaines à venir » a ajouté Elyes Ben Ameur.
Elyes Derouiche, membre du syndicat national des torréfacteurs, était intervenu hier sur le même sujet, affirmant que la situation est délétère et que les usines de fabrication subissent depuis sept mois des pertes liées aux quantités fournies par l'Office. Elyes Derouiche a précisé que les magasins de l'Office du commerce sont vides et qu'aucun chargement n'est parvenu en Tunisie, soulignant que les industriels sont à l'arrêt avec les pertes que cela engendre. « Nous sommes incapables d'assurer notre rôle et de fournir le café aux citoyens car les quantités sont très faibles et vont en s'amenuisant. Nos besoins hebdomadaires sont de 700 tonnes de café vert et à l'heure actuelle, nous ne sommes fournis que de 350 ou 400 tonnes (…) le café vendu cher est disponible car l'importation du café emballé est ouverte et libre (…) pour le reste, nous sommes dans le flou (…) nous faisons face à deux obstacles, d'abord le monopole et ensuite le fait que les prix soient fixés par l'Office sur la base d'anciens prix au niveau international qui n'ont pas été révisés » a-t-il ajouté.
Le responsable a affirmé que l'Etat, lui-même, supporte des pertes qui se chiffrent à des centaines de milliards sans que cela ne serve en rien le citoyen. « Les prix sont fixés par l'Office certes mais dans les cafétérias, les prix sont libres et le Tunisien consomme plus de café à l'extérieur que chez lui. On parle de contrôle du prix alors qu'au final on ne contrôle rien. C'était valable en 1962 mais plus maintenant, donc il faut libéraliser le marché et nous permettre de jouer notre rôle dans ce marché concurrentiel et qui n'est pas du tout stratégique pour être un monopole de l'Etat. C'est une aberration tunisienne » avait-t-il conclu.