Depuis l'annonce par le parquet antiterroriste français de l'ouverture d'une enquête sur l'attaque de Djerba, certains internautes ont soulevé des questions sur la pertinence de cette enquête, étant donné que l'attaque a eu lieu en Tunisie et non en France. Certains ont considéré cela comme une ingérence dans les affaires internes de la Tunisie. « La France considère-t-elle toujours la Tunisie comme une colonie ? Nous attendrons une réponse de la Tunisie et de Kaïs Saïed »; « Qu'est-ce que la justice française a à voir avec cette affaire ? N'est-ce pas une ingérence dans les affaires intérieures des pays que l'ONU vante, ou la Tunisie est-elle encore mineure et la France a-t-elle le droit et la juridiction sur elle ? », s'étaient interrogés certains. Ainsi l'ouverture d'une enquête par la justice française a alimenté un débat dans la rue tunisienne et dans les réseaux sociaux
Cependant, il convient de noter que l'une des victimes de l'attaque, Benjamin Haddad, détient la nationalité française, ce qui justifie l'ouverture d'une enquête par la justice française. De plus, les tribunaux français peuvent enquêter sur des actes commis hors du territoire français si la victime est française, si l'auteur du crime est français ou si l'auteur présumé réside en France. La compétence universelle permet également aux juges des pays signataires du Statut de Rome de juger les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et les génocides, même s'ils ont été commis à l'étranger. Cependant, pour poursuivre en France les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, une double incrimination est requise, c'est-à-dire que l'infraction doit également être considérée comme un crime dans le pays dont l'auteur présumé est ressortissant. Le parquet national antiterroriste français a été créé par la loi de programmation (2018-2022) et de réforme de la justice, établi en juillet 2019 pour réprimer les crimes et délits liés au terrorisme, les délits et crimes relatifs à la prolifération des armes de destruction massive, ainsi que les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. Depuis lors, le parquet a ouvert plusieurs enquêtes, y compris une enquête sur la mort du journaliste franco-irlandais Pierre Zakrzewski, décédé lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le parquet a qualifié les faits de crimes de guerre, y compris des atteintes à l'intégrité psychique, des attaques délibérées contre des civils non impliqués dans les hostilités, des privations délibérées de biens essentiels, des attaques délibérées contre des biens civils, ainsi que des vols, des destructions et des détériorations de biens.
Pour rappel, dans la soirée de mardi, une attaque armée opérée par un sécuritaire dans les environs de la synagogue de la Ghriba où se déroulait le pèlerinage annuel de la communauté juive. Mardi vers 20h30, des coups de feu ont été entendus aux alentours de la synagogue de la Ghriba. La Brigade antiterroriste et les militaires sont intervenus et un hélicoptère a sillonné le ciel. Les forces de sécurité ont confiné visiteurs et pèlerins dans la synagogue et ont encerclé les lieux en prévision d'un autre assaut. Selon la version du ministère de l'Intérieur, l'assaillant était un agent de la Garde nationale affecté au Poste maritime d'Aghir Djerba. Après avoir tué son collègue, il s'est emparé de son arme et de ses munitions. Il a ensuite essayé de s'approcher des alentours de la synagogue de la Ghriba et a tiré des coups de feu aléatoires vers les unités sécuritaires déployées sur les lieux. Celles-ci l'ont empêché d'y parvenir et l'ont éliminé. L'attaque a fait trois victimes parmi les forces de sécurité et deux victimes civiles. Deux sécuritaires ont succombé lors de l'attaque et le troisième le lendemain à l'hôpital. Les deux civils tués sont les cousins Aviel Haddad et Benjamin Haddad ; deux pèlerins juifs qui se trouvaient lors de l'attaque près du parking, aux alentours de la Ghriba. Le premier est de nationalité tunisienne et le second de nationalité franco-tunisienne.