Ponts, barrages et énergie verte : la Chine investit dans le développement tunisien    Tunisie : le Groupe Chimique bénéficie de l'expertise chinoise pour réduire la pollution    Angelina Jolie envisage la création d'un village de secours pour enfants à Gaza    Foot : l'entraîneur du CAB interdit de banc pour deux matches    Transformer les déchets en énergie : la Tunisie passe à l'action    Lab'ess organise "Lem7ata" pour renforcer les liens de confiance entre les associations tunisiennes et les citoyens    Greenov'i lance son deuxième appel à manifestation d'Intérêt GreenAssist pour le diagnostic environnemental des entreprises    Tunisair mobilise 106 millions DT pour un programme de maintenance historique    AMEN BANK et le Ministère de la Santé : un partenariat durable au service des hôpitaux publics    Médenine abrite la 28ème édition de son Festival National du théâtre expérimental, session hommage à Anouar Chaafi    « Nous, peuples des Nations unies... »    Le déminage de la bande de Gaza nécessitera 30 ans    Etudier en Europe : le Pacte pour la Méditerranée ouvre de nouvelles portes aux Tunisiens    Météo : ciel dégagé et une légère hausse des températures    Santé : le Tunisien prend en charge plus de 40 % du coût des soins, selon une étude    Tunisie : deux dons d'organes redonnent vie à cinq patients à Kairouan et Ben Arous    Hiver 2025-2026 : la Tunisie séduit les Européens à petit budget    Tozeur – Ong Jemel : Démarrage des travaux de restauration    La Tunisie à l'honneur dans GEO : un héritage antique à redécouvrir    Le 31 octobre, la ville italienne de Palerme accueillera les Journées économiques et culturelles tunisiennes    Rafaâ Ben Achour - L'avis de la Cour internationale de Justice du 22 octobre 2025: Obligations d'Israël    Festival International du Cinéma de la Femme de Gaza : huit films tunisiens participent à la 1ère édition    Entre traditions et diplomatie : l'Ambassadeur britannique en Tunisie célèbre les liens entre deux cultures    S.E. Roderick Drummond ambassadeur du Royaume-Uni : La Tunisie est un pont entre tradition et modernité    Lancement du Club IA France-Tunisie : une dynamique nouvelle pour l'innovation bilatérale    Dans ce cas : tous les établissements publics et privés sont tenus d'appliquer l'augmentation des salaires    Danger : Tik Tok détruit votre cerveau    Ameur Bahri: Une allégorie singulière    La douane tunisienne empêche la fuite d'un trésor archéologique    Football-tirage au sort de la phase de groupes des compétitions africaines : la date annoncée    Arab Reading Challenge : les jumelles Bissane et Bilsane Kouka remportent le trophée de la 9e édition    Corée du Nord : un essai de missile suscite l'inquiétude à l'échelle internationale    Le film 13 Round de Mohamed Ali Nahdi sélectionné au Festival Black Nights de Tallinn 2025    Ligue 2 – 6e journée : L'US Tataouine sur du velours ?    Météo en Tunisie : nuages passagers sur la plupart des régions    Aziz Krichen, ce vendredi à Al Kitab; pour débattre de son nouveau livre «A contre-courant»    Quand le trottoir devient un tribunal : l'Allemagne se penche sur le catcalling    Gabès – crise environnementale : Kais Saïed promet de démanteler les réseaux de corruption (vidéo)    Vient de paraître : Une fille de Kairouan de Hafida Ben Rejeb Latta    Météo en Tunisie : pluies légères, températures en légère baisse    L'Espérance de Tunis ouvre la vente des abonnements "Virage" à partir du 22 octobre    Un nouveau pont entre l'université et la jeunesse : l'IPSI signe avec l'Observatoire National de la Jeunesse    Wushu Kung Fu : la Tunisie décroche 7 médailles au championnat du monde en Chine    Sarkozy se rend en prison à bord de sa voiture personnelle    La Tunisie dévoile ses nouveaux maillots pour la Coupe arabe et la CAN 2025 !    L'Amiral Mohamed Chedli Cherif : Il aimait tant la mer, il aimait tant l'armée, il aimait tant la Tunisie    Pétrole russe : Pékin dénonce les “intimidations” de Trump et défend ses achats “légitimes”    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Féminicide : la loi ne suffit pas !
Publié dans Business News le 21 - 05 - 2023

Trois Tunisiennes en moyenne meurent chaque mois sous la violence de leurs époux. Au premier trimestre de l'année 2023, elles étaient huit à avoir perdu la vie, dans un drame de violence conjugale, selon les chiffres avancés par l'Association Aswat Nissa. Certaines étranglées, d'autres lardées de coups de couteau…
Le législateur tunisien pense combattre toute forme de violence faite aux femmes, pourtant le fléau prend de l'ampleur ; en 2022, soit cinq ans après la promulgation de la loi 58 sur les violences domestiques, quinze femmes ont fini sous terre des suites de violences conjugales.
La garantie légale
Ambitieuse et stricte. C'est ainsi que certains experts ont qualifié cette loi 58 à sa promulgation. Le législateur y assure que l'Etat et ses institutions s'engagent pleinement dans la lutte contre la violence faite aux femmes jusque dans sa forme la plus grave ; le féminicide, à travers de nombreuses mesures. On y trouve de tout. De la prévention à la sanction en passant par la sensibilisation.
Dans un rapport publié en décembre 2022 basé sur des témoignages collectés auprès de femmes victimes de violence, Human Rights Watch (HRW) a relevé de nombreuses lacunes notant que les autorités tunisiennes doivent mobiliser davantage de moyens financiers et consolider la volonté politique pour fructifier les efforts déployés dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes. « L'Etat devrait veiller à ce que : la police protège les femmes et lance des enquêtes chaque fois que des violences domestiques sont signalées, sans exiger de certificats médicaux initiaux ; le pouvoir judiciaire traite dûment tous les cas de violences domestiques, sous toutes ses formes ; et que les services de soutien promis soient disponibles », lit-on dans le rapport de HRW.
Selon l'organisation, les unités de protection créées conformément à la loi 58 et disposant de peu de personnel féminin ne sont opérationnelles que pendant les horaires administratifs, la police exige arbitrairement des certificats médicaux et des preuves pour engager une enquête, le recours à la médiation pour pousser les victimes à se réconcilier avec leurs agresseurs, le manque de communication sur les droits des victimes, le manque d'accès aux services d'aide juridique, et la rareté des centres d'hébergement, sont les plus grands obstacles. Des facteurs de pénibilité qui font du parcours un vrai chemin de croix pour certaines au point d'abandonner.

Le modèle espagnol
La fluidification des procédures et l'application stricte de la loi, conjugués à un budget colossal, ont fait leurs preuves en Espagne. Même si le pays fait face à un récent regain de violence à l'égard des femmes, l'arsenal juridique demeure l'un des plus efficaces. Depuis que le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero a voté la loi de protection intégrale contre les violences de genre en 2004, le nombre de féminicides a été considérablement réduit. De 76 en 2008 à 49 en 2022.
En plus de suivre les directives internationales en matière de lutte contre la violence à l'égard des femmes, le modèle espagnol est connu pour être une loi intégrale dont les mesures dépassent la simple pénalisation des violences domestiques ou conjugales pour s'attaquer aux origines des violences de genre ; les inégalités entre hommes et femmes et la persistance du patriarcat. En termes de mesures de protection, l'Espagne a fait preuve d'innovation. L'Etat a créé des bureaux spécialisés ayant pour mission d'apporter une assistance juridique et psychologique aux femmes victimes de violence, des centres d'appel pour les signalements en plus des équipes policières dédiées formées pour être à l'écoute et mettre les victimes en confiance. Les injonctions d'éloignement sont, par ailleurs, doublées d'une autre mesure préventive ; des bracelets électroniques pour surveiller les agresseurs. Côté justice, ce sont des tribunaux dédiés avec des juges spécialisés qui traitent les affaires de violence domestique, sachant que dans certains dossiers, en cas d'abandon des poursuites par les victimes, c'est l'Etat qui engage la procédure.

La sensibilisation
Des efforts de sensibilisation perpétuels permettent de développer une conscience, contribuer à un changement de comportement, et ainsi préparer un climat favorable à la mise en œuvre de politiques efficaces de lutte contre la violence à l'égard des femmes.
La loi même appliquée strictement ne peut, en effet, à, elle, seule, endiguer ce fléau qu'est la violence à l'égard des femmes. Sensibiliser et déculpabiliser les victimes de violence, notamment dans la sphère familiale dans une société où tirer sur les cheveux de son épouse ou la gifler est « banal » et la femme divorcée stigmatisée, peut s'avérer une arme efficace.
Selon les chiffres du ministère de la Femme, 47% des femmes tunisiennes ont été victimes au moins une fois dans leurs vies de violence domestique (2020). Un chiffre qui a connu une recrudescence pendant la pandémie Covid-19. Près de 75% des signalements de violence à l'égard des femmes enregistrées sur la ligne d'urgence nationale en 2021, étaient des affaires de violence conjugale. Des signalements au nombre affligeant mais pour la plupart sans suite. Selon les chiffres de l'Office national de la famille et de la population (ONFP), dans 87% des cas les femmes victimes de violence se taisent.
Les raisons sont multiples. Le manque de confiance dans le système judiciaire. Plusieurs victimes estiment que porter plainte ne sert à rien. Un total de 3.885 arrestations a été opéré sur 47.583 cas de violence conjugale signalés jusqu'au 31 octobre 2022, selon le ministère de l'Intérieur.
Le manque d'informations est aussi à blâmer. « Les efforts de sensibilisation sont largement au deçà des besoins (…) « Parmi les 30 femmes qui se sont entretenues avec Human Rights Watch (…) aucune d'entre elles n'avait utilisé la ligne d'assistance téléphonique », lit-on dans le rapport de l'organisation. Plusieurs n'ont jamais entendu parler de la loi 58, selon la même source.
La menace de l'agresseur ou pire la dissuasion figurent aussi sur la liste des raisons qui poussent les femmes à taire leurs souffrances. Dans certains milieux, on oublie que l'agresseur est dangereux. Selon Human Rights Watch, la plupart des survivantes affirment avoir été dissuadées par leurs familles de porter plainte contre leurs agresseurs.
C'est, d'ailleurs, de ce sens, que l'organisation a invité, dans ses recommandations, la Tunisie à ratifier la Convention d'Istanbul. Celle-ci porte essentiellement sur les efforts de prévention et de sensibilisation dont les Etats membres doivent s'acquitter dans le domaine de la lutte contre la violence à l'égard des femmes. La demande de la Tunisie d'adhérer à la Convention d'Istanbul a été acceptée en 2020 par le Conseil de l'Europe. Celle-ci n'a, cependant, pas été ratifiée.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.