L'ancien diplomate Abdallah Laabidi a commenté, vendredi 30 juin 2023, l'affaire de l'accord proposé par l'Union européenne à la Tunisie. Il a affirmé, à ce sujet, que le document présenté n'était pas « tunisien » et qu'il n'avait pas été débattu avançant comme preuve les déclarations des responsables européens qui ont affirmé que la Tunisie avait demandé plus de temps pour étudier ledit document. Le diplomate a signalé, dans son intervention dans l'émission Expresso, que la Tunisie subissait une attaque sauvage visant à soumettre le pays à ceux qui se prétendent amis alors qu'ils sont ennemis de la Tunisie. « Ces gens-là ont mélangé toutes les cartes, l'accord avec le FMI, situation du pays, la démocratie, la dictature du Président… », a-t-il déclaré soulignant que l'Europe reproche à la Tunisie ce qu'elle se refuse, elle-même, en référence à la question migratoire.
« Le président doit mettre fin à cette mascarade et expliquer à la partie en face ce qu'on peut accepter et ce qu'on ne peut pas accepter », a-t-il ajouté affirmant que le pays fait l'objet d'un chantage. « Pourquoi dit-on que Kaïs Saïed est un dictateur ? Ce n'est point par préoccupation pour les Tunisiens supposés en souffrir mais parce qu'il n'a pas accepté. Le qualifier de dictateur vise à l'affaiblir et le faire chanter », a-t-il poursuivi.
Assurant que les aides européennes seront minimes, il a estimé que la collaboration entre l'Europe et la Tunisie se basait uniquement sur le voisinage.
Abdallah Laabidi a, également, pointé du doigt un manque de maturité et de conscience du côté de la classe politique expliquant que les acteurs politiques ne font pas la différence entre les dossiers dont ils peuvent débattre et ceux qui touchent aux fondements de l'Etat et sur lesquels opposition et gouvernement doivent être sur la même longueur d'ondes en dépit des différends.
Le diplomate a, dans ce même contexte, dénoncé le manque d'efficacité de la diplomatie tunisienne, le manque de vision et de coordination. « Nous n'avons pas besoin des déclarations de monsieur le ministre des Affaires étrangères », a-t-il cinglé rappelant que trente à quarante délégations diplomatiques restent vacantes, ce qui ne permet pas de collecter les informations nécessaires ni de construire les positions.
Les négociations entre le Commissaire européen à l'Elargissement et à la Politique européenne de voisinage, Olivér Várhelyi, et les autorités tunisiennes devraient se poursuivre à partir du lundi prochain, selon la porte-parole de la Commission européenne, Ana Pisonero. Cet accord a été présenté par Ursula von der Leyen, lors de sa visite en Tunisie le 11 juin 2023, en compagnie de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni et du Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. L'un des points abordés dans le cadre de cet accord est la question migratoire et le contrôle des frontières tunisiennes.