Le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor, a commenté, mardi 19 décembre 2023, l'accord italo-britannique pour co-financer un projet de rapatriement des migrants irréguliers bloqués en Tunisie. Invité de l'émission Houna Tounes sur Diwan FM, il a affirmé que l'Union européenne avait pour objectif de vider la Tunisie des migrants irréguliers par tous les moyens estimant que l'accord italo-britannique porte sur des rapatriements et des expulsions sous couvert de retour volontaire des migrants dans leurs pays d'origine. La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, et le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, ont convenu, lors d'une rencontre samedi 16 décembre 2023, « de cofinancer un premier projet italo-britannique de rapatriement volontaire assisté vers les pays d'origine, mis en place par l'Organisation internationale pour les migrations en faveur des migrants bloqués en Tunisie ». Romdhane Ben Amor a aussi évoqué, des accords d'aide conclus entre les Affaires étrangères britanniques et le ministère tunisien de l'Intérieur après que l'Italie a convaincu le Royaume -Uni que la destination finale des migrants irréguliers en Tunisie était l'Angleterre. Il a rappelé que les rapatriements groupés étaient en violation avec le droit international et les droits des migrants notant que les autorités tunisiennes ne font rien pour protéger les droits des migrants tunisiens alors qu'ils sont l'un des acteurs de l'économie national, y compris ceux en situation irrégulière. Il a dénoncé, également, la situation des migrants tunisiens dans les centres de permanence pour le rapatriement (CRP) en Italie expliquant que ceux qui y sont hébergés encourent le risque d'être expulsés à tout moment et que leurs droits sont bafoués contrairement à ce qu'avait avancé le ministère tunisien des Affaires étrangères à ce sujet. Selon plusieurs associations et organisations nationales, les CPR italiens comptent 9.506 Tunisiens sur un total de 17.767 migrants sur les quatre dernières années soit 53% de la population détenue. Les Tunisiens représentent, également, la majorité de la population qui sera rapatriée vers le pays d'origine. Ils sont 6.758 à attendre leur expulsion, soit 57% de la population qui devrait être rapatriée.
De nombreuses violations ont été relevées dans ces centres où les cellules sont exigües, surpeuplées et insalubres, sans parler du manque d'accompagnement sanitaire et l'impossibilité pour les détenus de contacter leurs avocats. Les associations signataires ont évoqué, également, un recours excessif aux de substances psychotropes et tranquillisants utilisé pour calmer les détenus. La réduction des coûts et le recours à la sous-traitance auprès de sociétés privées a aggravé la situation. Outre les actes de violence commis sur les détenus et les opérations d'expulsion forcée, les associations ont dénoncé des cas de décès. Depuis l'ouverture des CPR en Italie, au total trente décès ont été enregistrés. Des actes d'automutilation ont aussi été recensés. Romdhane Ben Amor a ajouté, dans ce même contexte, que les autorités tunisiennes fermaient l'œil sur les opérations de rapatriements groupés à travers les aéroports d'Enfidha et de Tabarka. Des opérations qui se font sur la base de l'identité des migrants. En juillet, la Tunisie et l'Union européenne ont signé un mémorandum d'entente sur la question migratoire à l'initiative de la présidente du Conseil italien, Girogia Meloni. Cet accord vise entre autres à réduire les flux migratoires vers l'Europe. Il a été fortement critiqué par plusieurs députés européens en plus des organisations de la société civile. Amnesty international, par exemple, avait dénoncé ce MoU considérant qu'il rend l'Europe complice des violations des droits infligées à des demandeurs d'asile, des migrants et des réfugiés.