Le membre de la campagne explicative du président de la République, Ahmed Chafter, est revenu, vendredi 5 janvier 2024, sur l'amendement par le président de la République de la loi sur la conciliation pénale. Invité de Hatem Ben Amara dans la matinale de Jawhara FM, il a rappelé que la revendication majeure du peuple tunisien était la récupération de l'argent spolié notant que cela sera, effectivement, un axe majeur dans le nouveau modèle de développement qui permettra la création de richesse. « La conciliation pénale est une partie du processus de récupération de l'argent spolié. D'ailleurs, une fois les conseils locaux constitués, ceux-ci exigeront des financements pour des projets qui permettront d'éradiquer le chômage. Mais avant d'aller dans les politiques classiques d'endettement, commençons par collecter notre argent, par récupérer l'argent du peuple », a-t-il avancé. Ahmed Chafter a soutenu que le processus de conciliation pénale aboutirait forcément soulignant qu'en cas d'échec de la conciliation, on passera probablement au pénal directement. « Nous sommes encore dans une logique de pousser les gens à s'engager dans ce processus spontanément, mais in fine si l'on se retrouve bloqué, la loi prendra son cours (…) et l'Etat exercera sa souveraineté », a-t-il déclaré.
Dans les amendements proposés par le président de la République, il est mentionné que si l'accord conclu n'est pas honoré dans les délais, se trouve entravé ou impossible à exécuter, les poursuites judiciaires seront à nouveau enclenchées contre les concernés par la conciliation pénale et les dus seront transférés automatiquement à l'Etat. Le président de la République a, par ailleurs, affirmé mercredi lors d'une rencontre avec les ministres des Finances et du Commerce, qu'il n'envisageait prendre aux riches que le surplus de leur argent et non leurs fortunes dans une logique d'appui du rôle social de l'Etat. Ces amendements interviennent après l'échec cuisant qu'a essuyé la Commission de conciliation pénale. Créée par décret présidentiel le 11 novembre 2022, elle était supposée récupérer quelque 13,5 milliards de dinars qu'auraient spolié quelque 460 hommes d'affaires corrompus. Nommés pour une période de six mois, renouvelable une fois, les membres de cette commission ont achevé, leur second mandat le 10 novembre 2023, avec une main vide et rien dans l'autre. Revenant sur le projet de gouvernance par les bases et les dernières élections locales, Ahmed Chafter a estimé que la réticence des Tunisiens au régime parlementaire était derrière le manque de motivation lors des dernières élections. A son sens, les Tunisiens n'ont pas boycotté les élections locales, mais manquaient, plutôt, d'enthousiasme. « Le pourcentage de ceux qui prennent part aux révolutions est de 10 à 15% dans le meilleur des cas. Ce que nous sommes en train de faire est donc dans les normes réelles, car nous observons une révolution d'un type nouveau », a-t-il avancé. Seuls 11,84% des électeurs ont participé au premier tour des élections locales organisé en décembre 2023 pour l'élection des conseils locaux.