Le ministère des Finances vient de publier le "Rapport sur les entreprises publiques, annexé à la loi de finances 2024". Les chiffres publiés concernent 2020 et 2022, mais demeurent très éloquents. Ainsi, on apprend que les résultats nets des caisses sociales ont baissé. La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a enregistré un déficit de 1,27 milliard de dinars en 2021, contre un déficit de 1,09 milliard de dinars en 2020. On s'attend à ce qu'elle réalise un résultat net déficitaire de 961,5 millions de dinars en 2022. Le déficit cumulé est passé de 2,82 milliards de dinars en 2020 à 5,35 milliards de dinars. Notons que la CNSS compte près 2,38 millions d'adhérents actifs en 2022 et 935.200 bénéficiaires d'allocations pour 4.547 employés et une masse salariale de 135 millions de dinars. Pour sa part, la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) a enregistré un déficit de -158 millions de dinars en 2021 contre un déficit de -171,1 millions de dinars en 2020, « grâce à la hausse des fonds transféré par l'Etat au titre de contribution sociale solidaire », lit-on dans ce document. On s'attend à ce que le déficit de la caisse passe à 578,7 millions de dinars en 2022. Le déficit cumulé est passé de 2,47 milliards de dinars à 2,8 milliards de dinars en 2022. La CNRPS compte à peine 773.800 adhérents actifs en 2021 (pas de chiffres pour 2022, ndlr) et 422.300 bénéficiaires d'allocations pour 1.383 agents et une masse salariale de 60,6 millions de dinars. Ainsi, le déficit cumulé des deux caisses réunies était de l'ordre de 5,62 milliards de dinars en 2022. Le déficit structurel des deux caisses a augmenté leur endettement envers la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), qui a atteint 8,7 milliards de dinars fin 2022. Cela dit, la Cnam a fini 2022 avec un résultat net bénéficiaire de plus d'un milliard de dinars contre 816,1 millions de dinars en 2020. La Cnam dispose de plus de 3,55 millions d'adhérents pour 2.729 agents et une masse salariale de 127,2 millions de dinars.
Bien que la contribution sociale solidaire est issue de toutes les cotisations des Tunisiens, qu'ils soient du secteur public ou privé, on remarque en se référant au document du ministère qu'elle ne bénéficie qu'à la CNRPS et non pas aux deux caisses sociales, ce qui est une aberration et un non-respect pour ceux qui cotisent et attendent une amélioration des services grâce aux efforts de l'ensemble de la communauté. On rappelle dans ce cadre, que la couverture offerte par la CNRPS aux fonctionnaires et agents du secteur public est beaucoup plus complète et avantageuse que celle offerte par la CNSS à ses adhérents. Un gap qui fait grincer des dents les adhérents de la CNSS face à cette iniquité contre les mêmes cotisations. En transférant les fonds de la contribution sociale solidaire à la CNRPS, l'Etat enfonce le clou et augmente la disparité entre les Tunisiens, ce qui explique le désire des jeunes d'intégrer la fonction publique vu tous les avantages qu'elle offre, contre un secteur privé de plus en plus lésé.