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Ces députés qui complotent contre le président
Publié dans Business News le 26 - 02 - 2024

Les partisans du président de la République sont en colère. En grosse colère après une quarantaine de députés. Sortez vos pop-corn et savourez !
Dernièrement, ces députés ont déposé une proposition de loi pour réformer le décret 54 liberticide tant décrié par la société civile, l'opposition et les médias. Le décret en question a été pondu par le président de la République en septembre 2022 et il est contraire, totalement contraire, à l'esprit de la constitution, aux libertés et aux droits, mais aussi à l'esprit de la convention de Budapest sur la cybercriminalité, récemment approuvée par la Tunisie.
Il punit jusqu'à dix ans de prison toute personne qui s'attaque à des fonctionnaires publics ou utilise les réseaux sociaux pour s'en prendre à autrui. Il est actuellement utilisé à outrance par le régime pour faire taire les voix libres, les journalistes et les opposants.

Par on ne sait quel miracle, il se trouve qu'il existe une quarantaine de députés qui se sont rangés du côté des Tunisiens opprimés. Ils ont réfléchi et ont déposé une proposition de loi pour remplacer le décret liberticide, notamment en supprimant son funeste article 24. De quoi provoquer la colère des aficionados bêtes et méchants du président.
L'un de ces aficionados, grand propagandiste et menteur soit dit en passant, a donné le La en publiant un post Facebook qui a servi de base d'éléments de langage pour touts les autres. Il écrit : « Le valeureux décret 54 a été publié sur la base du décret 117 et ne saurait être supprimé. Sa réforme est de la prérogative exclusive du président de la République et donc l'affaire est close. Quant aux députés trompés, signataires de cette initiative législative dangereuse, contraire à la loi et contre le cours de l'histoire, l'objectif de celui qui les manipule est de frapper la légalité et la légitimité du processus du 25-Juillet et de ses structures juridiques et institutionnelles, y compris le parlement. La déstabilisation des magistrats qui rendent des verdicts sur la base du décret 54. Enfin, il s'agit d'opérer des marchandages pour ne pas faire passer d'autres lois, comme celle des associations (…) ».

La diatribe du propagandiste reflète une méconnaissance totale de la politique, du fonctionnement institutionnel et de la hiérarchie des textes de loi.
En proposant une loi, les députés sont dans leur rôle et c'est même leur travail principal. En votant des lois, ils votent des textes supérieurs, par nature, aux décrets émis par le pouvoir exécutif. Quel que soit le décret et quel que soit son émetteur, il reste inférieur à une loi. Le président de la République peut émettre autant de décrets qu'il veut, les lois votées par les députés leur sont supérieures. Quant au décret 117, inutile de rappeler son aspect anticonstitutionnel et son essence putschiste.
Outre ces évidences légales qui échappent à notre propagandiste zélé, il est bon de souligner sa théorie du complot quand il parle d'une partie qui manipule cette quarantaine de députés trompés. En langage moins policé, cela s'appelle du foutage de gueule.
Soit, les députés sont trompés par un mystérieux lobbyiste, auquel cas ils sont immatures et n'ont pas leur place à l'assemblée. Soit, ils sont à l'origine de l'initiative, auquel cas ils sont en train de comploter contre le président et ses décrets « ingénieux ». Dans un cas comme dans l'autre, que ce soit par bêtise ou par machiavélisme, ils sont complices dans le complot et dans la déconstruction du projet présidentiel. Et dans un cas comme dans l'autre, le propagandiste a raison de souligner la dangerosité de l'initiative pour le clan présidentiel.

À voir de près, la révision du décret 54 n'est pas la seule initiative « dangereuse » de cette quarantaine de députés. Dans le pipe, ils ont également des textes pour amender l'article 411 du code du commerce relatif aux chèques sans provision, l'article 96 du code pénal relatif aux fonctionnaires véreux et la loi relative aux associations et leur financement étranger. Par leurs propositions d'amendements, les députés jouent sur les platebandes du gouvernement et les propres projets du président de la République. Il y a ici comme un bras de fer entre cette quarantaine de députés et le pouvoir exécutif. Il s'agit là d'un affront en bonne et due forme au président qui pensait gouverner tout seul avec un parlement ressemblant davantage à une chambre d'enregistrement qu'à une assemblée qui réfléchit et pond des lois.

Si l'on suit le parallélisme des formes et que l'on obéit à l'esprit présidentiel conspirationniste, la quarantaine de députés ne fait pas mieux que les détenus politiques. Ils se sont rassemblés quelque part (peut-être dans une de ces antichambres obscures si chères à Kaïs Saïed) pour détricoter les constructions présidentielles. Il s'agit là d'un complot ourdi, il n'y a pas à dire.
Que ce complot soit l'œuvre d'un mystérieux marionnettiste qui a réussi à manipuler une quarantaine de députés (sur un total de 154) ou que ces quarante députés aient choisi, de leur propre chef, de jouer au bras de fer avec le président, il y a clairement une défiance et une tentative de déstabilisation et de décrédibilisation du président de la République. C'est comme s'il était trahi par ceux-là mêmes en qui il a fait confiance pour poursuivre la construction et donner de la légitimité à son processus du 25-Juillet.
Par leur manœuvre, les députés prennent de gros risques. Kaïs Saïed n'aime pas que l'on remette en question son travail et encore moins la critique. Pour moins que ça, il a jeté en prison les uns et poussé à l'exil les autres. Néanmoins, les élus justifient leur démarche par une volonté d'accélérer les réformes des lois en question.
En attendant de voir l'issue de ces propositions de loi et la réaction du régime, admirez, pop-corn à la main, la colère non cachée des fanatisés du régime. Et ce n'est pas fini, un autre bras de fer est prévu dans quelques jours et opposera d'autres députés au régime et ce avec la discussion de la loi anti-normalisation. Enfin, il y a de nouveau du spectacle à l'assemblée !


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