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Un Etat qui extorque ses citoyens
Publié dans Business News le 08 - 05 - 2024

Kaïs Saïed a beau le nier et prétendre le contraire, l'Etat est bel et bien en train d'extorquer ses citoyens, notamment parmi les hommes d'affaires et les hommes politiques. Dernière victime en date, l'ancien ministre et prisonnier politique Ghazi Chaouachi dont le compte bancaire aurait été vidé au profit du Trésor public.

Lundi 6 mai 2024, la présidence de la République diffuse à 23h07 une vidéo d'un extrait de vingt minutes du conseil de sécurité nationale. Vers la fin, le président de la République évoque le sujet de la réconciliation nationale et parle de ces hommes d'affaires qui ont volé l'argent du peuple et dont les fortunes dépassent ce qu'ils ont annoncé en janvier 2011. « Nous ne cherchons pas à nous venger de quiconque, au contraire. Nous voulons qu'ils reviennent à leurs activités dans les plus brefs délais, en dehors de toute extorsion et de tout chantage », a affirmé avec force Kaïs Saïed.
Mardi 7 mai 2024 à 19h29, Youssef Chaouachi, fils de l'ancien ministre et du prisonnier politique Ghazi Chaouachi, publie un post Facebook dans lequel il affirme que le compte courant bancaire de son père aurait été vidé au profit du Trésor public. Il y avait 25 mille dinars qui devaient servir aux dépenses courantes de la famille, notamment celles de sa fille étudiante. Le compte bancaire était gelé, mais le juge a autorisé des prélèvements mensuels pour assurer ces dépenses familiales. En dépit de cette autorisation, l'Etat aurait vidé le compte.
Si les accusations de M. Chaouachi se vérifient, et il n'est pas réputé pour dire des intox, cela dément superbement les affirmations de la veille du président de la République.
A vrai dire, on n'a pas besoin de Youssef Chaouachi pour démentir Kaïs Saïed. La suspicion de racket pèse lourdement sur l'Etat depuis plusieurs mois, voire des années, bien avant le putsch du 25 juillet 2021.

De prime abord, il faut mentionner que les Tunisiens font partie des citoyens les plus imposés et les plus taxés au monde. Entre l'impôt sur le revenu (jusqu'à 35%), l'impôt sur les dividendes (10%), l'impôt sur les sociétés (25%), la TVA (19%), la taxe de consommation, le timbre de voyage (soixante dinars), la taxe de circulation (de 65 à 4600 dinars), les taxes douanières (qui dépassent parfois les 200%) et une multitude d'autres taxes et timbres fiscaux, le Tunisien donne à l'Etat plus de 60% de ses revenus. Le système fiscal tunisien est non seulement injuste, mais il est usurier. Il n'incite nullement à l'investissement et considère les citoyens comme des vaches à lait au profit de l'Etat. Et gare à celui qui fraude dans ce système, il est tout de suite accusé par les représentants de l'Etat de voler l'argent du peuple. Mais de quel peuple parle-t-on puisque cet argent est prélevé sur le dos du peuple pour servir en priorité le train de vie excessif de l'Etat et de ses entreprises publiques déficitaires et non pour servir d'abord et avant tout le citoyen.
Qu'il y ait un système fiscal injuste et usurier, cela n'est pas propre à la Tunisie, plusieurs pays ont des systèmes qui privilégient l'Etat aux citoyens. En revanche, ce qui est propre à la Tunisie c'est ce racket d'Etat orienté vers des personnes bien déterminées.
Avant la révolution de 2011, le régime Ben Ali s'adressait aux plus riches hommes d'affaires pour les racketter au profit de son fonds social 26-26, pour financer son parti RCD ou pour ses campagnes électorales ostentatoires.
Après la révolution, le parti islamiste Ennahdha, mais aussi Nidaa Tounes et Tahya Tounes quand ils ont pris le pouvoir, se sont adressés aux mêmes hommes d'affaires pour les délester de sommes d'importances variées en contrepartie de passe-droits ou d'un siège à l'assemblée. Cela ne s'est pas arrêté à ces gens-là, puisque l'extorsion a également touché les contrebandiers et on en a vu un paquet aussi bien à l'assemblée de 2014 que celle de 2019.
En parallèle, le régime de la troïka (2011-2014) a créé de toutes pièces l'instance Vérité et Dignité chargée théoriquement de la justice transitionnelle et la réconciliation nationale. Les micmacs de cette instance étaient tellement flagrants qu'on la surnommait instance de justice transactionnelle. À la tête de cette instance, la troïka a nommé Sihem Ben Sedrine qui se faisait payer par les Européens pour militer, supposément, contre le régime Ben Ali.

Après le putsch du 25 juillet 2021, et le pouvoir totalitaire du régime Kaïs Saïed, les choses ont légèrement changé. Qu'il y ait quelques gouverneurs qui rackettent des hommes d'affaires dans les régions, cela est possible, mais il n'y a pas eu de vrai scandale du genre pour le moment. On sait juste que certains gouverneurs ont été démis de leurs fonctions, sans savoir officiellement pourquoi.
Cela ne veut pas dire que le racket des hommes d'affaires et hommes politiques a cessé pour autant. Il a même été institutionnalisé avec des objectifs chiffrés.
Le président de la République a créé, par décret, une commission chargée de la réconciliation nationale. Cette commission est chargée de négocier avec les hommes d'affaires prétendument véreux pour qu'ils allongent de grosses sommes en contrepartie de l'abandon des charges lancées contre eux.
Kaïs Saïed a estimé le montant global des sommes détournées à quelque 13,5 milliards de dinars. Un montant en deçà de la réalité d'après ce qu'il a dit lundi 6 mai 2024. Comment ce chiffre est sorti ? Y a-t-il eu des expertises et des études sérieuses ? Personne ne le sait.
Le premier mandat de six mois de la commission de réconciliation nationale n'a abouti à rien, pas un millime n'a été versé. Même résultat après une prorogation de six nouveaux mois. Les sommes proposées par les prétendus voleurs seraient insignifiantes et inférieures à ce qui aurait été volé aux yeux du chef de l'Etat. Les chiffres des experts sont balayés d'un revers dès lors qu'ils sont inférieurs aux estimations fantasmagoriques du président de la République. Il y en a même qui ont été accusés d'accointances avec les voleurs.
Après avoir modifié le décret, le président de la République a créé une nouvelle commission avec une nouvelle présidente à sa tête. Les montants fixés par cette commission doivent désormais être approuvés par le conseil de sécurité nationale qui peut les valider tels quels, les réviser à la hausse (et uniquement à la hausse) ou les refuser sans aucune possibilité de recours pour le demandeur de la réconciliation.
En théorie, tout cela semble partir de bonnes intentions. Mais là où ça coince, c'est quand on sait que les personnes visées par la commission de réconciliation ont été incarcérées et accusées (au choix) de blanchiment d'argent, de détournement de fonds ou d'abus de biens sociaux.
On ne compte plus les hommes d'affaires qui sont actuellement en prison ou qui sont passés par la case prison et ont dû payer des cautions astronomiques pour une liberté provisoire.

Kaïs Saïed a beau prétendre qu'il ne fait pas de chantage et d'extorsion comme ses prédécesseurs, il est démenti par les faits, dont le dernier est l'histoire du compte bancaire vidé de la famille Chaouachi. Outre la présomption d'innocence piétinée, il est en train de demander de l'argent à des gens privés de leur liberté. Quand la négociation se fait avec des personnes amoindries ou fragilisées, incapables de défendre leur bon droit dans des conditions normales, cela ne s'appelle plus une négociation, mais une extorsion. Une extorsion d'Etat.


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